• Les origines préhistoriques et paléoberbères des Touaregs à travers l’art 3/6

    Les origines préhistoriques et paléoberbères des Touaregs à travers l’art 3/6C'est avec les descendants des Protoberbères bovidiens, les paléoberbères Libyens que le baudrier prend toute sa signification guerrière. Sa figuration dans les peintures égyptiennes tend à montrer qu'il pouvait avoir une signification encore plus importante : porté par les hommes, les femmes et même les enfants, il pouvait être considéré comme une sorte de " nous " collectif exprimant une véritable identité ethnique. Chez les Protoberbères, ce baudrier entre dans la composition de scènes reproduisant un rituel lié au combat et à la chasse. Avec les Touaregs, le baudrier croisé entre également dans l'initiation des adolescents au combat comme le révèle la fête de la Sebiba de Djanet (Algérie).

    Ce sceau identitaire de la Berbérité, comme l'égide d'Athéna empruntée par les Grecs, auront donc traversé près de 7000 ans ! Les peintures protoberbères représentent généralement une classe sociale au statut social privilégié ; les caractéristiques de ce statut sont aisément identifiables : il s'agit des peintures et des tatouages corporels, des plumes dans les cheveux, du baudrier croisé, du bandeau frontal, du bâton de jet que les personnages tiennent à la main, arme de la bravoure et l'emblème de l'autorité. Ces individus sont représentés systématiquement associés à un mouton dans des scènes où les qualités physiques, compétitives et guerrières sont mises en relief ; on y voit d'autres armes comme le javelot, l'arc et plus rarement un petit bouclier. Tous ces éléments culturels constituent des instruments de valorisation participant à la reproduction des élites sociales. La pratique du tatouage et de la peinture corporelle chez les Paléoberbères de l'Antiquité représentait le signe extérieur de l'autorité et de la noblesse. Elle était déjà largement en usage chez les Protoberbères dont le corps est fastueusement peint, jusqu'au visage. On voit apparaître dans cette parure corporelle, ainsi que le décor des vêtements, de nombreux motifs géométriques : ils annoncent les signes et symboles caractéristiques de l'art berbère. Dès l'extrême fin du VIIe millénaire BP. et le VIe millénaire BP., les souverains et dignitaires protoberbères se font enterrer dans de prestigieuses sépultures. Il s'agit d'une architecture de tombes et de sanctuaires monumentaux construits en pierres sèches.

    Au Sahara méridional (Niger) où des fouilles systématiques ont été entreprises, si on a découvert de nombreux squelettes, le mobilier funéraire reste rare, les poteries exceptées. Dans l'état actuel de nos connaissances, l'art rupestre reste donc l'unique document qui se prête à la reconstitution de la culture matérielle des Protoberbères bovidiens (ainsi que des Paléoberbères d'ailleurs).Ces sépultures monumentales sont l'expression d'une idéologie du pouvoir et le reflet d'une hiérarchie sociale au sommet de laquelle régnaient les membres de lignages dominants. La grande variété typologique des architectures funéraires et leur régionalisation reflètent la structure du peuplement protoberbère puis paléoberbère, chaque groupe faisant usage d'un type de tombe précis, parfois pour marquer son territoire. Cette régionalisation révèle donc l'existence de véritables tribus et confédérations, dont les particularismes n'effaçaient pas les traditions communes. C'est ainsi que seront organisées, plus tard, les sociétés touarègues. L'orientation systématique de ces monuments funéraires vers l'Est correspond à un culte des astres sur lequel nous reviendrons. Aux Protoberbères bovidiens de la préhistoire et du Néolithique succèdent les Paléoberbères de l'Antiquité ; on les appelle Libyens. Ils possèdent des chevaux et des chars, des armes et autres objets en métal et inventeront une écriture. Ils sont révélés par l'art rupestre saharien et l'iconographie égyptienne vers la fin du IVe millénaire avant J.-C. Au cours de l'Antiquité, les Grecs faisaient la distinction, en Afrique, entre les peuples indigènes, les Libyens et les Ethiopiens, et les peuples étrangers, c'est-à-dire les Phéniciens et eux-mêmes. Etre Libyen signifiait dont être africain et blanc, mais non égyptien. Les Libyens orientaux, qui vivaient dans les régions situées depuis le Delta du Nil jusqu'à la Marmarique et dans tout le Désert Libyque, étaient organisés en tribus et en grandes confédérations, chacune ayant un nom. Parmi les plus importantes se trouvait celle des Rebou ou Lebou, qui est très tôt mentionnée par les chroniques égyptiennes par les consonnes " R B W ". Le terme est repris par les Grecs qui en firent usage pour désigner le continent africain (comme le monde le connaissait à l'époque) ; le premier ethnonyme des Berbères, " Libyens " fut donc celui de l'Afrique, " Libye ".

    Les Paléoberbères du Sahara que nous appelons donc les " Libyens sahariens " sont les cousins et voisins des Libyens orientaux ; ils sont contemporains des premières civilisations historiques de la Méditerranée comme l'Egypte, Mycènes, Crète, Carthage, Grèce et Rome, Byzance pour ne citer que les plus proches. Ces Libyens ont le plus souvent été présentés comme des peuples passifs hors du champ de l'histoire, sauvés de l'oubli par les témoignages écrits des autres, alors qu'ils ont contribué à écrire celle-ci en Méditerranée. Dès la préhistoire, les Libyens orientaux et les Egyptiens furent en contact à travers le fracas des armes et des batailles (Prédynastique, fin du IVe millénaire avant J.-C.). Ces audacieux voisins des pharaons comptaient quatre grands groupes : les Temehou, dans le désert, le long de la rive occidentale du Nil, les Rebou ou Lebou, les Tehenou et les Meshwesh, sur les côtes de la Méditerranée, depuis le Delta du Nil jusqu'à la Marmarique, la Tripolitaine et la Cyrénaïque. On sait que des groupes libyens vivaient dans le Delta, le long du Nil et dans les oasis du Désert Libyque ; ils contribuèrent ainsi au peuplement de l'ancienne Egypte. Les grandes tribus et confédérations libyennes, seules ou alliées aux Peuples de la Mer, s'attaquèrent plus d'une fois aux pharaons, constituant un danger permanent sur la frontière occidentale de cet empire.
    Source: Afrique du nord.Com

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