• Niger : le mouton de tabaski devient un véritable casse-tête pour les chefs de famille

    IAMEY (Xinhua) - A une semaine de la fête musulmane de l'Aîd El-Kebir ou fête du mouton, prévue pour le 7 novembre prochain, la préoccupation des chefs de famille au Niger reste l'achat du précieux mouton pour le sacrifice, qui, plus qu'un rite religieux, devient de nos jours une contrainte sociale dont tout bon père de famille musulman doit s'en acquitter au risque d'être la risée publique.

    En effet, à l'occasion de l'Aîd El-Kebir au Niger, tout donne l'impression que désormais, la grandeur de l'homme dans la société se mesure souvent par le nombre de moutons qu'il aura immolés pour sa famille.

    Aussi, tous les moyens sont bons pour se procurer l'indispensable mouton avant le jour de la fête. Alors que de l'avis de beaucoup de prêcheurs musulmans, le sacrifice du mouton est imposé, selon les préceptes musulmans, aux nantis.

    Cette année, l'on constate certes une relative abondance des moutons sur le marché, en cette veille de fête contrairement aux autres années, mais la demande reste timide.

    A Niamey, par exemple, les troupeaux de moutons, avec un bon embonpoint, se croisent dans tous les coins de rue, et dans les principaux marchés de bétail.

     A "Tourakou", "Château 9", "Rive droite", "Aéroport", "Route Lazaret"..., les moutons abondent dans tous ces marchés, mais sont jugés chers comparativement au pouvoir d'achat du Nigérien.

    Les prix varient de 50.000 à 300.000 FCFA, selon la qualité et la variété.

    Aussi, du fait de cette cherté qui, du point de vue des acheteurs, ne se justifie pas, les clients se font rares. Ils ne se bousculent plus comme d'habitude, les veilles de fête de mouton. A la morosité économique générale du pays vient s'ajouter le manque criard d'argent chez le grand nombre de la population.

     M. Souley, enseignant, venu chercher son mouton au marché de Tallagué, situé au bord de la ceinture verte de Niamey, dit "ne pas comprendre la persistance des commerçants de moutons à monter les enchères, au lieu de profiter de l'occasion pour écouler à un prix raisonnable leurs troupeaux face au manque de pâturage qui s'annonce très critique cette année. Même le gouvernement encourage le déstockage du cheptel cette année, parce que dans peu de temps il n'y aura plus de la paille pour le bétail".

    "La flambée des prix du bétail est intentionnellement entretenue par tous ces intermédiaires qui pullulent le circuit. Ni ceux qui font circuler les moutons, à longueur de journée, dans les rues de la capitale pour la vente, ni ceux qui abordent les clients dès leur entrée au marché, sont loin d'en être les vrais propriétaires ; ce sont des intermédiaires qui cherchent toujours à vendre plus que le prix proposé par le légitime propriétaire, voire le doubler, à leur profit", s'indigne un autre client.

    Les vendeurs de bétail lient, quant à eux, cette cherté aux frais de transport du bétail à partir des principaux marchés d'approvisionnement souvent loin de la capitale, et aux charges engendrées par l'entretien de l'animal en cette période de soudure ; à ceux-ci s'ajoutent les différentes taxes qu'ils sont tenus de payer chaque jour à la collectivité et aux autres structures informelles impliquées dans le circuit commercial.

    L'essentiel des moutons de la capitale provient en effet des gros marchés de bétail des régions de Tillabéry (Balleyara, Bonkoukou, Torodi, Mangaizé) et Dosso (Mokko, Kargui Bangou, Bela, Boureini, Ngoinga).

    Toutefois, vendeurs et acheteurs fondent leur espoir sur le paiement imminent du salaire d'octobre.

    "Les fonctionnaires n'ont pas encore d'argent, d'autres attendent la veille de la fête pour acheter leur mouton pour crainte qu'il soit volé comme c'est souvent le cas surtout dans la capitale", selon Amadou, vendeur de moutons à Tourakou, dans la périphérie de Niamey.

    Source:afriquinfos.com

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