• Terrorisme dans la bande sahélo-saharienne : Où sont donc passés les occidentaux ?

    Un peu partout dans le Sahara, des Occidentaux sont continuellement capturés puis détenus dans le Sahara malien. Mais la plupart des pays occidentaux qui ont promis de l’aide pour combattre cette terreur demeurent invisibles.

    Habituellement, lorsque des Occidentaux sont enlevés dans le Sahara, leurs ravisseurs non inquiétés prennent la direction du Mali. Et là, comme par enchantement, ils disparaissent dans le désert. Alors s’ensuit une course poursuite engagée par les forces de l’ordre des pays riverains de la zone sahélo saharienne.

    La suite est connue. Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), auteur du forfait, réclame contre la libération des otages l’élargissement de ses militants emprisonnés, ainsi qu’un peu d’argent. Au bout d’efforts désespérés pour mettre la main sur les ravisseurs, les militaires, le plus souvent mal équipés, abandonnent la recherche. Ce scénario s’est appliqué à toutes les prises d’otages qui ont finalement pris fin au Nord du Mali.

    Dans la foulée des ballets diplomatiques pour libérer leurs compatriotes, les pays occidentaux promettent monts et merveilles pour stabiliser l’horrible désert.

    Mais en dehors de ces situations d’urgence, les pays occidentaux ferment les yeux sur le cas du terrorisme au Sahara. La Grande Bretagne qui a accueilli des activistes islamistes dans le temps, semble peu intéressée aujourd’hui par la lutte contre AQMI. Pourtant, cette organisation en veut à Londres.

    Dans le cadre de l’assassinat au Nord du Mali de l’otage britannique Edwin Dyer, un communiqué des terroristes renvoie la responsabilité au gouvernement britannique.

    Le groupe terroriste a lié cet assassinat au refus britannique d’agréer la demande de libération d’Abou Quatada « El Filistini » et son transfert vers le Waziristan, en Afghanistan. Al Qaïda au Maghreb a également accusé la presse britannique d’avoir joué un rôle de rétention de l’information, « exposant la vie d’un citoyen britannique au danger », tout en clamant que le groupe terroriste s’était montré souple et disposé à trouver une solution qui arrangerait tout le monde.

    Contrairement à la Grande Bretagne, certains des pays occidentaux qui ont été la cible d’AQMI n’ont pas fréquemment à faire au terrorisme. On se souvient des multiples visites de diplomates autrichiens au Mali en 2008.

    Un couple de touristes ressortissants de ce pays (Wolfgang Ebner et Andrea Kloiber, enlevé en 2007 en Tunisie et détenus au Mali en 2008) a été relâché grâce à la médiation des autorités maliennes. Les responsables maliens ont bénévolement fourni des efforts pour que les islamistes acceptent de libérer ces Autrichiens.

    « Le Mali n’a reçu aucune somme de la part de l’Autriche pour mener une quelconque transaction financière avec les preneurs d’otage. Le Mali n’a absolument rien donné financièrement pour libérer ces otages. Je voudrais témoigner ici solennellement devant le peuple malien et la communauté internationale que c’est des efforts soutenus de nos populations, des chefs de fractions et tribus, des élus, des commerçants, des cadres de l’administration qui ont abouti à la libération des otages », avait déclaré le président Amadou Toumani Touré.

    Depuis la libération de ces otages, on a peu entendu parler d’Autriche. Cependant, ce pays avait promis, pour récompenser le Mali, une représentation diplomatique à Bamako et de l’aide pour sécuriser le Nord du Mali.

    L’aide que certains de ces pays occidentaux apporte contre le terrorisme se limite à des dons de véhicules. Cela est valable pour l’Allemagne qui a fait des gestes pour le Mali. L’engagement allemand s’explique aisément.

    En effet, c’est le pays qui a eu le plus grand nombre de ses ressortissants enlevés par AQMI. Dans un premier temps, 32 personnes ont été kidnappées en Algérie dont une partie a été libérée au Mali en 2003. Plus tard, d’autres Allemands ont connu le même sort. Mais ce sont les Etats-Unis qui sont en première ligne pour combattre le terrorisme dans la bande sahélo saharienne.

    Les Etats de la région attendent de Washington surtout de l’aide matériel, notamment des armes et des munitions. C’est tout le contraire de ce que souhaite le Pentagone qui met l’accent plutôt sur la formation des forces de sécurité. C’est ainsi que périodiquement des exercices militaires réunissent des militaires américains et ceux des pays de la bande sahélo saharienne.

    Le problème de l’engagement des Américains pour combattre AQMI est que le Pentagone préfère être sur le terrain. Dans cette optique, un commandement (Africom) avait été spécialement conçu pour l’Afrique. Mais aucun pays n’a voulu l’accueillir sur son territoire, craignant un déplacement des jihadistes par la même occasion.

    En somme, les pays occidentaux sont peu engagés à combattre AQMI. Or, tous savent l’ampleur de la menace terroriste dans la bande sahélo saharienne. Par ailleurs, ils sont conscients que ni le Mali, ni la Mauritanie, encore moins le Niger n’ont la capacité matérielle de contrôler l’immense désert qu’ils partagent.

    L’Algérie qui est dans la bonne grâce des Occidentaux a de puissants moyens militaires grâce au pétrole. Malheureusement, ce pays n’arrive pas à former une stratégie de lutte commune avec les voisins. Les prises d’otages occidentaux se poursuivront dans la région tant qu’AQMI reste retranchés dans le désert.

    Une des solutions qui avaient suscité de l’espoir était les patrouilles mixtes entre le Mali et L’Algérie. Malheureusement, l’initiative n’a pas survécu aux contingences géopolitiques sous régionales.

    Soumaila Diarra 

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