• Niger: les expulsions d'Arabes vers le Tchad ont commencé

    Les expulsions annoncées par le Niger de plusieurs milliers d'Arabes Mahamides vers le Tchad ont commencé vendredi dernier, alors que Niamey tentait jeudi de calmer la polémique.

    "Les opérations de rapatriement ont débuté vendredi dernier dans le respect dû au genre humain, en tenant compte des gros troupeaux d'animaux dont ils disposent", a annoncé jeudi à l'AFP Oumarou Yacouba, le gouverneur de la région de Diffa (extrême sud-est), joint au téléphone depuis Lagos.

    Mercredi, le Niger avait annoncé son intention d'expulser rapidement des dizaines de milliers d'Arabes Mahamides vers le Tchad, pays dont ils sont originaires, en raison des tensions avec les populations nigériennes de la région frontalière désertique de Diffa.

    Face aux chiffres avancés, N'Djamena avait rapidement demandé au Niger de revenir sur sa décision.

    Mais jeudi matin, il n'était plus question que de 4.000 expulsions, et elles ne concernaient que "ceux qui n'ont pas de papiers en règle", selon le porte-parole du gouvernement nigérien, Mohamed Ben Omar, qui a assuré que la reconduction à la frontière se ferait dans le respect des "règles de la dignité humaine".

    Dès mercredi soir la ministre nigérienne des Affaires étrangères, Aïchatou Mindaoudou, a tenu à expliquer cette mesure aux ambassadeurs étrangers, tandis que M. Ben Omar s'attachait à minimiser l'affaire qui a notamment suscité l'émoi des neuf députés arabes du parlement. "Il ne faut pas dramatiser la situation. C'est une simple question de contrôle de police ", a-t-il déclaré à l'AFP.

    "Je ne m'explique pas cette décision. Elle paraît disproportionnée par rapport au problème, qui est réel certes mais pourrait être réglé autrement", commentait jeudi un diplomate à Niamey.

    Sur le terrain, le gouverneur de Diffa, aux confins du Niger, du Nigeria et du Tchad, assure pour sa part que "tout se déroule normalement et sans problèmes".

    "Nous recensons ces personnes au fur et à mesure. Mais cela va prendre du temps car il s'agit de populations dispersées. Il faut les localiser puis les rassembler", a poursuivi le gouverneur, qui se dit pour l'instant incapable d'indiquer combien de personnes ont déjà contrôlées ou sont en voie de reconduite à la frontière.

    Faute de recensement, il est estimé que cette communauté originaire de Biltine, au nord de la ville tchadienne d'Abéché, compte entre 30.000 et 150.000 personnes.

    "Ce sont des étrangers, cela est établi, qui ont des problèmes avec les populations locales. Ils iront à pied vers la frontière, ils ont l'habitude, encadrés par nos forces de police", a déclaré le gouverneur, tout en assurant que ces reconduites se déroulent "dans le respect".

    "Ils peuvent s'arrêter pour camper, faire paître leurs bêtes, puis reprendre la route selon un itinéraire bien précis. Ils sont rapatriés vers le Tchad car ils se disent Tchadiens ou Soudanais et sont reconduits par la voie qu'ils avaient empruntée pour entrer au Niger", a encore expliqué le gouverneur.

    "Je ne vois pas pourquoi on fait une telle affaire avec ça", a-t-il déploré en se disant "blessé" par l'image donnée de son pays à l'étranger.

    "Le Niger n'est pas un pays xénophobe, mais le Niger ne peut pas toujours être en train de calmer ses populations alors que ce sont les autres qui les provoquent", a-t-il conclu.

    Source : AFP

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