• Interview de Hama Ag Sid Ahmed, porte parole de l’Alliance Touareg Nord Mali pour le Changement

    RAI : Votre sentiment sur la libération de 21 éléments de l'armée malienne par l'Alliance ? Est-ce que vous confirmez l'information ?

    Hama : Oui. Il y a bien eu une libération de 21 prisonniers militaires. Est-ce que ça va apporter une détente ? Moi je n'y crois pas beaucoup puisqu'on a vu des cas similaires dans les mois précédents et ça n'a rien apporté. On avait bien constaté quand même depuis la dernière rencontre à Alger au mois de juillet, que les deux parties ne se sont pas entendues, même pas sur la signature d'un cessez-le-feu et de ses conditions. Ensuite nous constatons aussi que le gouvernement malien remet toujours à des lendemains hypothétiques la paix et le développement dans ces régions. On ne voit pas ce que ça va apporter de nouveau mais nous restons optimistes.

    Mais en ce qui concerne en tout cas l'Alliance Touareg Nord Mali pour le Changement, nous pensons déjà que la trêve a pris fin depuis deux jours puisque les conditions n'ont pas été remplies du côté du gouvernement malien, et surtout nous constatons aussi, toujours du côté du gouvernement malien, que des assassinats et des arrestations arbitraires continuent en milieu touareg. Cela montre à quel point les Touaregs souffrent d'une xénophobie latente et montre aussi qu'ils ne sont pas considérés par les pouvoirs successifs de Bamako ni par ceux de Niamey aussi comme des citoyens nationaux mais comme une population venue de l'extérieur qui n'est pas acceptée et dont il faut à tout prix se débarrasser...

    Je pense qu'aujourd'hui pour sortir de l'impasse il faut une implication importante de la communauté internationale, je m'adresse plutôt au représentant spécial de l'ONU qui siège à Dakar pour prendre un peu plus en mains ce dossier aujourd'hui qui est devenu très complexe.

    RAI : aujourd'hui qu'attend concrètement l'Alliance Touareg Nord Mali pour le Changement ?

    Hama : l'Alliance Touareg Nord Mali pour le Changement : déjà on a constaté dès le départ, quand même, depuis quelques mois, que l'Accord d'Alger a été dénoncé à plusieurs reprises par les autorités de Bamako. Ce que nous réclamons aujourd'hui, c'est un statut particulier pour l'ensemble des trois régions du Nord.

    RAI : c'est-à-dire, un statut particulier ?

    Hama : un statut particulier qui prend en compte les particularités politiques, biologiques j'allais dire, en tout cas, de l'environnement politique, socio-économique et culturel des Touaregs.

    RAI : justement puisque vous parlez des régions de Kidal et Tombouctou, plusieurs familles ont fui la région en conflit pour se réfugier dans d'autres pays, dans d'autres Etats. Qu'attendez-vous justement ? L'Accord d'Alger a-t-il précisé une clause pour le retour de ces familles dans leurs foyers respectifs, de la région de Kidal, j'entends ?

    Hama : il est prématuré je pense de parler tout de suite de retour des réfugiés qui sont au Burkina Faso, en Algérie et en Mauritanie tant que la sécurité réelle n'est pas retrouvée dans cette partie du Mali et tant que les conditions d'accueil n'ont pas été mises en place. Parce que ces populations sont parties dans la panique, leurs maisons ont été vandalisées... Donc il faut mettre de l'ordre dans tout ça et ensuite prévoir leur indemnisation parce que leurs maisons et presque tout ce que ces familles possédaient, ont été volés, par l'armée qui occupait certains villages et sites d'éleveurs nomades. Il faut d'abord créer des conditions, des structures d'accueil, et pour qu'il y ait des structures d'accueil, il faut d'abord qu'il y ait un accord qui prenne en compte le contexte actuel,

    RAI : peut-être un prolongement de l'Accord d'Alger qui prendrait en compte le contexte de la situation des familles qui se trouvent de part et d'autre.

    Hama : il faut d'abord réfléchir, il faut une réflexion, il faut mener une réflexion approfondie sur ce conflit touareg, il faut trouver une vraie issue politique mais qu'on ne prenne pas comme une solution sécuritaire. Je pense que tant qu'on reste sur l'aspect sécuritaire dans cette sous-région, surtout en ce qui concerne les Touaregs, on n'arrivera pas à trouver une solution réelle aux problèmes qui se posent aujourd'hui. Pour relancer le dialogue avec l'Alliance Touareg Nord Mali pour le Changement, il y a d'abord qu'on avait posé les conditions déjà du retour de la confiance qui commençait par le retour des patrouilles dans leurs casernes d'origine, et ensuite qu'on s'entende sur un calendrier de l'allègement de l'armée à son état antérieur au 23 Mai 2006, et qu'on mette en place une commission d'enquête indépendante, qui serait présidée par un expert international indépendant aussi, pour faire la lumière sur les assassinats qui ont eu lieu dans la région de Kidal.

    RAI : vous avez évoqué l'implication de la communauté internationale tout à l'heure, comment pensez-vous qu'elle pourrait s'impliquer de manière un peu plus directe concernant le conflit, de quelle manière ?

    Hama : personne n'a intérêt à ce que le problème persiste parce que quand même c'est une région qui représente des enjeux importants et que personne n'a intérêt à ce que sombre cette région... On a tous intérêt de part et d'autre à lui créer des conditions de paix. C'est ce que nous revendiquons aujourd'hui.

    Hama Ag Sid Ahmed, porte parole de l'Alliance Touareg Nord Mali pour le Changement

    Source:Radion Internationale Algérienne
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