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Le gouvernement estime qu’au moins 200 000 enfants pourraient avoir besoin d’une prise en charge pour malnutrition sévère, suite à une campagne agricole 2009 marquée par un déficit et une mauvaise répartition des pluies, mettant quelque deux millions de personnes face à un risque immédiat de graves difficultés alimentaires.
Après la dernière crise agricole au Niger fin 2004, des organisations non gouvernementales (ONG) internationales ont apporté leur soutien à la prise en charge des enfants malnutris.
Le gouvernement a développé des plans en 2006 pour pouvoir prendre le relais de cette prise en charge médicale, mais une pénurie de personnels de santé, de médicaments et d’aliments thérapeutiques ont entravé le processus.
« L’intégration physique de la prise en charge de la malnutrition [au sein des structures sanitaires] a été complétée, à des niveaux variables », a dit à IRIN Aboubacar Mahamadou, directeur adjoint de la nutrition au ministère de la Santé. Mais dans la réalité, « très peu de centres ont réellement la possibilité d’assurer cette prise en charge, en quantité et en qualité », a-t-il ajouté.
Mauvais
Plus de la moitié de la population du Niger, soit 7,8 millions de personnes, a déjà presque entièrement épuisé ses réserves de nourriture issues de la dernière récolte, alors qu’il reste six mois à tenir avant la prochaine récolte, selon le gouvernement.
Début 2010, sur les quelques 812 structures de santé prenant en charge les enfants malnutris, 382 étaient soutenues par des ONG internationales et locales.
Plusieurs acteurs humanitaires ont fait le même constat: les centres qui ne sont pas appuyés par des partenaires – y compris pour les frais de transport vers les centres – ne sont pas visités par les enfants, a résumé le docteur Touré Kalil Hamadoun, responsable terrain de la branche suisse de Médecins sans frontières à Zinder. « Si ces centres peuvent être soutenus par les partenaires pour la prise en charge, on peut éviter le pire ».
En 2008, le Niger comptait 7 376 travailleurs de la santé pour 14 millions d’habitants.
Près de 90 pour cent d’entre eux exerçaient en milieu urbain – laissant à peine 885 travailleurs dans les zones rurales, d’après les statistiques du ministère de la Santé. A elle seule, la capitale Niamey comptait 40 pour cent de l’ensemble de ces professionnels.
Même avec un nombre de travailleurs sanitaires relativement plus élevé que dans d’autres régions du pays, la région de Zinder, à environ 900 kilomètres à l’est de Niamey, n’a pas suffisamment de personnels médicaux pour prendre en charge la malnutrition, a dit à IRIN Amadou Harouna, directeur de la Direction régionale de la santé publique (DRSP) de Zinder.
« C’est un véritable obstacle », a-t-il dit. Même si 90 pour cent des structures sanitaires de la région ont été formées et sont capables de mener des activités de prise en charge de la malnutrition, la moitié des 637 structures sanitaires de la région n’a « qu’un seul agent de santé et on lui demande déjà de tout faire. Il faudrait au minimum deux agents ».
Dans le cas de la malnutrition, « il faut peser, toiser, interpréter, soigner, sensibiliser… Le temps de contact est plus long que [pour d’autres pathologies] alors que l’agent doit aussi assurer les consultations [classiques] et prénatales, la vaccination », a dit M. Harouna.
« Et c’est encore à lui qu’on va demander de produire des statistiques fiables », a-t-il ajouté, en référence à la faiblesse du système de collecte des données, identifiée par le ministère de la Santé comme un défi à la prise en charge.
Selon une enquête menée en juin 2009, 15,4 pour cent des enfants de la région de Zinder affichaient un poids inférieur à la normale par rapport à leur taille, plaçant Zinder au-delà du seuil d'alerte de malnutrition établi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La même enquête a enregistré un taux de 17,4 pour cent dans la région la plus orientale du Niger, Diffa.
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