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Tandja aura été comme un magicien qui a cru dur comme une pierre qu’il pouvait passer à travers les fissures d’un mur. Il s’en est trouvé pour l’y encourager en l’applaudissant, en lui promettant l’immortalité et l’éternité. Tant et si bien que Tandja est devenu comme Narcisse : amoureux de sa propre image et fou de ses propres ombres.
Un jour, commence un conte de notre terroir, l’hyène se mit au carrefour et fit répandre le bruit selon lequel à l’autre bout de la forêt, il y avait de la viande à gogo. Il y avait à déchirer et à s’empiffrer pour chacun.
Ayant ainsi « coupé l’eau » (1), l’hyène se cacha pour se moquer de tous les carnassiers qui auront cru en son mensonge et se mettront à courir à toute allure vers l’autre bout de la forêt où il y avait à boire et à manger. La nouvelle se répandit tellement vite qu’en si peu de temps, griffes et pattes avaient soulevé tant de poussière que personne ne pouvait plus voir personne.
Les feuilles des arbres n’avaient plus qu’une seule couleur : ocre. Le soir tombait. Même les écureuils et les moineaux se dirigeaient vers l’autre bout de la forêt. En deux mouvements, trois bonds, l’hyène s’élança à leur suite. Le dernier, il venait de croire à son propre mensonge.
Sans doute, la démocratie et la bonne gouvernance en Afrique, dans les Afriques, ne sont pas seulement une affaire de « prédication » qui servirait à culpabiliser, à dénoncer le mensonge, à proférer des jugements moraux à des hors-la-loi. Tandja, au fond, a fait ce qui est faisable. Il s’est servi des armes que la démocratie lui donnait pour tirer sur la démocratie à bout portant.
Si l’on veut bien voir, dans le conte ci-dessus, l’hyène, ce n’est pas Tandja, c’est l’Occident qui se sert aujourd’hui de la démocratie comme d’un épouvantail à effrayer les pauvres. En 1991, le processus démocratique a été interrompu en Algérie. Tous les pays défenseurs de la démocratie se sont coalisés pour défendre un pays pétrolier qui, nous semble-t-il, n’est pas pressé de se démocratiser.
Il semble que l’odeur du pétrole efface les péchés contre la démocratie. N’allons-nous pas, partout en Afrique, vers une expression plurielle de la démocratie ? C’est ceux qui, tout en chantant la belle démocratie dans certains de nos pays, « se contentent d’observer, sans solidarité de fond, les populations y mourir de misère » parce qu’ils aiment mieux aller à Tripoli, qui nous mettent la puce à l’oreille.
Quelque chose d’irréparable se trouve, en les tous cas commis à Niamey : passant par la petite porte, Tandja sera accueilli par ses amis d’hier et de toujours. Quelques cadavres jonchent le sol fraternel du Niger. Ces convives de la mort étaient venus soutenir le maître. La mort les a surpris, ils n’ont même pas eu le temps de méditer ce propos de Sénèque : « un ami au pouvoir est un ami de moins… »
(1). Couper l’eau : mentir en mooré
Par Ibrahiman SAKANDE
Le faso.net