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Après un premier discours très mal perçu au Sénégal en juillet 2007 -il avait affirmé à Dakar que le "drame de l'Afrique" était "que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire», Nicolas Sarkozyavait tenté de rectifier le tir à 180° en février 2008 en Afrique du Sud. Lors d'une intervention au Cap, il avait souhaité jeter les bases d'un nouveau "modèle de relations" franco-africaines, enfin débarrassé des outrances de la "Françafrique" et symbolisé par la fin du "gendarme français". Trois mois plus tard, il s'était rendu en Angola pour mettre fin à la brouille engendrée par l'affaire de l'"Angolagate".
Aujourd'hui et demain, le président de la République retourne donc en Afrique pour un périple minuté. Celui-ci le mènera tout d'abord en République démocratique du Congo et au Congo. Puis, au 2e jour, il fera un passage éclair au Niger. A chaque fois, il essaiera donc de convaincre que la "Françafrique" est bien finie et qu'il souhaite instaurer des liens rénovés avec le continent. Pas facile puisque le départ précipité de Jean-Marie Bockel, le secrétaire d'Etat à la Coopération, transféré aux Anciens combattants, illustre que la rupture reste balbutiante.
"Pas de marchandage" avec le Rwanda aux dépends de la RDC
Pour le premier arrêt de cette mini-tournée, en République démocratique du Congo (RDC) -où il a été accueilli à l'aéroport de Kinshasa par le Premier ministre-, le locataire de l'Elysée entend apporter sa pierre au règlement du conflit qui ravage l'est du pays. Il devrait notamment s'employer à dissiper, auprès de son homologue Joseph Kabila, puis devant son Parlement, le malentendu suscité par l'initiative de paix dévoilée en janvier.
En suggérant un "partage des richesses" entre la RDC et le Rwanda, il a en effet suscité un tollé àKinshasa, qui y a vu une tentative d'amputer son territoire et a contraint Paris à réduire ses ambitions. Il n'est plus aujourd'hui question d'une exploitation conjointe des ressources minières du Kivu mais de coopérations "pratiques" bien plus modestes. "Il n'y a pas de plan français, simplement la volonté d'apporter de nouvelles idées", assure-t-on à l'Elysée en niant tout lien entre la démarche du président et ses tentatives de réconciliation avec le Rwanda. "Cette idée de marchandage honteux n'a aucun sens", lance-t-on au palais présidentiel.
"La France n'a pas de candidat"
La deuxième étape, sur l'autre rive du Congo, s'annonce également délicate. A quelques mois de la présidentielle, Paris veut absolument éviter que cette "visite d'amitié" passe pour un soutien déguisé au maître du Congo Denis Sassou Nguesso. "Le président se rendant à Kinshasa, il eut été malvenu et inamical de tourner le dos à Brazzaville", fait-on remarquer à l'Elysée, "quand bien même le calendrier politique local ne nous sert pas". "La France n'a pas de candidat. Il appartient aux seuls électeurs congolais de s'exprimer", a prévenu Nicolas Sarkozy lui-même dans un entretien aux Dépêches de Brazzaville.
Après les contestations qui ont entaché les derniers scrutins, il rappellera à ses hôtes "l'importance d'une élection honorable", rencontrera les adversaires politiques du régime et devrait insister, devant le Parlement, sur la bonne gouvernance. Dans un pays dénoncé pour la mauvaise utilisation de ses ressources pétrolières et dont le président est accusé d'en avoir profité pour acquérir des propriétés immobilières en France, le message hexagonal est attendu avec intérêt, tant par l'opposition que la société civile.
Le Niger, l'uranium et Areva
Après une nuit dans l'ex-capitale de la France libre, le chef de l'Etat mettra enfin le cap demain matin sur le Niger. Lors de ce "stop" de quelques heures, il sera question de démocratie à quelques mois de la fin prévue du dernier mandat du président Mamadou Tandja, mais surtout d'uranium. Le numéro un mondial du nucléaire Areva vient en effet de signer un contrat pour exploiter la mine géante d'Imouraren. Pour casser l'image d'une France "prédatrice", Nicolas Sarkozy participera avec la PDG du groupe français Anne Lauvergeon, à une réunion de la section locale de l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE). "L'idée est de montrer que, si la France a des intérêts économiques auNiger, ils bénéficient le plus possible au développement du pays et de sa population", proclame l'Elysée.
Une version critiquée en France par les partis de gauche. "L'exploitation est une catastrophe sanitaire, environnementale et pour les droits des peuples (...) Areva pollue l'eau, contamine les terres des Touaregs, laisse des dépôts d'extraction dangereux sans confinement, et le suivi sanitaire de ses salariés est très insuffisant", accusent Les Verts.
D'après agences
TF1