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Seules preuves à charge contre lui: des enregistrements d'écoutes téléphoniques contenant des conversations avec Agaly Alambo, chef du MNJ. Signe pour Niamey d'une complicité présumée avec la rébellion touareg... dont les autorités nigériennes ne reconnaissent même pas l'existence. Signe pour les organismes de défense des droits de l'homme et de la liberté de la presse que Moussa Kaka, également correspondant de Reporters sans frontières (RSF) et directeur de la radio privée Saraounya, faisait simplement son travail de journaliste.
Marches blanches à Paris, Dakar et Abidjan
Un an après, la mobilisation ne faiblit pas pour soutenir ce journaliste victime de "l'acharnement des autorités nigériennes", selon Amnesty International. Comme de nombreuses autres organisations, cette dernière n'a de cesse de réclamer sa libération immédiate, estimant qu'il est "un prisonnier d'opinion détenu uniquement en raison de ses activités en tant que journaliste".
A l'occasion de cet "anniversaire", des marches blanches organisées par Internet sans Frontières, une jeune ONG qui défend la liberté d'expression en ligne, auront lieu à Paris, Dakar et Abidjan. A Paris, les manifestants marcheront de la Place de l'Etoile à l'ambassade du Niger, avenue Longchamps, puis déposeront symboliquement, "une fleur blanche et une lettre de doléance à la représentation nigérienne en France", écrit Archippe Yepmou, l'un des responsables de cette organisation, sur son site web. L'opération est relayée sur le groupe Facebook dédié à Moussa Kaka.
Le but: peser sur la décision que doit rendre la justice nigérienne, le 7 octobre prochain, après plusieurs rebondissements judiciaires qui ont ravivé la mobilisation internationale, après le tollé provoqué par l'arrestation du journaliste.
Si au début de l'été, un juge d'instruction a décidé d'accepter sa demande de mise en liberté provisoire, compte-tenu de l'absence d'éléments à charge, et de prononcer un non-lieu, le procureur de la République a rapidement fait appel. "Une décision qui n'est rien d'autre que le reflet d'une obstination des autorités à l'encontre de Moussa Kaka", commente Khalid Ikhiri, président de l'Association nigérienne pour la défense des droits de l'Homme (ANDDH).
Des enjeux bien plus larges
Dernier rebondissement en date, le mardi 16 septembre, la cour d'appel de Niamey a demandé la requalification de l'acte d'accusation en "acte tendant à nuire à la Défense nationale", selon l'avocat du journaliste, Me Moussa Coulibaly.
Mais, comme le souligne son avocat, il y a là une impasse. Car ce chef d'inculpation n'est valable que "lorsque le pays est en situation de conflit", selon le code pénal nigérien. Or "le Niger n'est pas en guerre", rappelle son avocat. "Une pacification est en cours avec la rebellion touareg", précise Archippe Yepmou sur le site d'Internet sans Frontières, mais "il n'y a pas officiellement de guerre dans le nord du Niger".
Le président Mamadou Tankdja refuse de dialoguer avec ceux qu'il qualifie de "bandits armés et trafiquants de drogue". "Le gouvernement central ne veut pas entendre parler de la rébellion touareg qui demande le partage des bénéfices de l'exploitation de l'uranium", réalisée principalement par Areva, sur leur territoire, explique Thomas Dandois, journaliste français lui-même incarcéré, alors qu'il effectuait un reportage au Nord-Niger pour Arte, interrogé par leJDD.fr. "La zone entière est interdite par un décret du président, et dès qu'un journaliste y est surpris, il est arrêté."
Muselé depuis un an, Moussa Kaka représente donc un symbole. Symbole de la liberté de la presse au Niger, où les autorités ont récemment fermé la Maison de la Presse, suspendu la radiotélévision Dounia et menacé d'en faire autant pour une vingtaine de publications privées. Reporters sans Frontières, dont il est le correspondant au Niger, l'a mis à la Une de son site, ce vendredi, et attend la décision de la cour d'appel concernant le non-lieu, le 7 octobre. Espérant qu'elle mettra fin à "cette guerre absurde".