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S’il est une qualité qu’aucun Nigérien ne conteste au chef de l’Etat sortant, c’est bien celle d’être un homme d’honneur. A deux reprises au moins, ces derniers mois, il a annoncé qu’il ne chercherait pas à se maintenir au-delà des deux mandats. Il a même eu droit, par anticipation, aux louanges de ses pairs, pour cette exemplarité annoncée. Y aurait-il un discours pour l’honneur, à usage externe, et un autre, celui du pouvoir sans fin, sur le plan intérieur ? On a du mal à imaginer que Mamadou Tandja puisse risquer ainsi son honneur d’officier et d’homme d’Etat, dans ce qu’il faut bien appeler une confusion organisée. Les griots peuvent lui dire que le Niger ne peut se passer de sa personne. Mais lui n’est pas obligé de les croire.
Un grand bond en avant…
De même, lorsque les courtisans décrètent qu’il faudrait trois années supplémentaires au président pour « parachever son œuvre », on a envie de les renvoyer à l’indicateur de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement. Au moment de l’entrée en fonction de Mamadou Tandja, le Niger y était classé 173e, donc, parmi les derniers. Près de dix ans plus tard, le Niger figure, dans ce même classement, à la… 174e place ! Cela aurait pu faire sourire, s’il n’y avait, derrière ces chiffres, la pauvreté et le dénuement d’un peuple, digne et debout, malgré tout.
Aussi, lorsque l’on nous parle de « parachever » cette œuvre-là, on ne peut s’empêcher de penser à cette phrase, attribuée à un ancien dirigeant militaire malien : « Avant que nous ne prenions le pouvoir, le Mali était au bord du gouffre, disait-il. Et grâce à nous, le pays a fait… un grand bond en avant ! »
Jean-Baptiste Placca
MFI