Actualités politique, économique et culturel de la communauté touareg.
Parmi ces tatouages, on identifie le symbole de la déesse Nit ou Neith. Tatouages et plumes sont réservés aux représentants de l'échelle sociale la plus élevée, comme le chef de la tribu des Rebou qui, figuré avec ses guerriers, est le seul de son groupe à être tatoué et à porter deux plumes, symbole du plus haut niveau de chefferie. Ces souverains ont le front ceint d'un bandeau frontal comme, plus tard les rois numides figurés sur les monnaies. Ils portent des bracelets aux avant-bras à l'instar de leurs descendants touaregs. Dans l'art égyptien, les souverains libyens ont les yeux foncés ou bleus, une courte barbe et portent des anneaux aux oreilles. Le chef de la tribu avait un pouvoir héréditaire. Chez les Alitemnii, on choisissait comme chef le plus rapide, et, pour l'assister, le plus juste. On alliait ainsi force et jeunesse à l'expérience et la sagesse. Celui-ci était assisté d'un conseil. La société semble avoir été structurée selon des valeurs aristocratiques où le roi, qui deviendra un ancêtre héroïsé, constitue la valeur suprême. La période paléoberbère de l'art rupestre saharien qui correspond à l'Antiquité est constituée de deux phases. La première, la plus courte est celle des Libyens sahariens ; la seconde n'est qu'un simple continuum des caractéristiques socioculturelles de la première, avec toutefois des éléments nouveaux d'une importance capitale : l'apparition des métaux et des premiers signes d'écriture. Parmi les peuples paléoberbères, l'entité saharienne la plus puissante, avec celle des Gétules, sur laquelle nous avons le plus de renseignements historiques, est celle des Garamantes. Tacite (historien latin, Ier-IIe siècles de notre ère) disait de ce peuple qu'il constituait " une nation indomptée ". Seul état organisé de l'Afrique intérieure au sud des possessions carthaginoises et romaines, les Garamantes représentaient une entité régionale considérée comme un véritable royaume dans la littérature gréco-romaine, un centre de pouvoir à la fois politique, économique et religieux. Nous avons donc choisi ce nom, en guise de terme générique, pour désigner les hommes et les femmes de la seconde phase de la période paléoberbère de l'art rupestre saharien, descendants directs des Libyens sahariens.
Dans l'art rupestre, les personnages garamantiques portent une tunique en cuir, tombant à mi-cuisse et serrée à la taille qui leur donne une allure de diabolo ; c'est la raison pour laquelle les spécialistes les ont aussi appelés " les bitriangulaires ". Comme le baudrier croisé, cette tunique en cuir a eu une longévité historique remarquable : ce vêtement en cuir souple s'est conservé jusque chez les Touaregs, chez les Isseqqamaren de l'Ahaggar par exemple, et l'on peut en voir un bel exemplaire exposé au musée du Bardo à Alger. Hérodote nous présente le Sahara comme un désert infernal inhabité et si on devait s'en tenir à l'histoire, sans les peintures et les gravures rupestres d'une part, et les monuments funéraires d'autre part, les Libyens sahariens n'auraient jamais existé. Ces sahariens, comme leurs prédécesseurs, se présentent comme une aristocratie guerrière. Le signe de leur autorité était le bâton de commandement qui avait valeur de sceptre.
Dans les années 1930, les chefs touaregs tenaient encore cet emblème à la main, appelé " talak " en " tamâhaq. Un des thèmes les plus caractéristiques de l'art paléoberbère est celui que nous avons individualisé comme " la danse des bâtons " : deux ou plusieurs hommes se font face et croisent leurs bâtons comme s'ils sautaient ou dansaient. Ce genre de scène évoque une danse bien connue des Libyens orientaux, plus exactement les Temehou chez lesquels il s'agissait d'une danse guerrière (peut-être même des préparatifs de guerre) ; les Temehou dansaient en entrechoquant leurs bâtons de jet ! Encore une fois, la danse des bâtons est encore pratiquée par les Touaregs. Les Touaregs portent un poignard attaché à l'avant-bras : le type de fixation de cette arme est déjà représenté chez les Libyens sahariens, il y a près de 1 500 ans avant J.-C. Pourtant, cette façon d'attacher son poignard n'est signalée qu'au VIe siècle de notre ère par Corripe.
Source:Afrique du nord.com