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Actualités politique, économique et culturel de la communauté touareg.

Les origines préhistoriques et paléoberbères des Touaregs à travers l’art 2/6

Les origines préhistoriques et paléoberbères des Touaregs à travers l’art 2/6

Comparés aux autres grandes ethnies de ce Sahara préhistorique, les Protoberbères dénotent, car ils ne donnent pas l’impression de simples communautés de pasteurs-chasseurs, mais d’une véritable société construite autour d’usages, de conventions et de valeurs visiblement élaborés. Dans leur art, les signes extérieurs de l’abondance ne peuvent tromper. C’est un peuple civilisé comme le manifeste le soin apporté à la coiffure, au vêtement et à la parure, l’élégance de la pose et du geste, la qualité des relations humaines dominées par un haut niveau de convivialité où les scènes de palabres prennent l’allure de cérémonies de cour. On peut considérer leurs peintures comme l’un des points culminants de l’art rupestre saharien. Enfin, ces images préfigurent le statut privilégié de la femme touarègue. La société protoberbère était déjà constituée de plusieurs groupes se différenciant par la manière de se coiffer, de s’habiller et se peindre le corps et peut-être même de parler le berbère avec chacun ses particularismes. Elle se différenciait également par des traditions funéraires diversifiées, chaque groupe ayant son type de sépulture et de monument cultuel. L’art préhistorique de cette Berbérité naissante révèle déjà une des caractéristiques de cette ethnie : une inclination à la valeur guerrière et à la noblesse, étroitement liées au prestige social. On peut imaginer sans beaucoup se tromper que ce peuple était déjà porté par une valeur fondamentale : le code de l’honneur. C’est avec les Protoberbères que va se mettre en place l’appareil social et idéologique qui génèrera la civilisation paléoberbère puis la civilisation touarègue comme en témoignent les thèmes privilégiés de leurs fresques et le gigantisme de leurs monuments funéraires.

Les Protoberbères bovidiens sont des essentiellement des pasteurs qui élèvent des bœufs (d’où leur nom), des chèvres et des moutons. Ils excellaient à la chasse. Semi-nomades, leurs habitats étaient diversifiés : courtes haltes quotidiennes autour d’un foyer, vastes abris-sous-roche réoccupés à chaque saison, campements de plein air avec des cases pour un plus long séjour. Ils confectionnaient des nattes qu’ils utilisaient comme velum de leurs cases de forme circulaire. Des peintures rupestres représentent des femmes protoberbères mettant en place ces cases exactement avec les mêmes matériaux et les mêmes gestes que les femmes touarègues d’aujourd’hui. La cueillette était un important appoint dans leur alimentation, notamment celles des graminées sauvages dont ils faisaient une abondante consommation.

Disposant de vastes champs de graminées faciles à cueillir, ces hommes bien que connaissant l’agriculture, ne semblent guère y avoir eu recours, car les traces de ces activités sont très ténues dans les fouilles archéologiques (pollens, graines). Le quotidien de ces Protoberbères n’était pas fait que de corvées : ils avaient leurs loisirs, leurs jeux ; il pratiquaient des cérémonies et des rituels que l’on retrouve, pour certain d’entre eux et de manière identique, dans les traditions touarègues. Les Protoberbères ont un art très dynamique et libre : l’agitation des campements, les compositions très animées de rencontres et de palabres, de chasses très mouvementées, de divertissements, danses et jeux acrobatiques, les scènes d’échange de plumes -un geste d’hospitalité et de courtoisi, ou une sorte de reconnaissance de statut-, les réunions animées de palabres et de discussions, le défilé des troupeaux sous la houlette du berger...tout est toujours et partout en mouvement. Les femmes protoberbères ont des formes opulentes et sont très élégantes. On les voit installer le campement, recevoir les hôtes d’importance et leur proposer de désaltérer ; elles ont la responsabilité du troupeau et de la traite et elles participent à la chasse. Elles sont le plus souvent vêtues d’une robe, avec, parfois, dessous, un pantalon ; sur cette robe, elles portent une peau de bête nouée autour de la taille. Cette peau prendra une importance majeure avec les Paléoberbères de l’Antiquité.

Hérodote, historien grec qui écrit au Ve siècle avant J.-C., nous apprend que les Grecs ont emprunté aux femmes libyennes la peau de chèvre, sans poils et teinte en rouge, et qu’ils en ont fait l’égide de la déesse Athéna. Cette égide annonce un autre vêtement, ce pan de tissu que les femmes de certains groupes berbères nouent, aujourd’hui encore, autour de la taille et que l’on appelle " fotta " chez les kabyles (Algérie). La linguistique confirme que la racine berbère RYD " chevreau " est peut-être à l’origine du mot grec " égide " (aigis, aigidos), " peau de chèvre ", attribut de la déesse Athéna (S.Chaker). Les hommes protoberbères sont fins et élancés. Ils vont souvent torse nu, une jupe pagne touchant aux genoux, parfois fendue sur le devant. Ils portent aussi une peau de bête autour des reins, ou attachée plus haut, au niveau des épaules, comme une cape. Ces capes manteaux ont parfois un capuchon et on pense, immédiatement, au " burnous " de nos Berbères montagnards. C’est exactement ce vêtement, confectionné dans du cuir, que portaient, il n’y a pas longtemps encore, les Touaregs de l’Aïr. Il existe des habits bien plus riches et élaborés, avec foison de volants, festons, effilochures, passementeries, d’accessoires divers accrochés ça et là, une richesse vestimentaire qui est celle des tenues d’apparat. Les hommes et les femmes portaient des toques garnies de plumes quand celles-ci n’étaient pas fixées dans les cheveux. C’est avec les Protoberbères qu’apparaît pour la première fois un trait culturel fondamental que nous n’hésitons pas à considérer comme le plus ancien témoignage de l’identité ethno-culturelle berbère au Sahara, un trait que les Touaregs ont conservé. Il s’agit du port du double baudrier : il s’agit de deux cordons croisés sur la poitrine puis attachés autour de la taille. Chez les Touaregs, on les nomme les elmejdûden (en tamâhaq) : le baudrier croisé symbolise l’action et la valeur guerrière et étaient appelés " cordons de noblesse " par les explorateurs et militaires européens du XIXe siècle.

  Les origines préhistoriques et paléoberbères des Touaregs à travers l’art 1/6 
  Les origines préhistoriques et paléoberbères des Touaregs à travers l’art 2/6 
  Les origines préhistoriques et paléoberbères des Touaregs à travers l’art 3/6 
  Les origines préhistoriques et paléoberbères des Touaregs à travers l’art 4/6 
  Les origines préhistoriques et paléoberbères des Touaregs à travers l’art 5/6 
  Les origines préhistoriques et paléoberbères des Touaregs à travers l’art 6/6
Source: afriquedunord.com

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