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L'uranium extrait des mines ne représente qu'une grosse moitié de la fourniture des centrales, 45 % de celle-ci provenant de la reconversion des stocks militaires russes et américains et des réserves accumulées par les grandes compagnies d'électricité. Des quantités considérables qui sont en voie d'épuisement.
"Les ressources en uranium ne devraient pas être un obstacle au développement de nouvelles capacités nucléaires, estime cependant l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Les réserves prouvées sont suffisantes pour répondre à la demande bien au-delà de 2030." Y compris dans l'hypothèse d'un quasi-doublement des capacités électro-nucléaires installées (443 réacteurs dans le monde), ajoutent les experts de l'AIE.
Un recensement global - unique au monde - est établi tous les deux ans par l'Agence de l'énergie nucléaire (AEN), qui dépend de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Dans sa dernière édition (Uranium 2007), l'AEN évalue les ressources globales exploitables à 5,5 millions de tonnes. Dix millions de tonnes devraient également être découvertes dans des régions que les géologues ont déjà identifiées comme uranifères.
"Il faut comparer ce chiffre de 5,5 millions de tonnes à la consommation annuelle des centrales, qui est de 70 000 tonnes, précise Georges Capus, vice-président marketing du secteur mines-chimie-enrichissement du groupe Areva. Cela assure la ressource pour exploiter le parc mondial actuel pendant environ quatre-vingts ans."
Et au-delà ? Les millions de tonnes emprisonnées dans les phosphates et les milliards de tonnes contenues dans l'eau des océans pourraient être exploitées, affirment les experts, même si les obstacles techniques et financiers sont encore - à ce jour - insurmontables.
Les données des pronucléaires laissent les écologistes sceptiques. Outre le coût des centrales, la gestion des déchets et les risques d'accidents et de prolifération militaire, ils invoquent la rareté de la ressource pour réclamer l'arrêt de la filière électronucléaire. "La théorie du "pic" de production des énergies non renouvelables vaut pour l'uranium comme pour le pétrole et le gaz, juge Yves Cochet, député (Vert) de Paris et spécialiste de ces questions. On a de l'uranium pour deux ou trois décennies, ce qui n'est pas grand-chose quand on prétend relancer massivement le nucléaire." A moins, dit-il, de développer les surgénérateurs, ce que les écologistes rejettent. "En plus, ajoute Yves Cochet, on a jusqu'à présent exploité les gisements les plus faciles."
TERRES D'EXPLORATION VIERGES
"Ce sera plus difficile qu'au début, quand il suffisait de se promener avec un compteur pour trouver un gisement", admet Georges Capus. Il existe pourtant des terres d'exploration, certes parfois inhospitalières mais encore vierges : l'extrême-orient russe, les régions canadiennes proches de l'Arctique, certains pays d'Afrique, l'Asie centrale, le bassin de l'Amazone au Brésil...
Si la reprise de l'exploration est réelle, celle de l'exploitation des mines est beaucoup plus lente. Les coûts de développement ont explosé, et il est souvent difficile de relancer des mines fermées depuis des décennies. Le secteur doit aussi former des spécialistes (géologues, foreurs) que d'autres "miniers" s'arrachent.
Quant à la compétition pour l'accès aux gisements, elle est chaque jour plus rude. L'époque où les sociétés occidentales détenaient 100 % des droits d'exploitation est révolue : les pays producteurs veulent tirer le meilleur prix de leurs ressources. Areva a perdu en 2007 son monopole au Niger, et il lui a fallu un an pour y décrocher le permis d'exploitation d'Imouraren, la deuxième mine du monde, à la barbe des Canadiens et des Chinois.
De plus en plus d'entreprises se bousculent en effet sur le marché : les groupes intégrés (mine, combustible, réacteurs, retraitement) comme Areva ; les fabricants de réacteurs (Toshiba-Westinghouse) ; les compagnies minières traditionnelles (BHP Billiton, Rio Tinto) ; des groupes d'électricité qui veulent sécuriser leurs approvisionnements à long terme. L'envolée du prix de l'uranium jusqu'à 130 dollars (97 euros) la livre en 2006-2007 avait même fait pousser les petites sociétés minières comme des champignons. "On en a dénombré jusqu'à 700", note GeorgesCapus. Le prix est retombé depuis à 50 dollars (37 euros) et nombre de ces "start-up de l'uranium" ont disparu.
La crise financière a aussi entraîné le report de certains projets, mais les partisans de l'atome restent optimistes : l'énergie nucléaire et l'uranium ont, selon eux, un avenir... radieux.