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Actualités politique, économique et culturel de la communauté touareg.

Guerre et environnement

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En 2007, 67 des 328 conflits recensés dans le monde (d’intensité variable) étaient liés aux ressources naturelles. La plupart se situaient en Afrique et en Asie. (1) Ces conflits avaient parfois pour objectif l’appropriation de certaines ressources. Inversement, les ressources pouvaient servir à financer un conflit. Souvent, les deux aspects du problème étaient associés, même partiellement.

Guerres pour les ressources

Les exemples de guerres liées aux ressources sont nombreux. Les conquêtes coloniales visaient évidemment, au moins en partie, l’appropriation de richesses. Plus récemment, lors de la première guerre du Golfe, l’Irak a envahi le Koweït pour s’emparer de ses réserves de pétroles et de devises. De tels conflits ont eu lieu sur tous les continents, et pas seulement entre Nord et Sud. Ainsi, la guerre du salpêtre, au tournant des années 1880, a opposé le Chili, le Pérou et la Bolivie, pour –entre autres- le contrôle de réserves de nitrates. (4)

Forme et intensité

Ces conflits peuvent se manifester sous différentes formes : querelles intra-communautaires, actes de violence, sabotages, tensions, conflits latents, conflits armés de basse ou haute intensité dans lesquels la violence est utilisée de façon systématique et organisée. Ces troubles ont souvent lieu dans des pays instables politiquement et/ou dans des pays où la répartition des richesses est très inégale. 
Ainsi, au XXe siècle, de nombreux coups d’état furent liés à des enjeux pétroliers (en Iran contre Mossadegh, par exemple) ou miniers (au Chili, contre Allende). De nombreuses guerres civiles trouvent leurs origines dans des tensions autour des problèmes d'accès à la terre, entre éleveurs et agriculteurs comme au Rwanda en 1994, d’accès à l’eau, comme au Soudan dans les années 1980 ou minières comme en République démocratique du Congp (RDC). (3)

Financer les conflits

Le pillage des ressources naturelles à forte valeur marchande alimente de nombreuses guerres. Les pierres précieuses ont servi à financer les conflits en Birmanie, en Sierra Leone, au Libéria et RDC, pour ne citer que ceux-là. Elles auraient fourni environ 4 milliards de dollars aux rebelles de l’Unita, en Angola, entre 1992 et 2001 ; le trafic de bois aurait rapporté aux khmers rouges 240 millions de dollars par an dans les années 1990. (2) [voir fiche mines]

L’environnement comme enjeu

L’exemple le plus connu de destruction de l’environnement à des fins militaires est l’épandage de l’agent orange par les Américains pendant la guerre du Vietnam (1959-1975). Des dizaines de millions de litres de ce produit toxique de la famille de la dioxine et différents produits similaires ont été déversés au Vietnam. Il était destiné à empêcher le camouflage des soldats Vietminh et à détruire les cultures. Le produit continue à produire troubles et malformations.

Mais il existe de nombreux autres cas : plus récemment, Saddam Hussein a délibérément asséché des marais dans l'est de l'Irak en rétorsion contre ceux qui y habitaient et qui s’étaient révoltés contre lui lors de la première guerre du golfe.

Les conséquences des conflits

Outre les nombreux morts et blessés, les conflits entraînent ou encouragent corruption, trafics, viols et autres exactions, recrutement forcés d’adultes et d’enfants, etc.

Les conséquences écologiques sont la dégradation ou la destruction des habitats, la surexploitation des ressources et la pollution. Pendant la première guerre du Golfe, l’incendie des puits de pétrole a pollué l’air et les sols, le déversement intentionnel de millions de litres de pétrole dans le golfe persique a tué des dizaines de milliers d’oiseaux et abimé les coraux et les côtes.

La destruction des villages en ex-Yougoslavie par les forces serbes a détruit les systèmes d’eau potable et d’eau usée. Quant à l’utilisation d’obus à l’uranium appauvri pendant les récents conflits pose lui aussi son lot de problèmes, dont l’évaluation suscite débat.

Ces différentes atteintes à l’environnement ne menacent pas seulement les écosystèmes. En effet, un cercle vicieux peut se mettre en place entre guerre et environnement. La dégradation de l’environnement peut entraîner une augmentation de la pauvreté, qui peut accroître l’instabilité politique du pays et peut à son tour attiser le risque de conflit armé… C’est une des raisons pour lesquelles les Nations-Unies, par l’intermédiaire de son programme pour l’environnement (PNUE) a crée un groupe qui intervient après les conflits, dépollue les sites, participe au déminage, etc.

Réfugiés

La plupart des conflits donnent lieu à des migrations (2,2 millions de personnes déplacées en RDC). Des nombres parfois très importants d’êtres humains se retrouvent alors concentrés dans des zones très réduites, souvent peu adaptées. Dans certains cas, les maigres ressources présentes sont alors vite épuisées – le bois ou l’eau, par exemple. Ce qui ne fait qu’aggraver les conditions de vie des réfugiés. 850 000 personnes fuyant les massacres au Rwanda se sont ainsi réfugiés à proximité du parc national des Virunga, un joyau de biodiversité. En y chassant et en y coupant du bois, ils en auraient détruit 300 km2 en quelques années. Les conflits peuvent isoler certaines populations, comme à Gaza, où l’état de l’environnement est très préoccupant.

Hors-conflit

Même en dehors de tout conflit, l’activité des forces armées fait peser un poids sur l’environnement : les bases militaires implantées ici et là sont souvent contaminées par des résidus d’explosifs ou de carburant. Les manœuvres militaires sont également nuisibles aux écosystèmes. Ainsi, il semblerait que les sonars de très forte puissance utilisés par la marine militaire peuvent tuer certains cétacés.

Paradoxalement, certaines zones militarisées peuvent constituer des havres de biodiversité. C'est le cas des zones minées, des no man's land et des régions tampon comme la zone démilitarisée entre Corée du nord et Corée du Sud ou de certaines zones de l’ancien mur de fer en Europe. Parce que l'Homme en est absent, la nature y prolifère.

Encadrés
Convention de Genève
La convention de Genève, de 1977, inclut deux articles destinés à protéger les milieux naturels. La convention ENMOD (Convention sur l'interdiction d'utiliser des techniques de modification de l'environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles) signée en 1976 ne réglemente pas les effets de la guerre sur l'environnement, mais restreint l'emploi de technologies à des fins militaires. Elle n'a pas été signée par la France.
Toutefois, l'application de ces deux textes est très difficile parce que les guerre sont très souvent des situations de non-droit.

Les guerres de l'eau auront-elles lieu ?
L'eau est une ressource qui se fait rare. Et de nombreux experts prévoient des conflits pour le partage de cette ressource de plus en plus convoitée. Or il existe 263 bassins fluviaux partagé entre 145 pays.
Paradoxalement, il n'y a pourtant encore que très peu d'exemples de guerre qui ait été déclenchée pour ce point. L'eau n'était qu'un facteur de la guerre civile au Soudan et ou des conflits entre Israël et ses voisins -Israël est accusé de contrôler l'essentiel des ressources aquifères de la Cisjordanie et de les partager inégalement avec les Palestiniens.
Il semble même, a contrario, que l'eau soit parfois un facteur de paix. Il est en effet difficile de s'emparer de la ressource - à moins de d'envahir et d'occuper de façon permanente le bassin hydrologique concerné. Les tensions sont souvent extrêmement vives, mais sur de nombreux fleuves, des commissions multipartites se mettent en placent et tentent de trouver une manière de gérer la ressource.

 

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