
Dominique Pin, le directeur local d'
AREVA au
Niger a été expulsé du Niger le 26 juillet dernier, se voyant reprocher des liens avec le Mouvement des Nigériens pour la Justice. La
MNJ est un groupe de Touaregs qui habitent dans le nord du Niger. Cette zone sous souveraineté du Niger depuis l'indépendance est convoitée par la Libye pour ses richesses souterraines notamment en
Uranium.
Depuis 40 ans, AREVA exploite les mines d'Uranium et a su développer une stratégie d'arrosage systématique des lieux de pouvoirs afin de garder le monopole et fixer ses conditions dans ses exploitations minières (tarifs, quantités, emplois). Il est important de savoir qu'AREVA représente après le gouvernement le premier employeur du Niger. Sa puissance économique et politique est donc en proportion de cette importance. Au travers de cette entreprise c'est bien sur la
France en tant qu'
actionnaire principal qui définit la politique d'AREVA au Niger.
Que s'est il donc passer pour que le Niger expulse le directeur de cette entreprise si puissante et si étroitement liée au gouvernement français ?
Depuis quelques années, la
Chine cherche à s'approvisionner en minerai africains pour financer son économie et sa forte croissance. La Chine a donc ciblé un certains nombre de pays africains afin de garantir son approvisionnement. Cependant, ce qui différencie principalement les Chinois des Français réside dans la façon de s'implanter dans le pays. En effet, la France depuis la fin de la colonisation installe ses entreprises et arrose l'ensemble des acteurs politiques et traditionnels. Ce financement peut se faire soit directement, soit au travers de constructions publiques ou privées. Les entreprises françaises emploient de la main-d'oeuvre locale exceptée pour les postes de direction qui sont toujours détenues par des français expatriés. Les Chinois ont eux une approche différente. Ils financent bien sur leur installation mais en traitant principalement avec le pouvoir central. Dans le cas du Niger, l'installation a également était accompagnée par des livraisons d'armes au gouvernement nigérien. La main-d'oeuvre est constituée presque exclusivement d'expatriés et cela à tous les échelons.
Dans le nord du Niger, le gouvernement Français et son intermédiaire AREVA ne voit pas d'un très bon oeil l'arrivée des chinois dans une situation de monopole qui dure depuis 40 ans. Certains Touaregs ont le même point de vue car les Chinois ne leur versent pas les mêmes "dividendes" que les Français. A cela, s'ajoute des problèmes internes au Niger relatifs à la répartition des pouvoirs entre les différents groupes de population et leur prise en compte dans l'espace public national.
Le
MNJ a donc pris les armes pour réclamer une meilleure intégration des
Touareg dans l'armée, les corps paramilitaires et le secteur minier local. Le MNJ dénonce les sociétés chinoises comme aidant militairement, par des livraisons d'armes, l'armée. Étrangement, rien n'est dit sur l'action de la France depuis 40 ans par ce mouvement.
Il est justifié pour une population de demander plus de reconnaissance dans son pays lorsqu'il y a un problème flagrant d'égalité et de prise en compte de l'ensemble des populations nationales. Cependant, dans le cas du Nord Niger, nous voyons que le problème ne se résume pas à cela et la bataille de la France et de la Chine pour avoir le contrôle des ressources engendre une crise grave dans une zone stratégique qui est par ailleurs l'objet de discorde sur sa souveraineté.
Nous voyons que malgré les engagements de Nicolas Sarkozy pendant la campagne, le temps de la franç
afrique n'est pas encore révolu et que les méthodes d'hier subsistent encore sous la présidence Sarkozy. Au vu des accords nucléaires avec Libye que la France est en train de conclure il ne serait pas surprenant que cela ait des incidences sur la situation au Niger.
Par
Benoît Curinier ,
SOURCE:lepost.fr