Parlez-nous d’abord du contexte de l’organisation du 5ème congrès du CMA.
Le contexte, c’est le cadre statutaire. Les statuts du CMA prévoient un congrès tous les trois ans. Nous avons organisé le 4ème congrès en 2005. Trois ans plus tard, nous l’organisons à Meknès, étant donné que chaque mandat dure trois ans. Nous avons choisi la ville de Meknès pour soutenir de manière symbolique les détenus amazighs de Meknès.Mais, ce congrès se tient sur fond de division puisque deux congrès se sont tenus en même temps. L’un à Meknès et l’autre en Algérie.
Non, il n’y a pas eu deux congrès qui se sont tenus en même temps. Parce que, déjà, ceux qui sont allés en Kabylie n’ont pas pu passer les frontières. Et s’il y a des réunions ailleurs, c’est peut-être des réunions, mais ce n’est en aucun cas le congrès du CMA. Car, pour qu’un congrès soit légal, il faut qu’il ait été convoqué par l’instance habilitée qui est le bureau fédéral. Ce bureau a décidé à la majorité de tenir le congrès à Meknès. Donc, tout ce qui se fait ailleurs n’a rien à avoir avec le CMA.
Voulez-vous dire que l’autre groupe est minoritaire ?
Non seulement minoritaire, mais c’est qu’ils n’ont aucunement le droit de parler au nom du CMA. S’ils disent que leurs réunions sont dans le cadre du CMA c’est qu’ils sont dans l’illégalité.
Quelles sont, selon vous, leurs motivations ?
Personnellement, je pense que tous ces remous sont provoqués par une personne qui est le secrétaire général du PDAM. Ce dernier a été surtout déçu par l’interdiction de son parti. Interdiction que nous avons d’ailleurs dénoncée. Nous l’avions soutenu et soutenu le parti. Nous l’avions accompagné au parlement Européen. Car c’est le CMA qui l’a invité au parlement Européen. Nous avons justement cru qu’il allait préparer sa défense contre les autorités qui lui ont interdit son parti. Mais, au lieu de cela, nous avons été surpris de voir qu’il s’attaque au CMA. Nous trouvons tout cela déplorable. Alors qu’il n’a rien à avoir avec le CMA. Il n’a absolument aucun droit, ni de parler ni d’agir au nom du CMA.
Mais il a à ses côtés l’ex-président du CMA, Rachid Raha ?
Rachid Raha agit pour une autre motivation : l’ambition personnelle. Il veut être président du CMA, ce qui est légitime. Mais, cela doit se passer devant l’assemblée et non pas par un coup d’Etat. On n’en est plus à l’époque des coups d’Etat. Nous sommes contre ces méthodes-là.
Tout cela, n’aura-t-il pas d’effets néfastes sur le CMA et le mouvement amazigh en général ?
Cela aura certainement des effets négatifs, car, il ne s’agit pas d’une personne ou deux. Ce qui est aussi déplorable dans le mouvement, c’est qu’il y ait des associations qui étaient membres du CMA et qui, aujourd’hui, sont en position de neutralité. Je trouve que c’est aussi déplorable de leur part. Quand les choses sont aussi claires et qu’il y a une légitimité qui est aussi claire, elles n’ont donc pas le droit de rester dans la neutralité. Cela veut dire qu’on affaiblit le CMA, alors que c’est le moment de dire que ce n’est pas une question de personnes, mais c’est une question de structures légales et légitimes. Si certaines associations optent pour le boycott, c’est qu’elles se mettent elles aussi en marge.
Il y avait des accusations qui vous ont été adressées à propos des fonds qui ont été donnés par les Catalans. Que répondez-vous ?
Il se trouve que nous avons fait effectivement des demandes de subvention pour organiser le congrès en Kabylie. Mais quand nous avons constaté que c’était impossible de l’organiser en Kabylie, nous avons dit que nous allions le reporter et l’organiser au Maroc. Nous l’avons fait savoir à ceux qui nous ont donné les subventions. Ils nous ont dit, nous, on vous a donné de l’argent pour financer le 5ème congrès. Vous le faites en Kabylie, au Maroc ou ailleurs, ce n’est pas notre problème. D’ailleurs, lors de l’ouverture du congrès, ceux qui nous ont aidé financièrement étaient présents.
Revenons aux assises du 5ème congrès de Meknès. Quelles sont les priorités ayant été déclinées au terme des travaux de votre congrès ?
Les priorités c’est de mettre en évidence, davantage, les graves violations des droits des imazighen. Par exemple, en Kabylie il y a des gens qui ont été tués par des gendarmes. Pour moi la question de la lutte contre l’impunité est extrêmement importante. Il faut que les auteurs des violences soient jugés.Au Maroc, aussi, il y a des répressions. Nous disons à l’Etat marocain que ce n’est pas une bonne réponse que de réprimer. Il faut répondre aux revendications du mouvement amazigh et non pas le réprimer. Parce que cela suscite plus de réactions qui poussent à l’extrémisme. Ceci est dangereux. Il y a aussi la question des Touaregs qui est très importante. C’est un peuple qui est très menacé. Nous devons l’aider, notamment en faisant mieux connaître cette cause au niveau international. C’est pour cela que nous avons invité des peuples amis qui vont demain nous soutenir.
C’est la première fois que des Touaregs participent aux assises du CMA ?
Non. Mais c’est la première fois qu’ils participent en nombre assez important et avec une qualité aussi importante. Car, on a parmi les congressistes des députés Touaregs. Donc, le niveau et la qualité de la participation ainsi que le nombre (à peu près douze) sont éloquents. Alors qu’auparavant c’étaient deux à trois touaregs qui prenaient part au congrès.
Y avait-il des propositions pour la modification des statuts du CMA ?
Pour être membre du CMA il fallait être aune association. Nous avons proposé qu’il y ait un petit pourcentage de personnalités. Par exemple les chercheurs, les écrivains… Qui puissent adhérer au CMA en tant que personnes et non pas en tant qu’associations.
Source: le repoter.ma