Actualités politique, économique et culturel de la communauté touareg.
Dr Farmo M.Les plus hautes autorités de l'État sont en première ligne, les médias immortalisent ce pan de l'histoire du Niger.
À tout seigneur, tout honneur. Sont d'abord recensés le Président la République, le Président de l'Assemblée Nationale, le Premier Ministre. À cette occasion, le premier déclare que le « Niger a besoin de tous ses fils ». Le second affirme que le recensement concerne « l'ensemble des fils et des filles de ce pays ». Le troisième, soutient qu'il intéresse « toutes les Nigériennes et tous les Nigériens ».
La veille, au cours d'une allocution télévisée, le Ministre d'État, Ministre de l'Intérieur et de la Sécurité Publique assurait que tous les Nigériens remplissant les conditions légales seraient recensés, et ce, sans distinction aucune. Et, présidant la réunion du CNDP (Conseil national de Dialogue Politique), le ministre tranche : « On recense les Nigériens, celui qui n'est pas Nigérien, on ne le recense pas ».
La conjonction des déclarations officielles, l'importance de l'événement et de son enjeu, l'exclusion des Nigériens de l'extérieur, introduisent entre recensement et Nigérienneté une relation qui demande à être clarifiée. Publicité
En l'occurrence, nos Présidents et nos Ministres, en appelant l'ensemble de leurs compatriotes à se faire recenser, nous comptaient-ils parmi les Nigériens? Je ne saurai le dire. Mais aucune de ces Excellences ne s'est expressément adressée aux Nigériennes et aux Nigériens de l'extérieur.
Nous, Nigériens et Nigériennes que la fortune a conduits sous tous les cieux, dans tous les continents, loin de cette terre qui demeure nôtre, avons, en dépit de l'expatriation, le sentiment d'appartenir à ce pays qui ne nous recense pas. Nigériens nous sommes, cœur et âme.
Nigériens et Nigériennes, vous qui résidez à l'extérieur du Niger avez-vous cessé d'être fils ou filles du pays? Aurez-vous cessé de l'être quand, en 2009, le devoir appellera les citoyens et les citoyennes aux urnes? Avez-vous été déchus de votre nationalité? La loi de votre pays ne vous reconnaît-elle pas le droit de vote? L'expatriation vous place-t-elle dans l'illégalité au regard de ce droit?
Devons-nous croire, en reprenant l'expression d'Orwel à notre compte, que tous les Nigériens sont égaux, mais que certains sont plus égaux que d'autres? En effet, compatriotes de l'extérieur, si vous êtes militaires, gendarmes ou policiers, le pays ne vous oubliera pas, le recensement ne se fera pas sans vous. Car, s'il faut se fier aux propos du Président du Comité National chargé du pilotage de la reprise du fichier électoral, vos hiérarchies ont été mises à contribution, afin que même absents du territoire nigérien, votre droit de vote soit garanti.
Quant à vous, compatriotes de l'extérieur qui, comme moi, n'avez ni hiérarchie, ni tenue, vous êtes oubliés. Oubliés de la République, oubliés de la Démocratie. Pourtant les textes que l'on brandit pour attester du caractère démocratique de notre pays, et le plus fondamental d'entre eux : la Constitution, vous accordent le droit de vote. Et il semble que pour exercer ce droit, il faut que vous soyez recensés.
Être recensé pour jouir du droit de vote.
Voilà qui nous rappelle que la démocratie est toujours à conquérir.
Voilà qui nous rappelle que l'histoire du droit de vote à été une histoire de luttes acharnées.
Mettre fin au devenir apatride dans lequel nous sommes pris, commande que nous soyons exigeants envers nous-mêmes, envers le respect de nos droits et de nos devoirs; que nous exigions la protection et l'exercice effectif de ces droits et devoirs, du corps politique dont nous sommes les membres, de l'État qui est tenu de nous protéger, de protéger nos droits et nos intérêts, même à l'étranger.
Farmo M