• Transition vers la 7ème République : repenser les politiques de développement

    Liens sites partenairesMalgré la décennie de stabilité dont a bénéficié l’ancien Président de la République, Tandja Mamadou, il laisse au CSRD (la junte au pouvoir) un Niger semblable à celui que Wanké lui avait livré le 22 décembre 1999. Pourtant, rien n’explique ce retour en arrière d’un pays de 1 267 000 km², près de 15 millions d’habitants et disposant d’un important potentiel minier et pétrolier.

    Bien parti dans un redressement économique avec plusieurs réformes courageuses et productives à son compte, Tandja Mamadou va décider de tout miser dans un dangereux « quitte ou double ». Il réussira à plonger le pays dans une crise politique inutile et suicidaire que l’intervention des forces de défense et de sécurité viendra stopper nette le 18 février dernier, au grand soulagement de tous. Cependant, la situation est suffisamment délétère pour que les nouveaux patrons de l’Etat ne puissent pas énumérer dans leurs priorités l’éducation, la santé et une cherté de la vie qui menace la survie des ménages modestes. Analyse…

    En raison du court temps dont il dispose, mais aussi de la situation politique explosive et de l’omniprésence de la mal gouvernance dont il a hérité, le CSRD a classé ses priorités comme suit : l’assainissement politique et économique du pays, la réconciliation des citoyens et la restauration de la démocratie. Et bien entendu la famine qui se fait évidente. On est alors tenté de se demander si l’éducation, la santé et la cherté de la vie ne sont pas des priorités dignes du nom ? Bien sûr mais il faut comprendre la démarche du CSRD comme une sorte de trait d’union qui permettra aux futures autorités démocratiquement élues de s’atteler tout de suite au seul travail qui vaille, celui de répondre aux aspirations des Nigériens notamment la résolution de leurs problèmes quotidiens. Ce qui n’est pas envisageable lorsque les priorités actuelles du Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie ne sont pas réalisées. Cependant, le gouvernement de la transition, ne saurait se soustraire d’apporter ne serait-ce que d’un début de solution aux problèmes des citoyens. Des problèmes, les Nigériens en ont véritablement. Voyons un petit aperçu rien que dans 3 domaines de la vie nationale.

    L’éducation

    C’est la décennie 90 qui a vu la terrible dégringolade de l’éducation au Niger. Les grèves et les marches, aussi bien des élèves que des enseignants, ont eu pour conséquences plusieurs années blanches, le découragement des élèves, aggravés par la démotivation de leurs enseignants du fait des innombrables arriérés de salaire. Tous les ingrédients sont alors réunis pour l’effondrement du système éducatif. La crise économique ne favorisera pas non plus les choses et va même pousser les dirigeants de l’époque à la courte réflexion de céder aux exigences des institutions financières internationales qui demandaient un désengagement progressif de l’Etat dans le financement de l’éducation. On verra alors le volontariat, suivi de la contractualisation, le tout couronné par une baisse drastique des fonds alloués à ce secteur vital dans le budget de l’Etat. Suite logique de cette politique : les enseignants vont manquer en quantité et en qualité, la distribution gratuite de manuels et fournitures scolaires ne sera plus qu’un lointain souvenir et du coup le niveau des élèves et étudiants va engager une chute libre. Le renouement avec l’accalmie dans le secteur au cours de la 5ème République ne sera pas mis à profit par le défunt Régime de Tandja pour réformer de façon adéquate. Au contraire, Tandja et ses différents gouvernements vont se lancer dans une course effrénée aux chiffres qui sont brandis chaque année comme le trophée de la bonne marche de l’éducation. Or, tout le monde sait que le système ne faisait que choir davantage. Le nouveau gouvernement doit donc mettre à profit le Conseil consultatif pour aussi procéder à un véritable diagnostic du système éducatif afin de jeter les jalons d’un bon départ pour la 7ème République. De tous points de vue, un peuple ignorant ne peut développer son pays.

    La santé

    C’est connu de tous. Des efforts ont été faits par Tandja et ses gouvernements successifs mais là aussi on retrouve la malheureuse course aux chiffres qui s’est résultée par des cases de santé pléthoriques parce que inopérantes pour la plupart. Encore que lesdits efforts sont teintés du sceau de la propagande. On a vu des inscriptions du genre : « Don du Président de la République, SEM Tandja Mamadou » sur des maternités construites avec l’argent du contribuable Ceci explique que d’une main généreuse on construit d’innombrables cases de santé, de l’autre main, plus vorace elle, on érige les centres hospitaliers en EPA (établissement public à caractère administratif). Ce qui veut dire que ces centres doivent se prendre en charge (salaire des agents, fonctionnement etc.) Alors, ils deviennent quelque peu privés puisqu’ils font payer leurs prestations au public avec des calculs de profit, bien entendu. Du coup, on demande à des populations qui vivent avec moins d’un dollar US par jour de poser d’abord une certaine somme sur la table avant d’être consultées par le médecins et acheter elles-mêmes les produits nécessaires à leur traitement. Voilà qui ne semble pas juste encore moins rationnel du fait que si les retombées des ressources minières ne peuvent pas être distribuées à tout le monde, on pourrait quand même faire en sorte que la santé des Nigériens soit prise en charge par l’Etat, après tout, une population malade ne peut être productive et par conséquent ne peut développer un pays.

    Dame cherté de la vie

    Il faut tout de suite dire qu’au Niger, les principaux amis des politiciens tous bords confondus sont les opérateurs économiques. Pour cause, ces opérateurs pré- financent les campagnes électorales des différents candidats dans l’espoir que ces derniers leur retournent l’ascenseur en cas de victoire à travers l’octroi partisan de marchés publics et autres surfacturations et dans certains cas des mandats électifs à l’Assemblée nationale ou dans les conseils régionaux. C’est vraisemblablement pourquoi, les politiciens Nigériens se montrent réticents quand il s’agit d’exiger un niveau d’étude à la députation. Aussi, lorsqu’ils sont au pouvoir, nos politiciens sont incapables de défendre les intérêts des populations en exigeant des prix acceptables de leurs « amis ». Tant pis pour les citoyens qui se retrouvent livrés à des commerçants véreux qui fixent les prix que bon leur semble sur les produits même dits de première nécessité. Les opérateurs économiques aident les hommes politiques à arriver au pouvoir, en retour ceux-ci livrent les citoyens - qui ont pourtant voté pour eux - à la vindicte de leurs bailleurs de fonds. Tel est le triste cycle de la vie chère imposée aux Nigériens non pas du fait de l’enclavement de leur pays mais par des ententes impitoyables. Cela doit changer, et peut-être que le moment opportun est là pour que ça change. Des citoyens affamés ne peuvent développer leur Nation. Voilà donc succinctement 3 freins au développement du Niger. Et qui que l’on soit ou de quel que bord politique que l’on soit, on ne peut prétendre aimer le Niger et vouloir son progrès politique, économique et social sans s’attaquer de façon implacable à ces 3 maux qui minent la société nigérienne.

    Ibrahim YERO
    Nigerdiaspora 

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