• Tourisme et sécurité dans le Sahel : la fracture nord-sud !

    Les pays du Sahel (Mali, Niger, Mauritanie et Algérie) minimisent-ils la réalité du danger terroriste pour convaincre les touristes de venir les visiter ? Les pays du nord de la Méditerranée font-ils preuve au contraire d'un excès de prudence ? Avec le risque de pénaliser des pays et régions qui comptent fortement sur le tourisme pour assurer leur développement économique et social ?
    Le Sahel est une vaste région troublée. Du Sud de l'Algérie au nord-est de la Mauritanie, en passant par le nord du Mali et du Niger, se déplacent des bandes armées.

    Des groupes proches de l'Islam radical, notamment la branche armée d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), ceci même si l'action de nombre d'entre eux s'apparente plutôt à du banditisme.

    Aujourd'hui se font entendre deux sons de cloche souvent opposés, l'un venant du nord de la Méditerranée et qui invitent à la plus grande prudence, et celui des pays d'accueil convaincus que les médias des pays occidentaux tiennent des propos excessifs.

    Or, la ligne de ces derniers n'est souvent pas très différente de celle du Quai d'Orsay.


    Mali, des heurts très localisés dans le nord
    Ainsi, sur l'espace Conseils aux Voyageurs de son site web, le ministère français des Affaires étrangères déconseille fortement les moitiés nord de la Mauritanie et du Mali, ainsi que les trois quart du Niger (dont « formellement » une partie au nord d'Agadez).

    Si la totalité de l'Algérie est déconseillée sauf raisons professionnelles impératives, le Grand Sud n'est pas « fortement » déconseillé contrairement à d'autres régions ; «les voyages doivent en revanche être obligatoirement organisés avec des agences de voyage agréées par le ministère du Tourisme», précise le site du Quai d'Orsay.

    Les autorités touristiques des pays d'accueil montent aujourd'hui au front. « Le Mali connaît depuis un certain temps une crise au nord, mais celle-ci est très localisée dans la région de Kidal» constate N'Diaye Bah, son ministre de l'Artisanat et du Tourisme. « En dehors de cette région, nous attendons que les ambassades nous donnent un seul exemple d'agressions».

    Et le ministre malien de se montrer « très étonné » par l'importance de la zone rouge sur le site web du Quai d'Orsay, ligne située au nord du fleuve Niger (soit au nord d'une courbe Léré-Tombouctou-Bourem-Gao-Menaka).

    Une zone tellement vaste que les voyagistes semblent nombreux à ne pas suivre ces recommandations à la lettre.

    Quand l'Africa Race remplace le Dakar en Afrique
    La Mauritanie monte aussi au créneau pour rassurer les voyageurs. Son tourisme a été en effet très touché par l'attentat ayant coûté la vie à quatre français en décembre dernier. Les quatre membres d'une même famille furent assassinés à Aleg, localité de la région assez peu touristique de Brakna, au sud du pays.

    Les organisateurs du Dakar avaient alors suivi les recommandations du gouvernement français et annulé l'édition 2008 (la prochaine édition se déroulera en Amérique du Sud).

    Un coup dur pour les Mauritaniens qui estiment que la menace terroriste concerne surtout le Tiris Zemmour, dans l'extrême nord-ouest du pays, à la frontière entre l'Algérie et le Sahara occidental.

    «Le terrorisme n'a pas de racines culturelles dans notre pays, les mauritaniens sont des musulmans soufis très tolérants. Bien sûr nous sommes vulnérables avec nos frontières immenses.

    Mais notre pays a renforcé la sécurité, notamment dans la région de Nema (l'étape du Dakar 2007 y avait été annulée après des menaces du GSPC algérien, ndr) et ce n'est pas un hasard si un rallye succède au Dakar» constate Mohamed Ould Biyah, directeur général du réceptif mauritanien Somasert.

    Hubert Auriol a en effet décidé de lancer en fin d'année l'Africa Race, au même date et sur un itinéraire proche du Dakar. Une course qui partira de Marseille, passera par la Mauritanie et fera escale à Chinguetti.

    Maurice Freund, le président du Point Afrique, résume pour sa part les enjeux du développement touristique : "Créer des emplois sur place est le meilleur rempart contre le terrorisme".

    Vincent de MONICAULT
    Source : http://www.tourmag.com
    « Niger's nomads fight for rightsSécurisation des frontières sud : une délégation militaire algérienne de haut rang au Mali »
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