• Tanja cherche et trouve!

    Le législateur nigérien croyait avoir pris toutes les dispositions pour enrayer toute tentation du pouvoir à vie. En verrouillant en effet la Constitution en son article 36, le plus sensible qui soit, car évoquant la limitation du mandat présidentiel, il empêchait toute révision par voie législative ou référendaire. Beaucoup d’autres pays africains n’ont pas pris cette précaution supplémentaire, d’où les nombreux tripatouillages auxquels on a assisté, visant à maintenir le président au-delà de son mandat légal.

    Après avoir réfléchi à la meilleure façon de contourner cet obstacle majeur, Mamadou Tandja a enfin trouvé la faille. Il ne s’agira plus d’une formule hybride, compliquée et incertaine comme la prolongation du mandat actuel pour quelques années encore. Non, Tandja a trouvé une méthode radicale : une nouvelle Constitution sera adoptée à l’issue d’un référendum. Les conseillers juridiques du président ont donc bien travaillé. Ils ont même pris de cours la plupart des opposants à la manipulation de la Constitution. Après avoir épuisé tous les arguments juridiques et politiques, les détracteurs de Tandja en sont venus à faire référence à des questions spirituelles.

    Ainsi, invoquent-ils le serment du président Tandja, sur le Coran, de respecter la Constitution. Dans un pays très islamisé, certains croyaient sans doute ébranler le président. Mais ce dernier s’est montré plus retors qu’il n’y parait, sous ses airs de bonhomie. Si au lieu du rafistolage annoncé depuis quelque temps il provoquait carrément une nouvelle Constitution, où est la violation de serment ? A 71 ans, le président Tandja se sent donc une nouvelle jeunesse pour entreprendre de nouveaux baux avec le peuple nigérien.

    Ce sera le Tazartche (la continuité), ce slogan qui a fleuri depuis que Tandja s’est mis à l’idée de s’accrocher au pouvoir. En optant pour le référendum, le maître de Niamey essaie de mettre de la forme dans ce passage en force qui ne dit pas son nom. Car au finish, un "oui" à l’adoption d’une nouvelle Constitution serait le reflet de la volonté populaire. Le nouveau Tandja se présentera alors aux électeurs, sans aucun état d’âme, nimbé d’une totale virginité politique. Il ne sera pas question de rétroactivité de la loi, puisque l’ancienne Constitution aura été enterrée.

    Il est presque certain que Tandja évitera de limiter cette fois-ci le mandat pour que l’acrobatie juridique et politique à laquelle il s’adonne actuellement ne lui arrive plus. En attendant, il lui faut donc réussir le référendum. Ce ne sera pas une partie de plaisir, face à la forte résistance opposée par une partie de la classe politique et de la société civile. Mais le plus dur semble avoir été fait par Tandja : avouer enfin ses intentions et, de ce fait, s’inscrire dans la lignée des chefs d’Etat africains grisés par le pouvoir et déterminés à ne pas le tâcher.

    Par Mahorou KANAZOE

    Le Pays

    « Niger: un référendum en préparation sur une nouvelle constitutionLe président Tandja cherche à s’incruster au pouvoir »
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