• Tandja a réduit l'opposition à néant

    Le président du Niger a choisi de faire la sourde oreille aux appels de la communauté internationale, qui lui demandait de reporter l'élection législative du 20 octobre. Résultat : ses opposants, qui ont boycotté le scrutin, ne seront plus représentés au Parlement.

    Six millions de Nigériens étaient appelés à voter dans 19 331 bureaux de vote à travers le pays, pour l'élection des 113 députés du Parlement, que l'homme fort de Niamey avait dissous en mai pour faire passer son projet de référendum constitutionnel lui permettant de rester au pouvoir jusqu'en 2012 au moins. La consultation électorale du 20 octobre a été boycottée par l'opposition, dénonçant un "coup d'Etat" constitutionnel orchestré par le président de la République. Les 17 et 18 octobre, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) avait exhorté, en brandissant la menace de sanctions, Mamadou Tandja à renoncer à son intention. Il est resté impavide. Les législatives ont bel et bien eu lieu. Il est même allé personnellement, aux premières heures de la journée, à l'hôtel de ville de Niamey pour accomplir son devoir de citoyen, envers et contre tout.

    La CEDEAO n'a donc pas hésité à joindre l'acte à la parole, en suspendant le Niger de ses instances. Espérons que cela sera un avertissement dissuasif à l'endroit de tous ceux qui, comme Tandja, voudraient bouleverser l'ordre constitutionnel de leur pays pour des intérêts égoïstes. Mais Tandja n'en a cure. Il continue sa chevauchée sans état d'âme, ignorant l'opposition, qu'il veut réduire à sa plus simple expression. Cette dernière, en optant pour la politique de la chaise vide au Parlement, refuse sans doute d'être complice du premier des Nigériens, mais reconnaissons que cela ne l'arrange nullement. Son absence de l'hémicycle lui sera préjudiciable parce qu'elle aura immanquablement des difficultés à exister et à participer à l'animation de la vie politique. Face au parti au pouvoir, soutenu par une bonne brochette d'autres formations se réclamant de la mouvance présidentielle, on se demande bien si cette opposition-là pourra relever le défi.

    Les moyens ne vont-ils pas lui manquer pour s'affirmer et se faire valoir ? Tandja, qui n'a pas encore dit son dernier mot pour ce qui le concerne, boit du petit-lait, persuadé qu'il aura ses adversaires à l'usure, eux qui vont devoir se morfondre pendant encore cinq ans et peut-être même plus. Pour sûr, l'opposition nigérienne, après les législatives sujettes à polémique du 20 octobre, va se fragiliser davantage, ce que le chef de l'Etat appelle de tous ses vœux et dont il ne se cache pas outre mesure. Les résultats définitifs du scrutin ne seront pas connus avant vendredi au plus tôt. Raisons avancées : la complexité des calculs d'attribution des sièges, l'acheminement des urnes des bureaux de vote des localités reculées de ce vaste territoire qu'est le Niger. Pour qui connaît bien, dans les démocraties africaines, la chanson chaque fois entonnée et reprise en chœur par des partisans aux ordres, inutile de dire que les dés sont déjà jetés en faveur des puissants du moment. Des taux confortables sont concoctés à l'avance. Il ne restera plus qu'à les publier, à les officialiser pour enfin légitimer un Parlement qui gère le législatif par le biais de l'Assemblée nationale et du Sénat.

    Un Parlement qui constitue, en réalité, une chambre d'enregistrement du pouvoir en place. Il s'agira d'une organisation sans véritable pouvoir de décision, d'un "machin" comme bien d'autres, chargé, ni plus ni moins, de défendre les mesures gouvernementales.

    Courrier international 

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