• Sémiologie et symbolique de l’écriture tifinagh

    Sémiologie et symbolique de l’écriture tifinaghPour une sémiologie de l’écriture tifinagh,

     Par Atanane  Aït -oulahyane

    «  Dans le désert les mots ont des contours nets…

    Ils ont la consistance du vent et la saveur du sel…

    Dans le désert les mots sont nus et blancs…

    Eternels  jalons qui parsèment la piste des sables…

    Dans le désert les mots balisent le temps

    Ils sont plus précieux que la pluie du printemps

    Et  gardent le secret et la mémoire des siècles défunts… »

     (A.A)

    I – Immanence du tifinagh

     Chaque écriture est le reflet de l’âme de son peuple…

     Le tifinagh, cette graphie mystérieuse surgie du fond des siècles, aux formes géométriques parfaites et simples à la fois, lignes rectilignes, parfois brisées et anguleuses, des fois rondes, est à l’image de la mentalité permanente de l’Homme amazighe qui l’a conçue : comme elle il a l’esprit droit et rationnel, sans sinuosités ni fioritures, aussi sobre et dénué d’artifices qu’un cercle parfait.

     Cette graphie simple, - d’aucuns bornés diront encore « primitive » - représente par ses formes dépouillées non une absence d’imagination, d’un souci d’esthétique, mais la volonté de dire l’essence même de la pensée de celui qui l’utilise et le mouvement aux allures multiples de sa marche dans l’univers, son rapport à la vie, au temps et au monde immense qui l’englobe. C’est une graphie symbolique par le choix de ses formes et leur succession sur l’espace- support qui les manifeste, représentation claire, sans circonvolutions ni subterfuges d’un dialogue franc et continu avec l’ensemble des dimensions visibles et invisibles que l’homme côtoie : son rapport à l’espace qu’il arpente, sa place dans la communauté qui l’englobe, mais aussi une tentative d’entrer en communion- communication avec les forces mystérieuses de la Nature.

     L’usage de l’écriture tifinagh comprend toutes ces interactions entre le visible et l’invisible, un choix qui est animé par le désir d’exprimer l’essentiel de la pensée en toute transparence, en toutes circonstances, que le transcripteur communique avec ses semblables, qu’il transmette un message aux générations qui lui succèdent ou qu’il désire entrer en contact avec le monde invisible.

     Contrairement à ce que certains pensent l’écriture tifinagh n’est pas une graphie désuette, archaïque, inapte à s’intégrer dans un monde moderne caractérisé par le progrès, la fluidité, la nouveauté… Le tifinagh se place en dehors des modes; il ne s’adresse pas à une époque particulière et se soucie fort peu de l’esthétique et de son évolution. Il cherche à transcrire ce qui est permanent et stable, au-delà des changements superficiels  qui surviennent génération après génération. C’est une graphie qui exprime la nature permanente de l’Homme, quelques soient les caractéristiques de l’époque où il se trouve : hors âge, il se veut un élément naturel, stable et affranchi des aléas historiques, à l’image de la Nature et du Cosmos qui ne varient jamais.

     Ainsi le tifinagh représente la vision profonde de l’univers de l’Homme amazighe : stabilité, continuité et permanence. Qu’on ne recherche pas dans ces signes extrêmes l’expression d’une dimension artistique, intellectuelle ou sacrale, comme c’est le cas pour d’autres systèmes d’écriture : le tifinagh ne se préoccupe pas de la beauté ni du prestige qui connoteraient ce qu’on appelle «  la civilisation » ; il se veut humble et irréductible comme les éléments de la nature et c’est ce dépouillement même et cette austérité qui lui confèrent sa beauté et sa force.

     Ecriture d’un peuple forcément en mouvement, le tifinagh, par ses formes sobres et diverses exprime l’errance de l’Homme dans le monde, ainsi que l’aspect fragile et éphémère de son existence : destiné à être tracé sur du sable au gré des rencontres, comme un adjuvant à la parole humaine volatile et impuissante à exprimer l’indicible de l’âme et de la vie. Modestes signes gravés du bout des doigts et effacés aussitôt par le vent ou d’un revers de main aussi soudain que la mort, aussi impitoyable que le silence… Les signes se déroulent à même le sol, lors de ces haltes propices à la communication de l’être avec ses semblables, ou lors des moments de solitude, traces dérisoires d’un monologue intérieur, nécessitant toujours le repos, une mise au clair accompagnée du rituel du thé, une courte suspension de l’effort et de l’errance. C’est indéniablement une ascèse qui requiert un dépouillement de tout ce qui est superflu, de toute agitation : position assise à même le sol, bras tendu vers le sable, sans intermédiaire entre l’index- créateur qui trace les signes et la terre- support. La surface est illimitée, pourtant la longueur du message transcrit dépend de la mesure du bras, de l’espace réduit que le scribe peut atteindre.

     Pour limiter l’effort et garder la souplesse du geste, le meilleur moyen pour disposer les signes est de les placer selon un axe vertical, en colonnes, jusqu’à la saturation- occupation de l’étendue disponible : ne dire que l’essentiel ; exprimer l’idée, la matérialiser, en libérant la pensée et l’écriture de tout encombrement. Economie de la parole, de la surface, de tout effort superflu. Comme lors de ces marches à travers l’immensité du désert ou dans les méandres des montagnes, chaque pas, chaque souffle comptent, chaque mot est précieux.

     Tel est le tifinagh dans son esprit, aussi bref que la vie, dénué de toute vanité et de souci d’esthétique, à l’image de la voix fugitive qu’il tente de matérialiser, volatile comme elle lorsqu’il est tracé sur le sol, cette page perpétuelle et immense du monde, ou gravé sur le roc, lorsque le mot devient solide et permanent, comme la parole donnée.

     Mais cette voix humaine, aussi fugitive et impalpable soit elle, riche de sens et si précieuse, est aussi vulnérable que le souffle de l’Homme, aussi volatile que la vie : seul importe la marche dans l’existence et la possession de l’immense espace qui l’entoure ; toujours abolir le silence, occuper l’espace, maintenir la communication et poursuivre le mouvement, tout cela relève de la même démarche, de la même tentative toujours recommencée de vaincre l’éloignement ainsi que le silence qui sépare les êtres et les lieux.

     Dans le tifinagh le corps d la lettre et son âme, signifié (sens) et signifiant (forme) se confondent, comme si le symbole a préexisté au son qu’il reproduit, comme si la lettre fut créée en même temps que les actions qu’elle exprime: tel un sésame magique le symbole renvoie à différentes réalités qui entrent en interaction et contient en lui-même les codes essentiels de la vie : signifié et signifiant fusionnent, renvoient au même concept, en matérialisant un son, un mot, un état, qui ne sont que des jalons successifs dressés sur la piste, les bribes d’un message ininterrompu.

     Lettres- repères qui égrènent le périple du sens, elles en dessinent parfaitement les méandres, la direction, la mesure et les étapes ; elles fixent la voix instable et immatérielle et représentent le sentier, changeant et aléatoire : chaque graphème, chaque mot ne sont qu’une étape dans la longue quête du sens, des jalons successifs sur la piste à parcourir.

     Comme la voix qui n’a aucun support matériel ni de ligne directionnelle, hormis l’air qui la porte et l’efface aussitôt, l’écriture tifinagh est libre dans sa marche ; il remplit l’espace, la surface- support selon l’humeur du scribe, sans itinéraire préétabli, au gré de l’inspiration qui la fait naître au fur et à mesure : de gauche à droite, horizontalement et vice- versa, verticalement de bas en haut ou le contraire ou pourquoi pas de façon circulaire ou en forme de spirale, seul compte l’accomplissement du voyage, seul le sens de la quête donne la direction à suivre, trace la voie incertaine, d’un point de départ toujours reconnu jusqu’à l’arrivée, étape finale et aléatoire. Peu importe la trajectoire suivie par l’écriture- voyage, seul importe d’atteindre le but, de résoudre l’énigme.

     L’écriture, ainsi libérée de toute entrave directionnelle, de toute ligatures entre les lettres qui la composent, n’a pour d’autre finalité que de transcrire l’immatérialité et l’inconstance de la parole, souffle de vie, et de la reproduire humblement, en imitant la progression erratique de l’Homme dans un espace hostile et chaotique.

     La voix et l’écriture, les deux faces indispensables de toute communication élaborée, correspondent ainsi à ce besoin vital de communiquer également à travers l’espace, de joindre les lieux et les personnes, d’atteindre quelques soient les difficultés l’Autre, d’établir des contacts et des repères tangibles sur le sentier, afin de se sentir moins seul, moins vulnérable, se situer et se retrouver dans un espace- temps démesurés.

     Toutes les dimensions de la communication se rejoignent dans le tifinagh : la voie et la voix, le sens (idée) et le sens (trajectoire), le symbole (la lettre) et l’espace (le monde et le support de l’écriture) : écriture totale de la vie, le tifinagh englobe et exprime toutes les dimensions de l’être et son rapport à l’univers.

     Traces, marche, repères, surface, mouvement, chemin, sens… Telle est l’écriture tifinagh, talisman parfait pour pallier la fragilité intrinsèque de l’être face au cosmos, face aux dangers d’égarement dans un monde hostile, face à la perte du sens. Pas à pas, signe après signe, son après son, dans un mouvement continuel du corps et de l’esprit en parfaite harmonie, il s’agit d’arpenter l’inconnu, de poser des jalons sur la route de la parole, chaque graphème étant à lui seul un panneau indicateur, un repère palpable dans la trame de la communication.

     Si dans la culture amazighe l’espace est un ensemble de signes l’écriture tifinagh en est la quintessence. Qu’on n’y recherche pas l’expression d’une volonté esthétique, idéologique ou sacrale : c’est une graphie dénuée de toute pensée subversive ou fantasmatique : elle est à part, a- temporelle, a- civilisationnelle, ni d’Orient ni d’Occident, ni d’ascendances grecque ou phénicienne, elle est tout simplement l’émanation de la nature universelle même qu’elle exprime ; c’est une écriture totale, ni primitive ni sophistiquée, permanente et irréductible comme l’espace et le temps, à l’identique de l’âme amazighe , indissoluble dans un système de pensée artificiel et dénaturé.

     L’écriture tifinagh en effet se veut dès l’origine en dehors des systèmes symboliques narcissiques, culturels ou idéologiques ; il s’adresse à l’Homme universel de toutes les époques, qu’il soit gravé par l’Homme préhistorique sur les parois granitiques ou utilisé par l’Homme de la civilisation cybernétique.

     Ecriture a- temporelle et universelle elle est aussi trans- culturelle car elle désire abolir les différences entre les êtres, entre les cultures, car la communication ne se limite pas seulement à la parole dite ou écrite, à une langue comprise par deux interlocuteurs appartenant à une même aire linguistique, une même culture : le signe tifinagh est un motif symbolique qui désire s’émanciper du langage humain, forcément réduit et entravé de codes ; dénué de toute arrière pensée idéologique il est multi- dimensionnel, universel, car au-delà du langage, justement.

     Ecriture égalitaire par excellence, le tifinagh ne comporte pas de majuscules ni de minuscules, ni de superpositions de lettres, de signes diacritiques ou de marquages superflus ; pas de position prédéterminée de la lettre non plus : le graphème tifinagh reste toujours semblable à lui-même, à l’identique de l’Homme amazighe qui l’a conçu : chaque lettre a sa valeur, son autonomie propre ; employé uniquement en script, les lettres détachées les unes des autres, l’écriture tifinagh exprime le caractère libre de l’Amazighe, son souci permanent de préserver son individualité par rapport à la communauté qui l’englobe. Mais cette individualité, aussi libre et suffisante à elle-même soit elle, ne prend sa signifiance complète qu’au sein de son groupe, au milieu des autres individus avec lesquels elle entre en symbiose, pour former une société solidaire et sensée. Le graphème isolé, sans ligatures, bien qu’il porte en lui-même son propre sens lorsqu’il est dissocié des autres, exprime la solitude inhérente de l’être face à la vie, face à la mort. Il ne délivre, lorsqu’il est seul, qu’une parcelle du Message, un bref aspect de la vie complexe et multiforme.

     Ecrire pour dire, sans babil du langage, sans écume de la pensée, sans la névrose de l’être… Ecrire pour survivre, sans entraves, pour marcher debout, sans attaches, déceler les mystères et déchiffrer le non dit de la parole, l’énigme de la pensée, décrypter les signes et communiquer l’essentiel, atteindre le but qui se dérobe toujours… Le tifinagh est tout cela, dépouillement, cheminement intérieur et dialogue parfait entre l’Homme et son environnement.

     Lignes droites comme une pensée claire, comme une vie sans problèmes, un chemin sans difficultés ni surprises ; lignes brisées comme les tournants soudains de la vie, la promesse trahie, la parole non tenue, les virages du sentier… Des ronds complets et parfaits, comme le cycle perpétuel des saisons, comme un parcours achevé, une communication aboutie ; des cercles inachevés, comme le voyage à finir, une vie inachevée, la rupture brusque d’un lien si cher…

     L’existence est une boucle  et le chemin une succession d’étapes, souvent un retour vers le point du départ : les lettres de l’écriture tifinagh sont tout cela et bien plus encore, elles reproduisent les caprices de la vie et du voyage, la multiplicité des sens et les aléas de l’existence…

     Certainement l’écriture est sacrée, comme la parole qu’elle véhicule, la pensée qu’elle manifeste, comme la terre sur laquelle elle prend forme ; mais aussi hiératique soit elle, d’une portée quasiment divine, elle n’a pas pour objectif d’écraser l’être humain ni de le tenir sous le joug de divinités hermétiques et tyranniques, peu soucieuses de son sort et de ses préoccupations existentielles…

     Elle entend simplement de l’accompagner pas à pas dans sa vie terrestre, quotidiennement, discrètement. Symbole ésotérique, à la fois clef d’un monde occulte mais aussi objet familier au même titre qu’un outil domestique, il la porte dans son bagage avec le couteau, l’outre d’eau et la natte, tel un viatique discret suspendu dans sa mémoire, qu’il saisit et emploie au gré de ses besoins, sans autre prétentions que de le rattacher au réel, de lui rendre aisées et supportables son existence… Car l’Homme amazighe, sans être rustre est rationnel, doué d’un esprit pratique, qui confère à l’objet usuel une dimension esthétique, voire ésotérique et inversement, il intègre le sacré (symbole, fétiches, gestes rituels…) dans ses actes de tous les jours.

     Tout se rejoint et se lie dans une logique d’efficacité, le familier et l’occulte, l’implicite et l’explicite imbriqués harmonieusement. L’écriture tifinagh procède de la même démarche, alliant de multiples fonctions, sacrée, esthétique et profane, mises à pied d’égalité, toujours au service de l’Homme : souci d’économie et de logique, point de place au gaspillage de l’effort ou de la parole, point de cloisons entre le spirituel et le matériel, pas de vernis superflu ni de prolifération de motifs, d’exagération de gestes, pas de profusion de la parole ni d’exubérance, l’idéal amazighe tout entier se polarise selon des lois strictes, d’une géométrie parfaite, qui ne laissent aucune place à l’insignifiant. Tout concourt au même but, même le langage oral et écrit, concentration et complémentarité de tous les moyens mis à la disposition de l’Homme pour aboutir à l’expression la plus sobre et la plus juste qui soit, au résultat le plus efficient.

    II- Symbolique du tifinagh :

     Dans la sagesse amazighe il y a toujours ce souci de convergence du matériel, palpable           (voyage, écriture, parole) et de l’immatériel (destinée, signe, sens caché). Le graphème tifinagh ( corps et esprit de la lettre ) concentre en lui cette dualité céleste et terrienne dans lesquelles évolue l’être humain : il renvoie à deux dimensions complémentaires, jamais opposées ni hiérarchisées, qui trouvent leur réalisation définitive ( le sens, l’atteinte du but, la résolution de l’énigme ), dans l’Homme.

     Chaque lettre contient une signification ésotérique qui renvoie au cheminement de l’être humain dans la vie et dans l’espace qu’il parcourt ; les femmes touaregs, détentrices de ce savoir millénaire, transmettent encore cette sagesse contenue dans ces symboles, et l’utilisent pour transcrire des messages généralement courts à fonction ludique, pour exercer l’intelligence des enfants et la sagacité des grands à résoudre des énigmes ; les amoureux l’emploient également pour conférer à leurs déclarations, leurs poèmes une portée mystique, que la parole ne peut exprimer seule.

     L’Aza, l’icône tifinagh par excellence, illustre très bien cette complémentarité, cette union totale, dirons- nous, entre la sphère céleste et la dimension terrestre, qui se rejoignent, en toute harmonie en l’Homme, qui en est le lien et le point de fusion, à l’exemple de cette pensée pascalienne  qui représente L’Homme comme le point de jonction entre l’infiniment grand et l’infiniment petit. 

    Z : ( Z )  Symbole tifinagh fort, il est la représentation d’une humanité en marche, debout, luttant pour survivre ; c’est également l’Homme spirituel, tendu vers la sphère céleste et la portant à bout de bras ; homme terrien aussi, jambes en aplomb sur le sol qu’il arpente et qu’il féconde, la demi sphère inférieure étant une représentation de l’espace qui le porte.

      L’aza représente l’ambivalence de l’être : Homme debout, pieds posés sur terre, bras soutenant le ciel, l’être humain étant le point de liaison entre le monde d’en haut et le monde d’en bas, entre l’infiniment grand, l’Invisible, et le monde terrestre, concret et palpable : tête relevée, bras tendus pour recevoir l’offrande, pluie ou bénédiction, moisson ou révélation.

    Trois pieds qui assurent un  maintien parfait, la stabilité sur terre, et non pas un appendice sexuel proéminent comme certains n’osent l’avouer ; et pourquoi pas, malgré tout ? L’Homme fécondant la terre – matrice, le pied- soc de la charrue ; liaison entre deux mondes, actes de réception et de fécondation.

    Un autre concept est lié à la lettre Aza : celui de l’arbre debout, toujours vertical, enraciné dans sa terre, à l’image de l’            Amazighe, Homme forcément terrien, recevant sa subsistance du sol qui le porte ; branches tendues vers le ciel, offrant leurs fruits et recevant la pluie régénératrice.

    : ( a ) : Le point fondamental de la parole, l’élément initial de l’écriture et du langage, le son primordial, le point de départ de la quête du sens et du voyage.

    : ( b ) : Le couple formant l’unité parfaite; les deux lèvres unies produisant le son ; mais aussi rupture et malédiction, séparation..

    S : ( s  ) : Manifestation de la lumière irradiante du soleil, mais aussi présence centrale de l’homme dans l’univers ; il représente aussi la maison, la sécurité, l’équilibre et la stabilité.

    : ( d ) : Symbolise l’effort tendu vers le but à atteindre, l’ascension du sommet, la flèche directionnelle.

    : ( é ) : le pont de liaison entre deux étapes, entre deux êtres ; la jonction des âmes et des lieux.

    F : ( f ) : Le passage étroit, la traversée périlleuse d’une gorge, ou d’une étape difficile de la vie.

    G : ( g, comme grotte ) : Le va et vient entre deux lieux, départs et retours perpétuels, cycle répété des voyages.

    I : ( i ) :les virages du sentier, les cassures de la vie, la route sinueuse qui nécessite la vigilance et le courage.

    K : le nœud du parcours, le cul de sac, la difficulté rencontrée et contournée.

    L : ( l ) : les deux sentiers parallèles ; le choix à prendre, par opposition à la notion du destin. Renvoie également à Illa, le Dieu suprême des Imazighens, Celui qui est, à la sagesse et au libre arbitre : chaque homme est libre de choisir le parcours de son destin, par opposition à la fatalité et à la résignation.

    M : ( m ) : représente la sortie, l’issue toujours possible ; revoie également à la sagesse, à la puissance créatrice et fécondante de la parole.

    N : ( n ) : la route droite tracée, mais également le souffle divin, l’ascèse.

    R : ( r ) : le périple parfait, accompli sans difficultés, le retour vers le point du départ, mais aussi le cycle complet d’une vie. Renvoie également à la matrice terrestre, à la femme, refuge et sécurité.

    T : ( t ) : le croisement des chemins, la rencontre entre les hommes, mais aussi la jonction du spirituel ( axe vertical, créateur ) et du monde matériel ( axe horizontal, la création ). Renvoie à une divinité, Iette, déesse de la fécondité .

    Y : ( y ) : le zigzag,  les circonvolutions du chemin ardu ou les étapes difficiles de la vie.

    Ainsi, à travers cet exposé sommaire, nous avons tenté de décrypter une partie de la richesse toute symbolique de l’écriture tifinagh ; au-delà de son utilisation scripturaire, nous réalisons qu’elle véhicule également toute une vision du monde, un esprit de sagesse qui tend à réaliser l’harmonie nécessaire entre les différentes dimensions de l’univers, résoudre l’énigme de la vie, dans laquelle l’Homme tient malgré lui la place essentielle.
    Source: leschleuhs.com

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