• Rappel à l'ordre pour Tandja

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    Dix personnalités de la région sont venues demander au président nigérien de respecter son engagement à ne pas modifier la Constitution.

     

    En juillet 2001, à Niamey, Mamadou Tandja présidait la réunion inaugurale du Conseil des sages de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest). Huit ans plus tard, le président nigérien se fait taper sur les doigts par le même Conseil à cause de son projet de référendum pour prolonger son mandat au-delà de décembre prochain. Les Sages lui rappellent qu’il a signé en décembre 2001 un protocole qui interdit toute réforme substantielle de la loi électorale dans les six mois qui précèdent une élection sans le consentement d’une large majorité des acteurs politiques. On en est loin… Du coup, la Cedeao menace le Niger d’un blocus économique de la sous-région sans préjuger d’autres sanctions de la part de l’Union africaine et de l’ONU !

    À l’arrivée des Sages à Niamey, le 15 mai dernier, Mamadou Tandja a cru un instant qu’il pourrait les amadouer. Ils étaient dix, représentant le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Gambie, la Guinée, le Liberia, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Des membres de la société civile, comme la Malienne Sira Diop et le Burkinabè Léopold Ouédraogo, ou des diplomates à la retraite, comme le Sénégalais Mbaye Mbengue et le Togolais Bitokotipou Yagninim. Il les a longuement reçus au palais et leur a dit d’un ton patelin : « Vous savez, j’ai un problème. Je voudrais rester pour terminer mes chantiers. Or la Constitution ne me le permet pas. J’ai besoin de vos conseils. » Mais à la sortie de l’entretien, l’un des dix a confié : « Quand il parle de “ses” chantiers, il trahit le fond de sa pensée. Il est persuadé que les projets en cours ne lui survivront pas. Or c’est le contraire qui risque d’arriver. S’il reste, il va peut-être déclencher un soulèvement populaire et le départ des bailleurs de fonds. »

    Évidemment, le président nigérien n’apprécie pas du tout l’admonestation des Sages. L’un de ses proches lâche en privé : « Nous ne sommes pas dupes. Nous savons que nos voisins sont derrière tout ça. » Quels voisins ? Chacun connaît les relations difficiles entre le Niger et le Burkina Faso. Mais cette fois-ci, les regards se tournent vers le Nigeria. Est-ce pour faire oublier la fraude à grande échelle de 2007 ? Depuis son élection, le nouveau chef de l’État nigérian, Umaru Yar’Adua, se veut le champion de la loi et du due process, le respect de la procédure légale. Lors du dernier sommet de la Cedeao qu’il a présidé en janvier, à Abuja, il a dénoncé avec vigueur les coups d’État en Mauritanie et en Guinée, au grand dam du Sénégalais Abdoulaye Wade, qui a boudé la réunion. Pour Mamadou Tandja, il est donc tentant de voir la main du Nigeria derrière la démarche du Conseil des sages. « Faux, réplique l’un des dix. Nous n’avons décidé cette visite qu’avec le président de la Commission de la Cedeao, Mohamed Ibn Chambas, et son directeur des affaires politiques, Abdel-Fatau Musah. » Tous deux sont ghanéens. Nigeria, Ghana… Mamadou Tandja risque d’avoir maille à partir cette fois avec les anglophones.

    « Incidents politiques au NigerLutte contre le terrorisme : le calme avant la tempête ? »
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