• « Rallonge » du mandat de Tandja: dure, dure sera la tâche

    Le mandat du président nigérien, Mamadou Tandja, tire inexorablement vers son échéance. En fin 2009, il devrait débarrasser le plancher, conformément à la constitution, après deux mandats au pouvoir. L’imminence de son départ coïncide avec la conception de bien de projets dont l’exécution promet un bel avenir à ce pays, toujours classé parmi les derniers par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

    Le dernier projet, et non des moindres, signé par le pays d’Hamani Diori avec ses partenaires est celui qui nécessitera un investissement initial de plus de 1,2 milliard d’euros par le groupe nucléaire français Areva pour la production de 5 000 tonnes d’uranium par an à plein régime pendant 35 ans. On peut donc tout reprocher à l’actuel président du Niger, sauf de n’avoir pas ouvert des chantiers.

    C’est peut-être pour cela qu’il veut forcer la main à la constitution pour une prolongation de 3 ans de son mandat finissant, avec en vue les dividendes de l’uranium et de l’or noir dont regorge le sous-sol du pays. Ce mauvais projet, en comparaison de ceux cités plus haut, a malheureusement des acteurs prêts à le concrétiser tant et si bien qu’ils se mobilisent dans la rue pour en clamer la nécessité. Mais la tâche ne sera pas facile pour Tandja au regard de la configuration actuelle de l’Assemblée nationale, qui compte 113 députés dont seulement 48 du MNSD (parti présidentiel).

    Ce qui ne suffit guère à réunir les 4/5 exigés, même si le deuxième groupe parlementaire, de 22 élus de la CDS (parti de l’occupant du perchoir), a fait coalition avec le parti au pouvoir de Mahama Ousmane. D’ailleurs, le président du Parlement vient d’appeler au "respect strict de la Constitution" et à une bonne organisation des élections à la fin de l’année. Pour ne rien arranger, le MNSD est actuellement déchiré et au bord de l’implosion entre Pro-Tandja et partisans de l’ex-Premier ministre Hama Amadou, incarcéré depuis plus de six mois.

    En tout état de cause, un consensus semble se dégager au sein de la classe politique nigérienne sur la nécessité d’empêcher Mamadou Tandja de rester au pouvoir au-delà de 2009.

    S’inspirant certainement de l’exemple béninois et, plus récemment, de l’alternance au Ghana, la classe politique nigérienne, y compris les partis proches du pouvoir de Niamey, se mobilise contre cette perspective chaotique pour la démocratie, alors que le président sortant se mure derrière le silence.

    Ce dernier doit savoir que nul n’est indispensable et qu’on peut initier des projets et laisser le soin aux autres de les mettre en œuvre. Ainsi, il s’honorera et verra la nation entière l’honorer pour fidèles et loyaux services rendus.

    Abdou Karim Sawadogo
    L'Observateur

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