• Prolongation du mandat présidentiel : Tandja contre vents et marées

    De toutes facons, "il n’y a personne qui soit capable de me remplacer." Ainsi parla Mamadou Tandja un jour, selon un confrère africain. L’avertissement était on ne peut plus clair. Seulement, cela n’a pas émoussé les ambitions de Hama Amadou, qui a toujours cru qu’après ce deuxième et dernier mandat constitutionnel de Tandja, son heure à lui était venue de prendre les rênes du pouvoir au Niger.

    L’ex-Premier ministre dont la popularité et le charisme étaient notoires au Niger, n’avait aucun doute sur cette logique, se mettant d’ailleurs dans la peau du dauphin putatif.

    Mais croupissant dans une cellule de prison de haute sécurité de Koutoukadé depuis le 26 juin 2008 et malade par ailleurs, Hama Amadou a dû déchanter depuis lors. Car, Mamadou Tandja, à moins d’un tsunami de sable du Ténéré, n’entend pas lâcher le pouvoir. Si le peuple me réclame pour continuer, j’accepterai sans me poser de questions, a-t-il relevé en substance, tout en promettant de ne pas modifier la constitution. Son acte serait alors simplement identifié à un coup d’Etat civil. Rien ne semble arrêter Mamadou Tandja dans ce sens. D’où son froid acharnement à éloigner définitivement son ex-Premier ministre que le pouvoir accuse de détournements de fonds publics. C’est l’une des premières étapes déterminantes pour le succès de cette opération jusque-là anticonstitutionnelle.

    Le chef de l’Etat nigérien reste sourd à tout appel à la raison démocratique. Pas même les marches organisées à Niamey et à Zinder (deuxième ville du Niger) par des centaines de militants du MNSD, le parti au pouvoir, pour demander la libération de Hama Amadou, n’ont d’effet sur la conviction de Tandja de prolonger son mandat présidentiel. Pour sûr, la société civile nigérienne et tous ces mouvements de protection du processus démocratique ont du pain sur la planche. Ce n ’est pas, dans tous les cas, le prisonnier Hama Amadou, qui devrait être bientôt jugé par un tribunal d’exception, composé de 7 députés de l’Assemblée nationale, qui pourra désamorcer ce coup d’Etat d’un tout autre genre en préparation. C’est d’autant plus vrai que ce sont des membres de cette même institution qui avaient voté en juin 2008, la mise en accusation de l’ex-Premier ministre. De la machination politique, crient les avocats et les militants qui sont restés fidèles à Hama Amadou.

    Qu’a dit Nicolas Sarkozy, qui vient de verrouiller à deux le compteur des mandats présidentiels en France, à Mamadou Tandja lorsqu’il lui a rendu visite en mars dernier ? Le géniteur de la rupture a-t-il eu le courage, ne serait-ce qu’en privé, de le déconseiller dans sa détermination nuisible à mettre un coup de frein à l’alternance ? Rien n’est moins sûr, vu qu’il fallait, au nom des sacro-saints intérêts économiques, faire tomber le mercure entre le Niger et la France dont les relations étaient tendues ; le premier accusant AREVA (un groupe français) de financer la rébellion touarègue. Si l’ancien colonisateur qui sait user, voire abuser du droit d’ingérence lorsque cela l’arrange, opte pour la politique de l’autruche, qui pourra faire entendre raison à Mamadou Tandja ? Le peuple nigérien peut-être ? On attend de voir.

    Morin YAMONGBE

    Le Pays

    « LA PROBLÉMATIQUE DE LA RADIOACTIVITÉ À ARLIT ET AKOKAN Bruno Chareyron expliqueNiger : l’ex-Premier ministre Hama Amadou sera jugé le 23 avril »
    Partager via Gmail

    Tags Tags : , , ,