• Niger : vigilance citoyenne sur l’exploitation minière

    Niger : vigilance citoyenne sur l’exploitation minière

    (Syfia Niger) Depuis l’adoption au Niger de la loi minière de 2006 qui préconise la diversification des partenaires, on assiste à la distribution d’une pléthore de permis de recherche et d’exploitation minière. Le gouvernement promet la transparence. Les organisations de la société civile veillent.

    Alors que les ressources minières dont regorge le Niger (uranium, or, pétrole, charbon et phosphate) attirent de plus en plus d'investisseurs étrangers, la société civile s'organise pour demander plus de transparence dans l'exploitation et plus de retombées pour les populations. Ce contrôle citoyen commence à porter ses fruits. Le gouvernement nigérien a décidé le 15 mars 2008 d’octroyer 1,5 milliard de Fcfa (2,3 millions €) aux communes de la région d’Agadez, zone d’extraction de l’uranium, à 1 200 km au nord de Niamey.
    En plus des Français, les Chinois, les Indiens, les Australiens, les Canadiens et les Sud-Africains se bousculent pour décrocher des permis de recherche et d’exploitation minière et pétrolière. Déjà une centaine ont été octroyés. Quatrième producteur d'uranium au monde, le Niger a de fait mis fin à 40 ans de quasi-monopole du groupe français Areva sur la prospection, l'exploitation et la vente de son minerai. A la faveur de la remontée des cours, le gouvernement a renégocié en août 2007 avec cette société le prix du kilo d’uranium, qui est passé de 27 500 à 40 000 Fcfa (50 à 61 €).

    Une Initiative pour plus de transparence

    Cette concurrence favorise une plus grande transparence d'autant que le Niger a adhéré en mars 2006 à l’Initiative sur la transparence dans les industries extractives (ITIE), lancée en 2002 à Johannesburg par le Premier ministre britannique de l'époque, Tony Blair. Un cadre de concertation composé de représentants de l’État, de la société civile et des industries extractives a donc été créé. L'ITIE a donné à la société civile nigérienne à la fois une légitimité et une impulsion. Plusieurs réseaux se sont créés depuis 2007 pour assurer un contrôle citoyen sur les industries extractives du Niger. Des caravanes de sensibilisation ont sillonné les zones minières pour informer et former populations et élus locaux à ces questions vitales pour les régions.
    "Nous organisions depuis 2007, des conférences publiques, des débats radiophoniques participatifs et des discussions avec les travailleurs et les responsables des industries extractives. Des sensibilisations que nous allons continuer jusqu’à ce que tous les Nigériens comprennent cette Initiative", insiste Ali Idrissa coordinateur du ROTAB (Réseau des organisations de la société civile pour la transparence dans les industries extractives et l’analyse budgétaire).
    Au cours des 36 dernières années, quelque 100 000 t d’uranium ont été extraites du sous-sol nigérien par le groupe français Areva, mais "le Niger n’a tiré presque aucun avantage de cette richesse", estime Mamane Sani Adamou, membre de la société civile et auteur de plusieurs analyses sur l’exploitation de l’uranium au Niger. "Notre pays est toujours classé parmi les plus pauvres au monde, poursuit-il. Et pourtant, l’uranium est le combustible nucléaire le plus important."

    De l'or mais peu d'argent

    L'exploitation de l'or dans la région de Liptako, à environ 120 km à l’ouest de Niamey, semble, elle aussi, avoir peu bénéficié aux Nigériens. Une commission d’enquête parlementaire, dont les résultats ont été rendus publics en mars dernier, souligne la mauvaise gestion de la Société canadienne des mines du Liptako (SML). La commission recommande le remplacement de l’administrateur délégué de la société et demande la révision de la convention minière qui lie l’État du Niger à la SML. Selon le rapport, depuis 2004 que la société canadienne opère au Niger, elle n’aurait versé que 5 milliards de Fcfa (7,6 millions €) pour une production estimée à 8,33 t d’or dont la valeur est estimée à 67 milliards de Fcfa (102 millions €), soit à peine le dixième. La disproportion entre les quantités extraites et les retombées pour les populations a poussé les organisations de la société civile à lancer ce slogan, "Publiez ce que vous payez" à l'adresse des sociétés minières.
    Les Ong demandent l’application de la loi de 2006, qui prévoit la rétrocession de 15 % des revenus miniers aux régions et aux populations des zones d’extractions minières. "Nous sommes désormais juridiquement outillés pour exiger ce qui nous revient de droit dans l’exploitation des richesses de notre région", se réjouit ainsi Alhassane Abass, ressortissant de la région d’Agadez. "Notre lutte commence à payer, estime Almoustapha Alhacen, coordinateur de la société civile à Agadez. Mais il reste toujours la question de la dégradation de l’environnement. Il faut qu’Areva arrête de faire des malades."
    Cependant, malgré la diversification des partenaires, la société française a obtenu, en 2007, le permis d’exploitation du site d'Imouraren dans cette même région d’Agadez. Un gisement estimé à 200 000 t d’uranium : le plus grand chantier industriel jamais réalisé au Niger.

    3/05/2008 ( Niger )
    Souleymane Saddi Maazou
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