• Niger : Un Conseil consultatif fixera le calendrier de la transition

    Après la composition du nouveau gouvernement, diversement appréciée et qui comporte beaucoup de nouveaux noms, les Nigériens attendent maintenant du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, junte) un calendrier sur la conduite de la transition. Entretien avec le colonel Abdoul-Karim Goukoye, porte-parole de la junte.

    Radio France internationale : Vous dites que vous allez rendre le pouvoir, mais qu’est-ce qui garantit les Nigériens que vous allez tenir parole ?

    Abdoul-Karim Goukoye : Cette garantie s’est déjà exprimée à travers le message à la nation fait par le président du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie. Et recommandation nous a été faite par le Conseil permanent de la francophonie de formaliser cela en acte de manière à donner encore plus de garanties. Je crois que nous allons nous y atteler une fois de retour.

    R.F.I. : Concrètement, qu’est-ce que ça veut dire ?

    A-K.G. : On verra bien si ça prendra la forme d’un document écrit qui va donc formaliser cet acte de non possibilité de se présenter aux élections présidentielles.

    R.F.I. : Est-ce que vous promettez qu’aucun membre de ce Conseil suprême pour la restauration de la démocratie et du gouvernement ne sera candidat à la future présidentielle ?

    A-K.G. : Absolument. Et comme je tiens à le rappeler, cette promesse a été faite déjà dans le message à la nation par le président du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie. Donc je crois qu’elle a toute sa solennité.

    R.F.I. : Alors combien de temps va durer cette transition ?

    A-K.G. : En termes de durée, je ne peux vous donner de réponse actuellement. Nous allons mettre très prochainement sur pied un Conseil consultatif qui va élaborer une feuille de route assortie d’un délai pour cette transition. La ligne directrice est celle de l’organisation des élections.

    R.F.I. : En 1999, la transition avait duré un peu plus de six mois. Est-ce que cette fois-ci, elle va durer le même temps ou un peu plus longtemps ?

    A-K.G. . : Laissons les prérogatives au Conseil consultatif. Ils en jugeront et au vu de leur cahier des charges, je crois qu’ils seront en mesure de tailler ce que nous nous qualifions de délai raisonnable.

    R.F.I. : On a l’impression à vous écouter que vous faites une analyse assez critique de la transition de 99 et qu’il y a des erreurs de l’époque que vous ne voulez pas reproduire ?

    A-K.G. : Pas d’analyse critique de la transition de 1999 en tant que telle, mais par contre si analyse il y a, c’est sur les erreurs qui se sont produites dans le passé où effectivement dès le début, il y avait eu une annonce de transition, quelque fois précipitée, pour satisfaire certains besoins exprimés par la communauté internationale ou autre, et l’annonce de ce délai s’est révélée être tronquée par la suite. Et donc nous voulons absolument éviter cette erreur. Nous voulons que, quand nous allons donner un délai de transition, que nous puissions le respecter.

    R.F.I. : Alors la communauté internationale, à commencer par le Nigéria, vous demande de faire une transition très courte ?

    A-K.G. : Nous répondons que nous allons faire une transition dans des délais raisonnables. Il s’agit de ne pas bâcler le travail. Nous voulons des élections libres, transparentes et crédibles.

    R.F.I. : Pouvez-vous nous dire si la transition s’achèvera avant la fin de l’année 2010 ?

    A-K.G. : Je ne peux rien vous dire là-dessus. Laissons le Conseil consultatif préciser les choses.

    R.F.I. : Certains disent que plus la transition sera longue, plus vous prendrez goût au pouvoir, et plus vous serez tentés d’y rester ?

    A-K.G. : Il n’est pas dit déjà qu’elle sera longue et, de plus, je crois que notre affirmation solennelle à ne pas nous présenter, nous sommes des hommes de parole, nous y tiendrons.

    R.F.I. : Quand est-ce que vous donnez une échéance, un calendrier ?

    A-K.G. : La recommandation de la francophonie, c’est de donner une idée de la fin de cette transition au plus tard le 16 avril 2010. Je vais m’en référer aux autorités qui m’ont mandaté pour cette mission et je crois que dans l’entre délai, nous pourrons définir une durée de transition.

    R.F.I. : Vous dites que vous voulez assainir la vie politique. Qu’est-ce que ça veut dire ?

    A-K.G. : Il s’agit surtout de revoir un certain nombre de textes, leur faire un toilettage. Il s’agira bien sûr d’aller chercher dans l’administration, dans beaucoup de domaines, le domaine minier, qu’est-ce qui ne va pas et aller regarder ça de près. Et à partir de là donc, essayer d’assainir la situation.

    R.F.I. : Alors du temps de l’ancien régime du président Mamadou Tandja, des poursuites judiciaires ont été lancées contre plusieurs personnalités politiques. Celles-ci rentrent au pays, est-ce qu’elles risquent d’être arrêtées ou pas ?

    A-K.G. : Les personnalités politiques auxquelles vous faites allusion avaient fait dans le passé l’objet d’un mandat d’arrêt, qui lui-même avait fait l’objet de suspension. Et au stade actuel, ils n’ont pas été réactivés. Ca laisse donc tout naturellement supposer qu’elles sont libres de rentrer et il me semble que certaines d’entre elles ont déjà commencé à regagner le bercail.

    R.F.I. : Il y a un an un accord de paix a été signé entre l’ancien président Tandja et les rebelles touaregs. Est-ce que cet accord tient toujours ?

    A-K.G. : Alors pour ce qui est des accords de paix, nous avons bien sûr l’intention de convoquer cette ex-rébellion et discuter des conditions de mise en application de ces accords qui seraient signés. C’est cette question que nous allons voir de près.

    R.F.I. : Que va devenir l’ancien président Mamadou Tandja ?

    A-K.G. : Pour l’instant, il est gardé pour des raisons de sécurité.

    R.F.I. : Mais quel est l’avenir le plus probable pour Mamadou Tandja. Est-ce plutôt un procès ou plutôt l’exil ?

    A-K.G. : Je préfère ne pas me prononcer.

    R.F.I. : Alors le 18 février, le Premier ministre et cinq ministres du gouvernement Tandja sont détenus. Pourquoi gardez-vous précisément ces six personnalités ?

    A-K.G. : Ce sont des personnages qui ont occupé des fonctions clés, essentielles, et dans un proche avenir, nous allons nous prononcer.

    R.F.I. : Parmi ces détenus, il y a le ministre des Finances et le ministre des Mines de l’ex-gouvernement. Est-ce que ça veut dire que vous voulez faire la lumière sur des contrats qui auraient pu être signés entre l’ancien régime et certaines compagnies minières internationales ?

    A-K.G. : On en reparlera probablement.

    R.F.I. : Est-ce que vous craignez par exemple que l’ancien régime ait déjà vendu par anticipation plusieurs années de production d’uranium ?

    A-K.G. : Je vous trouve très précis sur le coup. Je le dis, nous partons sur une présomption d’innocence. Nous nous jugeons sur pièces et donc nous allons faire un audit de ces concessions qui ont été accordées. Et puis sur cette base donc, les instances vont se charger des dossiers.

    R.F.I. : Si jamais vous découvrez des choses pas très propres, est-ce que certaines de ces personnalités pourraient être jugées ?

    A-K.G. : Je dirai oui.

    R.F.I. : Y compris l’ancien président Tandja ?

    A-K.G. : Je ne souhaite pas répondre à cette question.

    RFI 

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