• Niger: Le Nord sous la pression des difficultés alimentaires du Sud

    Liens sites partenairesAGADEZ, 23 février 2010 (IRIN) - 

    Tous les ans, la région d’Agadez, dans le nord du Niger, accueille des populations des zones agricoles et pastorales du sud du pays venues chercher du travail pendant la période de soudure. Mais cette année en raison de la mauvaise saison des pluies, ces mouvements ont eu lieu plus tôt et en plus grand nombre, un phénomène qui inquiète les responsables locaux dans une région qui souffre elle-même de déficits alimentaires

    Lors d’une rencontre le 19 février avec le Sultan d’Agadez, la plus haute autorité traditionnelle de la région, plusieurs chefs coutumiers ont signalé l’arrivée dans leurs quartiers au cours des dernières semaines d’un important flux de populations du sud en quête de travail.

    « Ces mouvements saisonniers ont lieu tous les ans pendant la période de soudure et Agadez accueille toujours les populations à bras ouverts », a dit à IRIN Almoumoune Ibrahim, fils du Sultan.

    « Mais cette année, à cause des pénuries [alimentaires] dans le sud, les gens sont venus plus tôt et en plus grand nombre », a ajouté Alhadji Guichem Kari, membre d’un comité ad-hoc créé suite aux inondations de septembre dernier.

    Outre le nombre, c’est aussi le profil de ces migrants saisonniers qui a changé cette année, ont noté plusieurs responsables locaux. « Normalement, après les récoltes [dans le sud], les hommes laissent les femmes et les enfants avec des réserves et ils viennent travailler ici, par exemple comme main-d’œuvre dans les jardins maraîchers », a dit M. Kari. « Parfois, les femmes viennent aussi pour occuper des emplois de bonnes. Mais cette année, ce sont des familles entières qui sont venues. Certains ont trouvé du travail, d’autres mendient ».

    Dans un quartier proche de l’aéroport, des centaines de personnes se sont installées sous des tentes traditionnelles. Mariama Adao, originaire de Matameye, près de la frontière avec le Nigeria, est arrivée là il y a trois mois environ.

    « Cette année quand on a vu que les pluies ne tombaient plus, je suis venue très vite… avec six de mes [huit] enfants », a-t-elle dit à IRIN. « D’habitude on fait 20 à 25 sacs [de mil, sorgho, niébé et arachide], mais cette année, on n’en n’a même pas récolté cinq… Il fallait gagner du terrain et venir vite pour trouver de quoi survivre ».

    Liens sites partenairesMariama Adao, environ 40 ans et mère de huit enfants, fait presque chaque année le long trajet entre Matameye, dans le sud du Niger à la frontière du Nigeria, et Agadez dans le nord, pour trouver de quoi survivre pendant la période de soudure. Mais cette année, les mauvaises récoltes l’ont poussée à partir plus tôt, en emmenant six de ses enfants

    « Mon mari est agriculteur [dans la région de Matameye], on fait pousser du mil, du sorgho, du niébé et de l’arachide. D’habitude on fait 20 à 25 sacs, mais cette année, on n’en n’a même pas récolté cinq. Il n’y a pas eu assez de pluies. On n’a connu qu’une seule année comme celle-ci, c’était [en 2005].

    « Quand on a vu que les pluies ne tombaient plus, je suis venue très vite… avec six de mes [huit] enfants. Je ne pouvais pas rester les bras croisés. Il fallait gagner du terrain et venir vite [à Agadez] pour trouver de quoi survivre. Mon mari est vieux, il est resté avec nos deux filles aînées qui sont mariées, elles se débrouillent pour lui apporter à manger. 

    « Nous avons voyagé pendant [plus de deux jours] dans un camion. Un mois après être arrivés j’ai trouvé un emploi pour faire le ménage dans une maison. Mon fils [âgé de 17 ans] est aussi employé de maison. Mon dernier a deux ans. Les enfants ne vont pas à l’école.

    « On vient à Agadez parce que sur les huit régions [du Niger], on a constaté que c’est ici qu’on trouvait le plus de solidarité. C’est aussi ici qu’il y a le plus de vivres. On nous avait dit aussi qu’il y avait des distributions alimentaires, mais jusqu’à maintenant, on n’a rien eu [distributions alimentaires pour les sinistrés des inondations de septembre 2009].

    « Je viens tous les ans mais cette année, on est beaucoup plus nombreux que d’habitude. Tout le monde a des difficultés [dans la région de Matameye]. Parmi mes voisins [à Agadez], quelques uns ont pu trouver du travail, les autres mendient.

    « Pour l’instant, on se débrouille, on s’entraide. Si quelqu’un n’a rien à manger, on va partager. Il y a des bonnes volontés, mais c’est dur. Je ne repartirai pas avant la prochaine saison des pluies dans le sud [dans plusieurs mois]. Il faut des pluies ».

    Thèmes: (IRIN) Santé et nutrition, (IRIN) Migration

    « NIGER: COMMUNIQUE DU SECRETARIAT GENERAL DU GOUVERNEMENTLA JUNTE MILITAIRE NOMME MAHAMADOU DANDAH PREMIER MINISTRE »
    Partager via Gmail

    Tags Tags :