• NIGER: Contre un nouveau mandat de Tanja au Niger

    Niamey, Niger

    Les partis politiques et les organisations de la société civile se soulèvent à Niamey, 48 heures après la publication du mémorandum sur la prolongation du mandat du président Mamadou Tanja ainsi que celui de toutes les institutions de la République pour une durée de trois ans, pour dénoncer "un coup d'Etat contre la démocratie", a constaté sur place la PANA.

    Selon le président du Parti nigérien pour l'autogestion (PNA-Aloumah), Sanoussi Tambari Jackou, il est inacceptable que des Nigériens décident de prolonger le mandat du président ainsi que celui des institutions, ignorant royalement les partis politiques.

    "Cela fait presque dix ans que nous sommes dans l'opposition, animant nos formations politiques dans l'espoir de voir arriver les élections et aller démocratiquement à la conquête du pouvoir et on nous dit que les institutions vont rester en place comme si c'est un coup d'Etat. Cela veut dire que nous ne comptons pas dans ce Niger. Nous n'accepterons jamais que les institutions en place soient pérennes, la démocratie c'est l'alternance", a-t-il martelé.

    Pour le président du Mouvement patriotique nigérien (MPN/Matassa), Abdoulaye Sanda Maiga, les agissements des partisans du président Tanja sont dénués de sens civique. "Ce que nous avons vu de la part des partisans du président Tanja est tout simplement inadmissible, choquant et insultant ; on veut nous amener à accepter sur des bases qui ne tiennent pas la route qu'on doit aller vers une prolongation du mandat des institutions ; nous estimons que les Nigériens dans leur majorité ne partagent pas cette opinion", a-t-il affirmé.

    A côté des réactions de ces partis politiques, nombre d'acteurs de la société civile crient au scandale et appellent à la mobilisation générale pour faire échec à cette entreprise.

    "Si le président Tanja accepte de jouer le jeu de ces aventuriers, il s'expose à un double parjure en violant la constitution et en même temps son serment coranique", a estimé un responsable d'ONG, Abdoul Aziz Landan, invitant les populations à se mobiliser jeudi prochain pour protester contre ces manoeuvres.

    Selon un responsable du Comite de réflexion et d'orientation indépendante pour la sauvegarde des acquis démocratiques (CROISADE), Morou Amadou, "les organisateurs de cette entreprise périlleuse pour la démocratie et la République doivent comprendre que la constitution est sans équivoque en ce qui concerne le mandat du président de la République".

    "L'article 36 stipule que celui-ci est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. On ne peut pas nous inviter à renier notre mission pour plaire à un groupuscule d'individus au demeurant mus par des intérêts opportunistes ; la constitution est le seul intérêt permanent et impersonnel qui garantit l'intérêt général ; ils savent eux-mêmes qu'il n' y a aucun mécanisme permettant de proroger le mandat du président Tanja", a-t-il soutenu.

    Pour Laouali Sayabou, du réseau "Touche pas à ma constitution", il s'agit d'un "appel à la violation massive de la constitution, qui procède d'une logique de vaincre la République". "Nous pensons que la mobilisation doit être de mise par rapport à l'émergence de cette opinion nihiliste de la liberté ; elle doit être combattue ; les organisateurs de cette entreprise veulent au nom de leurs intérêts mettre en relief un certain nombre d'acquis à l'actif du président de la République pour s'éterniser au pouvoir et constituer une sorte de potentat politique", a-t-il dit.

    Les organisations de la société civile nigérienne dans leur ensemble se posent en rempart contre la violation de la constitution, créant un front uni pour la sauvegarde des acquis démocratiques. "Aujourd'hui, dix organisations de la société civile y ont adhèré, d'autres se préparent à nous rejoindre", a indiqué Morou Amadou.

    On rappelle que dimanche dernier, les partisans du président Tanja avaient, à l'occasion de l'anniversaire de son investiture, organisé un meeting au cours duquel ils ont rendu public un mémorandum qui prévoit une prolongation du mandat de ce dernier ainsi que celui de toutes les institutions de la République en place pour une durée de trois ans, la mise en place d'une transition en attendant l'élaboration d'une nouvelle constitution avec un régime présidentiel "jugé plus adapté aux réalités socioculturelles du Niger".

    Ils justifient leur démarche par la nécessité de permettre au président Tanja de parachever les "innombrables chantiers qu'ils a ouverts, à savoir, le barrage de kandadji, la raffinerie de pétrole de Zinder, le second pont de Niamey".

    Ce débat sur une éventuelle prolongation du mandat de Tanja entretenu par des hommes et des femmes regroupés au sein de comités de soutien au président Tanja trouble le climat politique depuis plusieurs mois, sans qu'aucune déclaration officielle ne vienne fixer les Nigériens sur la position réelle du chef de l'Etat.

    Même son adresse à la nation à l'occasion du cinquantenaire de la République, le 17 décembre dernier, n'avait pas permis d'en savoir plus. Le président Tanja n'avait pas dit un seul mot de la tenue des élections en 2009 et encore moins des appels incessants à la prolongation de son mandat, plongeant les Nigériens dans l'expectative.

    Mamadou Tanja a été élu en 1999 puis réélu en 2004 pour un mandat qui arrive à son terme en décembre 2009.
     
    Niamey - 23/12/2008

    Pana

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