• Les renards du désert

    Liens sites partenairesLa guerre s’intensifie au nord du Mali entre les réseaux terroristes et les pays riverains soutenus par la France et les États-Unis.

    Le raid mené par des forces franco-mauritaniennes jeudi dernier dans la région de Tessalit rappellerait les opérations des Long Range Desert Group contre l’Afrika Korps durant la dernière guerre mondiale, à l’époque des « rats » britanniques du désert contre le « renard » allemand Erwin Rommel.

    Les soldats des deux pays auraient gagné leur zone d’action à bord d’une colonne de véhicules. Cette information, donnée sur le site internet secret défense, dément la thèse de l’opération aérienne. Des témoins ont pourtant fait état d’une intense activité sur la plateforme aérienne de Tessalit, au nord du Niger, le jour de l’attaque.

    Les deux informations ne sont pas pour autant contradictoires. Tessalit est située au cœur d’une sorte d’« Al-Qaïda land » saharien. Les derniers affrontements, et les plus violents qui ont eu lieu au Sahel, se sont déroulés dans ce vaste secteur désertique. Géographiquement (voir notre infographie), Tessalit est une sorte de verrou, qui bloque les accès aussi bien à l’Algérie qu’à la Mauritanie, au Niger ou au sud du Mali.

    Une ambiance comme dans « Fort Saganne »

    La vaste région de Tessalit ne compte que 23 000 habitants, principalement des Touaregs. Ce poste était déjà connu du temps de la colonisation. Des photos d’époque montrent d’ailleurs un ouvrage saharien que l’on dirait sorti du film Fort Saganne.

    Cette zone a été peuplée alors que le Sahara était encore fertile, comme en atteste la présence de gravures rupestres. Les massifs montagneux offrent de nombreuses cavernes, où peuvent se réfugier les commandos islamistes. Ceux-ci peuvent aller facilement d’une frontière à l’autre soit pour y perpétrer leurs attaques, soit pour se réfugier dans un secteur plus tranquille.

    Le 16 juin dernier, l’armée malienne avait attaqué une katiba extrémiste à Garn Akassa, à l’ouest de Tessalit. Deux semaines plus tard, les forces algériennes perdaient onze hommes dans une embuscade à Tinzaouatine, sur la frontière entre l’Algérie et le Mali.

    L’engagement officiel français change la donne. Il se faisait discret jusqu’à présent. On sait que des instructeurs appartenant aux forces spéciales françaises entraînent les soldats mauritaniens à Atar, au nord de la Mauritanie.

    Des instructeurs ont été aussi dépêchés à Sévaré, au Mali, pour former les forces de ce pays à la lutte antiterroriste. Jusqu’à présent, le Mali était suspecté de mollesse par ses voisins. L’attaque du 16 juin dernier est, de ce fait, un changement notoire dans la position malienne.

    Mais les forces armées maliennes apparaissent « trop tendres ». D’où l’assaut mené par les Français et les Mauritaniens. Les informations distillées dans les deux pays font état d’un rassemblement de 150 terroristes islamistes décidés à mener une opération militaire. On ignore leur objectif. Mais l’importance du dispositif et, en parallèle, les nombreux mouvements de troupe observés à Tessalit peuvent laisser penser que l’attaque pouvait fort bien avoir ce point sensible pour objectif.

    R.C.
    lalsace.fr
    « L'insécurité, un frein au tourisme et à l'action humanitaireLa bombe sahélienne amorcée »
    Partager via Gmail

    Tags Tags : , , , ,