• Les origines préhistoriques et paléoberbères des Touaregs à travers l’art 1/6

    Les origines préhistoriques et paléoberbères des Touaregs à travers l’art 1/6
    Pour remonter aux origines préhistoriques et paléoberbères du peuple touareg, les spécialistes font appel à deux grandes catégories de sources :celle de l'archéologie et celle de l'histoire de l'Antiquité. Les sources archéologiques sont la paléo-anthropologie (l'étude des restes osseux), les monuments funéraires et l'art rupestre. Les sources historiques disposent de l'iconographie égyptienne et des témoignages des auteurs gréco-latins.

    Les architectures funéraires sahariennes se comptent par milliers, mais malgré l'excellente étude réalisée sur celles du Sahara méridional (Niger)(F.Paris) et secondairement celles du Tassili des Ajjer, celles-ci n'ont pas encore livré tout leur potentiel de connaissances, notamment sur le type antropologique physique des anciens Berbères qui y ont été inhumés. Les sources paléo-anthropologiques ne sont certes pas négligeables dans la région du Maghreb où des nécropoles ont livré quelques centaines de squelettes entiers de Mechtoïdes (Hommes des sites éponymes de Mechta-Afalou, en Algérie) et de Proméditerranéens Capsiens (Hommes du site éponyme de Gafsa, en Tunisie). Mais, au Sahara où les collections sont plus réduites, éparses ou en attente d'analyses, il est encore difficile d'avoir une vision claire des ancêtres possibles des Berbères quoique que nous sachions déjà que, là aussi, le peuplement des temps préhistoriques se partageait entre Mechtoïdes et Protoméditerranéens. Au Sahara central, dans les régions où le peuplement touareg s'établira (Adrar des Ifoghas, Ahaggar, Tassili des Ajjer, Tadrart Acacus et Tadrart méridionale, Aïr), la reconstitution de ce long cheminement historique et l'approche des lointains ancêtres des Touaregs doivent presque tout à l'archéologie, notamment l'art rupestre. Sans cet art, nous ne saurions que peu de choses sur les Premiers Berbères, sur leur apparence physique et leur vie quotidienne, leurs sociétés ou leur culture matérielle. Avec l'Antiquité, les témoignages écrits des auteurs gréco-latins (Hérodote, Strabon, Pline, Procope, Corippe...), ainsi que des éléments historiques émanant du Proche-Orient, du monde égéen, des empires carthaginois et romains, mais aussi de l'iconographie de l'Egypte prédynastique et pharaonique vont apporter, à leur tour, une somme de connaissances ; celles-ci, souvent, recoupent les données archéologiques.

    Au Sahara central, les premiers Berbères apparaissent dès le Néolithique, la dernière et la plus brillante des civilisations du Sahara. On les appelle " les Protoberbères bovidiens " et leurs premières traces se manifestent vers 7 000 ans environ. Ils vont évoluer en populations que l'on désigne sous le nom de " Paléoberbères ", ces Libyens et Garamantes de l'Antiquité. Ils correspondent, dans le temp,s au début de l'Antiquité. D'autres vagues de migrations berbères se succèderont durant la période médiévale et moderne, notamment les grandes tribus chamelières Sanhadja qui fuient les conquêtes musulmanes pour s'établir au Sahara. Elles vont se sédimenter à la souche préhistorique et antique pour constituer la trame du monde touareg tel que nous le connaissons aujourd'hui. Ce cheminement historique millénaire résistera à toutes les adversités dont la plus éprouvante fut celle de survivre à l'âpreté du désert où le choix de rester libre guida ces nomades irréductibles. C'est dans un Sahara encore vert, un foyer innovateur de la pensée et des techniques, que les Protoberbères bovidiens apparaissent, bénéficiant des derniers millénaires humides qui verdissent encore cette vaste région. Les plus anciens témoignages de la Berbérité sont donc des images, des fresques peintes et gravées datant des derniers millénaires de la préhistoire. La paléoclimatologie, les sites archéologiques et la faune sauvage reproduite par les peintures et les gravures montrent que le Sahara des Protoberbères se partageait entre la savane et la brousse, un paysage sur lequel régnait un climat de type sub-tropical, qui va, néanmoins, assez vite s'assécher. L'art rupestre et les ossements animaux découverts en fouille permettent de reconstituer toute une faune sauvage : éléphants, girafes, autruches, antilopes oryx et gazelles. Si le fleuve du Tafessasset avait gardé ses eaux, le désert n'aurait pas investi le Sahara : il serait devenu le Nil des Protoberbères dont le destin aurait été différent de celui d'avoir à lutter sans relâche pour la survie. Ils sont les riches héritiers de ce prodigieux progrès humain que fut la civilisation néolithique du Sahara, une des plus anciennes du monde, aussi ancienne et innovatrice que celle du fameux croissant fertile au Moyen-Orient. Quand, il y a 7 000 ans, les aristocrates protoberbères habillés de leurs beaux atours occupaient le Sahara, le nord de l'Europe découvrait à peine la poterie et l'Egypte n'était ni le territoire unifié, ni le pôle fondateur qu'elle deviendra deux milles ans plus tard.

    Source:Afriquedunord.com

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