• Le message de la rébellion touareg à la France

    Les rebelles touaregs du Mouvement des Nigériens pour la Justice ont confié deux lettres aux quatre employés d'Areva qu'ils ont libérés ce mercredi.

    Les deux lettres ont été confiées au quatuor d'employés du groupe français Areva, libérés hier mercredi par les rebelles touaregs du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ), soit quatre jours après leur kidnapping à Arlit, épicentre de la région uranifère où opère le n°1 mondial du nucléaire civil. L'une est adressée à Anne Lauvergeon, la patronne d'Areva ; l'autre, en des termes analogues, à Nicolas Sarkozy.

     Voici, pour l'essentiel, la teneur du message destinée à la première.

     « Madame,

    Nous avons l'honneur de vous informer de l'enlèvement de quatre Français travaillant pour la Cominak à Akokan (Arlit). Il s'agit de... (suivent les noms des intéressés, trois hommes et une femme). Par cet acte, effectué sans qu'aucun coup de feu n'ait été tiré ni aucune violence utilisée, le MNJ entend apporter la preuve que la sécurité de vos installations et de votre personnel ne peut être assurée par l'armée nigérienne.

    Aussi voulons-nous vous rappeler que l'exploitation de nos ressources minières ne saurait se faire continuellement alors que les populations autochtones sont exclues, sinon sous-employées, par votre société. Au moment où l'uranium est exploité dans la région d'Arlit, l'armée nigérienne se complaît depuis le début de cette rébellion dans le massacre de populations innocentes, la destruction de leur capital productif (cheptel, commerce, maraîchage), les arrestations arbitraires et les exécutions extra-judiciaires, ainsi que les brimades en tous genres.

    Madame, le ciblage de ces quatre Français n'est pas un hasard. Il est guidé par le souci d'avoir des interlocuteurs crédibles, susceptibles de transmettre de façon objective un message auquel la communauté internationale est restée jusqu'alors sourde.

    Le MNJ, loin d'être contre l'exploitation des ressources minières , encore moins contre le groupe Areva, comme veulent le faire croire les autorités nigériennes, demande tout simplement une implication des populations autochtones dans la gestion des ressources, y compris l'uranium, pour leur assurer le minimum vital, notamment la disponibilité en eau, l'éducation et la santé, ainsi que le reversement des subsides aux communes concernées et le plein emploi des autochtones entre autres.

    L'exploitation doit tenir compte encore une fois des besoins réels de ces communes et de leur mode de vie, de façon à atténuer ou réduire considérablement leurs effets négatifs sur l'environnement (radioactivité, atrophie de l'espace pastoral, rejets toxiques).

    Par ailleurs, nous tenons à vous faire savoir que le contrat que vous avez signé avec le gouvernement du Niger n'engage nullement le MNJ, tant qu'une politique de prise en compte des aspirations légitimes des populations du Nord n'est pas une réalité. En effet, le MNJ vous tient pour responsable et/ou complice des injustices commises des décennies durant, tant en terme de gestion que de partage des revenus tirés de l'uranium. Revenus utilisés par le gouvernement du Niger pour l'achat d'arme à des fins de destruction d'un peuple, basée sur des considérations ethniques. Nous vous demandons par conséquent de prendre en compte nos revendications et d'être notre porte-parole auprès du gouvernement et du peuple français pour un règlement rapide, juste et durable du conflit qui nous oppose au pouvoir corrompu et irresponsable du Niger.

    Nous vous rappelons que le peuple et le gouvernement français, de par leur histoire, ont une responsabilité dans les injustices subies  par le peuple touareg et seront toujours sollicités pour trouver une solution durable à sa situation. Comptant sur la tradition française et occidentale de respect des droits des peuples à l'autodétermination, nous vous réitérons notre confiance dans la poursuite et l'extension de vos activités au nord de notre pays (...).

    Cependant la poursuite de ces activités  et leur extension éventuelle dépendront immanquablement de nos bonnes relations et de la résolution de ce conflit où la France est vivement sollicitée pour apporter son concours.

    Tout en comptant sur votre disponibilité, nous vous prions, Madame, de croire en l'assurance de notre franche collaboration. » 

    Source:Par Vincent Hugeux- lexpress.fr publié le 26/06/2008


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