• Le coup d'Etat est consommé

    Le président Mamadou Tandja, à la tête du pays depuis 1999, a organisé un référendum le 4 août afin de modifier la Constitution et demeurer au pouvoir. En l'absence de tout contrôle démocratique, le oui va bien sûr l'emporter, ironise le quotidien burkinabé L'Observateur Paalga, qui invite l'opposition à préparer les élections législatives, prévues le 20 août, et lutter contre l'autocratie qui se met en place.

    Ce n’est donc pas un hasard si, au lendemain de l’élection, le taux de participation est au centre de la controverse. D’un côté, Mamadou Tandja et ses partisans soutiennent que la mobilisation a été très forte et avancent un taux de participation oscillant entre 75 et 90 %. De l’autre, l’opposition se félicite de l’échec de ce scrutin auquel moins de 10 % des Nigériens auraient pris part. Dans tous les cas, on savait que le non n’allait pas passer. Après avoir dissous l’Assemblée nationale et la Cour constitutionnelle, puis s’être octroyé des pouvoirs exceptionnels afin de pouvoir gouverner par ordonnances, le président Tandja n’allait pas laisser son rêve s’évanouir dans les urnes.

    a victoire du oui n’est pas une surprise en soi, puisque "c’est le peuple même qui a voulu ce référendum". De plus, sous nos tristes tropiques, dans les républiques bananières bon teint, c’est bête de perdre des élections qu’on a soi-même organisées ! On imagine aisément que le colonel Tandja, qui a orchestré ce scrutin seul, sans le moindre observateur international, a pris les dispositions nécessaires pour s’offrir une large et belle victoire avec un score stalinien. Ce n’est que logique car, quand on réalise le sale boulot qu’il a fait, le minimum est de s’assurer la victoire.

    C’est en fait un véritable coup d’Etat que le colonel Tandja vient de réussir sans coup férir. Pour sûr, sa stratégie de s’accrocher au pouvoir par le biais d’un changement de Constitution fera recette dans nos contrées où les présidents n’ont qu’une ambition tenace : mourir au pouvoir.

    Comme ça donc, depuis le 4 août, le Mamadou Tandja s’est définitivement installé à la présidence nigérienne. La nouvelle Constitution qu’il s’est taillée sur mesure lui donne de facto le droit de prolonger de trois ans son actuel mandat qui devait s’achever en décembre prochain. C’est vrai que le président a toujours déclaré qu’il n’allait pas se présenter après 2012. Mais, si on tient compte de sa logique, ce n’est pas lui qui décidera mais bien "le peuple souverain du Niger" qui appellera "son messie" à briguer d’autres mandats pour son bonheur et pour achever les nombreux chantiers qu’il a ouverts et d'autres à venir. Dans cette logique, comme un serpent qui se mord la queue, c’est un cycle présidentiel sans fin que Tandja entame.

    Avec cette nouvelle Constitution en poche, le plus dur reste à venir pour le président. Car, s’il a remporté une bataille, la guerre est loin d’être gagnée. En premier lieu, il devra lutter ferme pour s’imposer aux élections législatives qu’il ne tardera pas à convoquer dans les jours ou semaines qui suivent. Ce sera pour lui un grand test et surtout l’occasion de démontrer sa popularité si tant est qu’il est vraiment adulé par son peuple comme il le prétend. L’opportunité sera aussi offerte à l’opposition de lui porter la contradiction en raflant la mise à ces législatives.

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que Tandja tout comme ses opposants joueront gros lors de cette consultation législative. Mais, prudent, le président a pris le soin de faire en sorte qu’il ne puisse pas être renversé par les députés au cas où le Parlement lui serait hostile. Dans tous les cas, c’est véritablement après ce scrutin législatif que l’on pourra mieux cerner la recomposition de la classe politique nigérienne et le repositionnement de ses acteurs

    L'Observateur de palaga 

    « L’autoritarisme de Tandja risque de plonger le pays dans une guerre civileNiger: le résultat du référendum constitutionnel annoncé vendredi »
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