• La rébellion touareg fait parler la poudre en plein désert

    La rébellion touareg fait parler la poudre en plein désert
    C'est le bilan le plus lourd depuis la reprise du conflit touareg dans le nord du Mali, il y a un an : l'assaut du poste militaire d'Abeïbara, près de la frontière algérienne, mercredi 21 mai, a fait 32 morts, dont 10 côté gouvernemental, selon l'armée. Retour sur ce conflit.

    Que veulent les combattants touaregs ?

    La rébellion touareg éclate périodiquement depuis l'indépendance, en 1960. Les revendications, d'abord autonomistes, visent aujourd'hui à promouvoir le développement de cette région délaissée, pauvre parmi les pauvres. Les rebelles exigent aussi le retrait des troupes gouvernementales de la région de Kidal (prévu par l'accord d'Alger de juillet 2006), l'intégration de leurs combattants dans l'armée et la création d'une unité militaire spéciale, composée de Touaregs.

    Que s'est-il passé depuis l'accord de paix d'Alger en 2006 ?

    Un an après la signature du plan de paix, qui stipule que les Touaregs renoncent à réclamer l'autonomie tandis que Bamako doit accélérer le développement du Nord et réduire progressivement sa présence militaire, un groupe rebelle s'est reformé autour d'Ibrahim Ag Bahanga et son Alliance touareg Nord Mali pour le changement (ATNMC), au motif que le calendrier d'application de l'accord n'était pas respecté. Dès les premiers combats, ils ont capturé une trentaine de militaires, finalement relâchés au compte-gouttes, grâce notamment à une médiation libyenne. Mais, en mars 2008, une semaine après les dernières libérations, les rebelles ont eu un nouvel accrochage avec les troupes gouvernementales arrivées en renfort dans la région : 33 soldats sont à nouveau faits prisonniers. Le 6 avril, deux officiers touaregs sont assassinés à Kidal. Le cessez-le-feu, signé à Tripoli (Libye) trois jours auparavant, vole en éclats. La population touareg a fui la ville de Kidal pour s'établir dans le désert. Depuis, les attaques éclairs des rebelles se multiplient : la ville d'Aguelok, la caserne de Diabali, le poste de la garde nationale du cercle d'Ansongo ont été pris d'assaut. Malgré le retour d'Alger dans la médiation, les relations entre rebelles et gouvernement sont au plus bas.

    Que peut faire le président Amadou Toumani Touré (ATT) ?

    La gestion du conflit est entièrement déléguée à l'état-major particulier du chef de l'Etat, qui communique très peu sur le sujet. Jusqu'ici, ATT a tenté de privilégier le dialogue malgré les appels quotidiens de la presse et des partis d'opposition à une gestion plus «dure» du conflit, à l'image du voisin nigérien. Le 17 mai, le chef de l'Etat a lancé un nouvel appel à la paix, en acceptant une médiation de l'Association populaire et sociale des tribus du Grand Sahara, dépêchée par Kadhafi, qui considère que le Nord Mali fait partie du Grand Sahara, dont le dirigeant libyen se voit le parrain.

    Mais l'escalade des rebelles pousse le président malien dans ses retranchements. «Je suis pour la paix, mais si je dois faire la guerre, je la ferai [...] Nous n'accepterons plus de surenchères», a-t-il affirmé. D'autant que les négociations ressemblent de plus en plus à un dialogue de sourds, chaque partie se réclamant de l'accord d'Alger et accusant l'autre de le violer. Pourtant, en cas d'option militaire, ATT sait que le terrain lui est extrêmement défavorable. Les rebelles touaregs sont chez eux dans le désert et il sera très difficile à l'armée de les déloger.

    source: libération

    « Amnesty International épingle le MaliNIGER: une mission de "bons office" envoyée à Niamey par Tripoli »
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