• NIGER: Des ONG dénoncent des "indemnités faramineuse" des députés
    NIAMEY, 19/05 - Des ONG nigériennes ont appelé lundi à des manifestations mercredi à Niamey pour protester contre "des indemnités faramineuses" que se seraient accordées les députés.

    "Nous invitons les populations à sortir assivement pour barrer la route à ces prébendiers", a déclaré aux radios et télévisions privées Nouhou Arzika, le principal meneur des mouvements populaires contre "la vie chère" en 2005 et 2006 au Niger.

    Le premier texte, voté le 5 mai par les 113 députés et dont des extraits sont publiés dans la presse, accorde notamment à chaque élu une retraite de quelque 600.000 CFA (moins de 1.000 euros), des allocations familiales et élargit l`assurance médicale à leurs enfants étudiants jusqu`à l`âge de 25 ans.

    Chaque député aura droit à 90 jours d`indemnité parlementaire, à raison de 24.000 CFA (36 euros) par jour dès sa prise de fonction et le double de cette indemnité à la fin de son mandat. Cette indemnité est multipliée par trois en cas de dissolution du parlement.

    Pour ses missions à l`extérieur, une indemnité journalière de 260.000 CFA (390 euros) lui est accordée, selon le texte. Un second texte consacre une pension de retraite à tous les anciens présidents de l`assemblée avec immunité diplomatique. Ces anciens présidents auront aussi droit à une villa meublée, quatre agents de sécurité, deux véhicules avec chauffeurs et des domestiques.

    source: angolaPress
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  • Entre Nous: Le cri de cœur d’ATT
    Mai 2008, le président ATT pour la deuxième fois en l'espace de deux petites années s'adressait à ses compatriotes sur le climat de belligérance quasi - récurrente dans le nord - Mali.

    La première fois, c'était à Diéma en mai 2006, quelques heures après l'attaque de ‘'l'Alliance du 23 mai''. Et la seconde fois a eu lieu la semaine dernière, au détour d'une tournée à l'intérieur du pays, quelques jours après les attaques de Diabaly et Ansongo.

    Le ton du président a changé. Il est à la fois conciliant et musclé. Plus que jamais, Amadou Toumani mesure la gravité de la situation. Il dénonce, rappelle et invite à l'unité et à la cohésion autour des valeurs non marchandes ‘' l'intégrité du territoire national et l'unicité du pays''. L'heure est grave, le pays va mal, très mal. L'école, la cherté de la vie...les bandits armés qui multiplient leurs forfaits loin de leur base arrière, venant jusqu'en 4e région, à Diabaly.

    Quel culot ! Bahanga a décidé que notre pays ne connaîtra plus de repos et pousse l'insolence jusqu'à affirmer qu'il n'a rien ‘'à cirer dans la zone office''. Alors que, au même moment, son bras droit et porte-parole, Ag Hama, soutient le contraire. Allant jusqu'à fanfaronner qu'il n'a peur de rien et ne serait plus loin de prendre le contrôle du pays tout entier. Marcher sur Bamako ne serait pas du domaine de l'impossible pour lui et ses hommes. C'est écrit dans le plus récent numéro de Jeune Afrique. Lui et ses hommes ou lui et ses mentors ?

    Face à l'enlisement de la crise le président Amadou Toumani, à notre avis, a eu la très bonne lecture de la situation lorsque, à Niono et après son passage à Diabaly plus précisément, il dénonçait l'amalgame dont usent les bandits armés comme stratégie de combat. ‘'Foutre le bordel un peu partout'' c'est aussi une façon de faire passer dans l'opinion l'idée selon laquelle ils sont en mesure de frapper un peu partout sur le territoire. Ils pourraient ainsi braquer les maliens les uns contre les autres.

    Le président ATT ne va pas par quatre chemins parce qu'il sait désormais ce que veulent Bahanga et consorts. C'est un peu la raison de l'exercice d'explication et de rappel à laquelle il s'est prêté. «Ils ont attaqué Diabaly pour deux raisons : créer l'amalgame et nous diviser en faisant en sorte que la population blan­che et la population noire se chamaillent. Ils veulent nous mettre dos à dos et créer la zi­zanie entre nous. Cela, il ne faut pas l'accepter.

    Le Mali est UN et INDIVISI­BLE conformément à sa de­vise: UN PEUPLE, UN BUT, UNE FOI. Faites attention à cet amalgame qu'ils essaient de créer au sein de nos popula­tions. Parce que la commu­nauté arabe et touarègue, dans sa plus grande majorité, a re­fusé de suivre ces aventuriers. Puisqu'ils ont échoué auprès des communautés touarègues et arabes, maintenant ils se di­sent : ‘'autant faire de la provo­cation et créer des troubles au sein de la population noire. Dans ces conditions, si elle se sent indisposée et atteinte de doute, c'est eux (leurs frères restés attachés au pays) qui vont nous rejoindre''.

    L'unité nationale et l'intégrité territoriale... ni discutables ni né­gociables...

    On me dit souvent qu'on veut le développement. Des fois, on me parle de la paix. Depuis quand avons-nous fait la paix ? Depuis 1992 avec le «Pacte national». Ce jour, j'étais là... On me parle de la paix. Je suis acquis à la paix, je m'investis pour la paix et j'étais là le 4 juillet pour négocier, pour expliquer et vous faire accep­ter la paix à travers ce qu'on appelle les «Accords d'Al­ger».

    Nous avons dit qu'au Mali tout est négociable, sauf deux choses: l'unité nationale et l'intégrité territoriale. Celles-ci ne sont ni discutables ni né­gociables. Il n'en est pas ques­tion et il n'en sera pas ques­tion. Au-delà, tout le reste, c'est du verbiage. Si vous voulez discuter interminable­ment sur d'autres choses, as­seyez-vous et parlons-en !

    Nous sommes convenus tout dernièrement sur ce qui con­vient d'appeler le «Protocole d'entente de Tripoli». A Tri­poli, il n'y avait que deux choses à discuter :

    C'était le cessez-le-feu et la libération des otages qui est une action humanitaire qui n'est pas liée aux Accords d'Alger.

    En effet, nous avons dit que l'Accord d'Alger reste le seul et unique cadre de dialogue et de négociation. Et ceux qui se mettent en dehors de cet Ac­cord se mettent en dehors du Mali, donc se mettent hors la loi. Alors, nous allons les combattre avec toutes les conséquences qui vont en ré­sulter.

    Aujourd'hui, dans nos ré­gions, une grande partie de nos unités de défense et de sécurité sont commandées par des offi­ciers touaregs et arabes. Donc nous n'accepterons pas l'amal­game. N'acceptons pas qu'au niveau de nos villes qu'on nous fasse accepter une autre guerre dont nous n'avons pas besoin. Pendant des décennies et des siècles nous avons bâti une Nation et une communauté unies vivant en harmonie. Il nous faut préserver cette Na­tion. »

    C'est vrai que tout le monde voit midi à sa porte. On peut se tromper d'appréciation mais le crime serait de persister dans l'erreur. ‘'L'unité nationale et l'intégrité territoriale... ni discutables ni né­gociables...'' Nous ne doutons pas un seul instant qu'ATT y croit. A notre avis, tous les Maliens devraient s'engager plus que jamais à éteindre le feu. Toute la classe politique, à commencer par ses amis d'avril 2007, devrait s'y atteler en priorité, au lieu de fourbir les armes pour les élections de 2012. Car, il ne faut pas - et ce dans l'intérêt de tout le monde - que la situation se dégrade davantage. Dans le pire des cas même 2009 risque d'être trop tard, a fortiori 2012.

    On comprend alors pourquoi le président appelle à l'unité de tous derrière les forces de défense du territoire national. Notre armée, s'est - il convaincu, a plus besoin de notre attention à tous, de notre soutien à tous, mais nullement de critiques stériles «Comme je dis souvent, au lieu de critiquer inutilement l'armée, il faut la soutenir. Nous avons des hommes et des femmes au Nord du Mali, à 50° à l'ombre, qui se battent. Soutenez-les. C'est notre armée. C'est grâce à elle que nous ne connaissons pas l'avancée de certaines conséquences des attaques de ces bandits armés. Il faut soutenir notre armée.

    Il faut que le Mali parle d'une seule voix. Le problème du Nord Mali n'est pas un pro­blème politicien. Si je dis politicien, ce n'est pas dans le sens positif mais il s'agit du sens négatif. C'est tous les Maliens, ensemble dans l'unité et dans la cohésion nationale, qui doivent s'asseoir pour trouver une solution à cette situation. C'est ce que je souhaite en tout cas pour mon pays. Dans le cas contraire, elle sera autrement, si autrement s'impose en nous. Je voudrais donc vous saluer et vous remercier pour vos bé­nédictions pour que la paix s'installe au Mali »

    Une main tendue à l'opposition nationale pour un débat franc et constructif ?

    Le président de la république semble souffrir plus de l'isolement dans lequel ses propres amis politiques le confinent plus que l'animosité d'une opposition qui, elle, ne demande qu'à être consultée ou impliquée sur les grandes questions de l'heure : la cherté de la vie, l'école et sans doute la crise du nord. Ce n'est pas trop et ATT semble résolument partir dans ce sens. L'appel de Niono en tout cas l'atteste à suffisance. IBK et les siens prendront - ils la balle au rebond ?

    Sory Haïdara

    Le challenger du 19 mai 2008
    Source: lemali.fr

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  • Contrer l’Iran et le Hezbollah, nouvel argument pour une présence militaire américaine au SahelAprès le Golfe et le Liban, la guerre d'influence que se livrent Américains et Iraniens dans le monde musulman va-t-elle s'étendre à la région du Sahel, aux frontières de l'Algérie ? Depuis quelques mois, les troupes spéciales américaines opèrent dans la région, y compris dans le désert algérien. Washington continue également d'exercer des pressions sur ces pays pour les convaincre d'accepter d'accueillir le commandement régional américain pour l'Afrique (AFRICOM).

    Officiellement, les Américains veulent s'y installer pour traquer les réseaux d'Al-Qaïda qui tenteraient de faire du Sahel une nouvelle zone djihadiste. Mais la traque de quelques dizaines de terroristes islamistes peut-elle justifier à elle seule l'acharnement américain à vouloir implanter des bases militaires dans cette région ? En réalité, outre la traque d'Al-Qaïda et la sécurisation des installations pétrolières et la sécurisation des installations pétrolières, notamment le futur gazoduc qui reliera le Nigéria à l'Europe via l'Algérie, les Américains ont, selon nos informations, une autre raison- à leurs yeux la plus importante- de vouloir être présent au Sahel : surveiller la communauté chiite libanaise.

    De plus en plus importante et influente dans plusieurs pays de la région (Mali, Niger, Nigéria…), cette communauté, qui dispose de moyens financiers importants, est soupçonné par les Américains d'être liée à l'Iran et au Hezbollah libanais. « En Afrique, la communauté libanaise est essentiellement chiite. Sur place, elle fait un travail important de conversion des populations locales au chiisme. Le phénomène reste discret mais il prend une ampleur qui inquiète les Américains », explique un spécialiste de la région qui a requis l'anonymat.

    Les Américains soupçonnent également les Chiites libanais établis dans les pays d'Afrique de participer au financement du Hezbollah, en lui transférant d'importantes sommes d'argent. En cherchant à s'implanter durablement au Sahel, l'armée américaine entend exercer un contrôle sur ces transferts de fonds vers le mouvement libanais. Mais, pour l'heure, l'Algérie, pays où les Américains souhaitent établir une base militaire refuse de répondre favorablement aux demandes de Washington. La proposition marocaine d'accueillir une base sur son territoire n'intéresse que très peu les Américains. « L'Algérie est le pays du Maghreb qui a le plus de profondeur vers l'Afrique. C'est également le pays qui dispose de plus de frontières avec d'autres pays. En s'implantant en Algérie, les Américains pourront tout contrôler », souligne le même spécialiste. Déjà présents avec une base d’avions espions à Tamanrasset, les Américains finiront-ils par obtenir des autorités algériennes ce qui leur a déjà été plusieurs fois refusé ?
    Par samir allam
    SOURCE: toutsurlalgerie.com

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  • URANIUM: Le business au défi des droits de l’homme
    19 mai 08 - Les multinationales qui opèrent dans les pays sensibles sont régulièrement accusées de violer les droits de l'homme. Portent-elles le chapeau pour d'autres, notamment les gouvernements ? Débat entre entreprises, ONG et organisations internationales

    Isolda Agazzi/Infosud - Ron Popper, haut cadre de ABB, a le sens de la formule : « Sans les droits de l'homme, la responsabilité sociale des entreprises n'est qu'une opération de relations publiques ! » Une déclaration à laquelle semblaient souscrire les participants de la rencontre organisée, le 14 mai, à Genève par "Tribune des droits humains". Un débat constructif, mais sans fard, entre ONG et multinationales, des acteurs peu habitués à s'affronter à la lumière des médias.

    « Oui, mais la responsabilité des entreprises va au-delà des droits de l'homme : ça comprend aussi les droits syndicaux et la protection de l'environnement » renchérit Anne-Kathrin Glatz, de la Déclaration de Berne (DB). Pour qui la situation n'est pas rose. « Dans les années 70, l'ONU a essayé d'élaborer une convention sur les multinationales. Pendant les vingt années suivantes, avec les Etats-Unis qui bloquaient le dialogue Nord - Sud, il y a eu une véritable régression. Et depuis la fin des années '90, on assiste à beaucoup de rhétorique, mais peu de mise en pratique. Le Pacte global de l'ONU est très faible et il ne sert qu'à blanchir es entreprises qui y participent. C'est-à-dire à leur donner une bonne image. »

    Des faits, pas des opinions

    Jacques - Emmanuel Saulnier, représentant d'Areva - décorée par la DB du Public Eye Award 2007, le prix de l'entreprise la plus irresponsable de l'année, pour ses activités d'extraction d'uranium au Nord du Niger - n'est pas d'accord. « Le monde n'est pas noir ou blanc et une entreprise doit faire face à la concurrence et à la mondialisation. » Il explique que le géant français du nucléaire organise toujours des rencontres avec les parties prenantes pour discuter santé, sécurité au travail, sécurité nucléaire, empreinte environnementale, ressources humaines. « Je vous invite à venir voir nos activités au Niger de vos propres yeux ! » lance-t-il à sa voisine.

    Anne-Kathrin Glantz reconnaît que le prix a été décerné sur la base des informations fournies par l'ONG nigérienne Aghirin'man et sur les études d'un institut français indépendant qui a constaté des taux excessifs de radioactivité. Salil Tripathi, de International Alert, met le doigt dans la plaie : "Admettons que vous acceptiez l'invitation d'Areva, comment allez-vous financer votre voyage au Niger ? Allez-vous accepter leur argent ? Il est très complexe de surveiller les abus commis par les multinationales : même si on avait les moyens de le faire - ce qui n'est pas le cas - comment structurer le processus ? Il y aura toujours de gros conflits d'intérêt. »

    Malgré la difficulté, le chercheur s'empresse de lancer un appel : « Les ONG doivent se baser sur les faits. Elles doivent demander aux médias d'enquêter, car toutes les entreprises et tous les gouvernements ne sont pas méchants. Et les médias ne doivent pas prendre les rapports des ONG tels quels, mais croiser les informations et lire les rapports des gouvernements aussi. Ils doivent se baser sur les faits, non sur des opinions. »

    Après les multinationales, les entreprises d'Etat

    Salil Tripathi rappelle que la question de la complicité est très complexe : « Les multinationales ne violent jamais directement les droits de l'homme. Mais on a tendance à leur faire porter le chapeau pour des crimes commis par les forces de sécurité de l'Etat. On accuse ABB de complicité dans la guerre du Soudan car, si on lui écrit, elle répond, contrairement au gouvernement soudanais. Ceci n'enlève rien à la responsabilité des multinationales, qui est lourde - voyez les pétroliers chinois au Soudan. Mais parfois les compagnies occidentales n'ont pas d'autre choix que d'être dans un pays donné et, si elles se retirent, elles sont aussitôt remplacées par les Chinois et les Indiens. Quand la canadienne Talisman s'est retirée du Soudan, la situation des droits de l'homme ne s'est ni détériorée , ni améliorée. »

    Ce spécialiste affirme que les abus commis par les multinationales sont bien documentés, mais celles-ci ne représentent que 10% de l'emploi mondial : « On ne dénonce jamais les dérives des entreprises d'Etat et du secteur informel. Personne ne parle des milliers de morts dans les mines chinoises. »
    source: droitshumains-geneve.infos

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  • Niger : Interview de M. Issyad Ag Kato, ministre des Ressources Animales
    "L'élevage occupe 87 % de la population et contribue pour 15 % au développement national"

    Le Niger vient de boucler le recensement général de son cheptel. D'abord, Monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire les raisons ayant motivé cette action ?

    Je voudrais, auparavant, retracer l'importance du secteur de l'élevage au Niger. Cette importance peut se percevoir à travers le rôle socio-culturel que joue l'élevage, sa très grande diversité biologique, sa contribution à la couverture des besoins alimentaires des populations à travers la fourniture de protéines nobles comme la viande et le lait. L'élevage apporte aussi sa contribution dans la lutte contre la pauvreté en tant que principale source de revenus pour une grande partie des ménages ruraux où on estime son apport à 15% du budget ; il procure un emploi permanent à plus de 87% de la population nigérienne qui pratiquent l'élevage à temps plein ou partiel. Il a une forte contribution à l'économie nationale (12% du PIB, à l'équilibre de la balance de paiement, au budget national et à celui des collectivités). Nous soulignerons conséquemment son rôle de facteur de développement avec l'intégration agriculture -élevage et l'énergie de travail (fumure organique, traction animale) et la promotion du développement industriel : laiteries, fromageries, manufactures des cuirs et peaux etc. Mais cet élevage a souffert d'une série de calamités naturelles ayant un tant soit peu compromis ces contributions. A noter également que les effectifs réels de cet élevage sont peu maîtrisés, conséquence naturelle de l'absence de statistiques fiables sans compter le fait que les projets de développement de grande envergure sont rares par manque de financements. Et c'est justement pour pallier ce manque et pour mieux asseoir une politique nationale de développement du secteur, que le gouvernement a décidé de conduire le recensement national du cheptel. C'est une opération qui s'inscrit dans la droite ligne des préoccupations et options fondamentales du gouvernement de la 5ème République, contenues dans la Stratégie de Développement Accéléré et de la Réduction de la Pauvreté (SDARP) et la Stratégie de Développement Rural (SDR). Sa mise en oeuvre a été retenue comme axe prioritaire d'intervention lors de l'atelier sur la relance de l'élevage en 2002 à Maradi.

    Quels sont les résultats issus de ce recensement et quel a été le rôle des partenaires au développement dans l'accomplissement de cette opération ?

    Au terme de l'opération de dénombrement du cheptel en 2005, les effectifs sont estimés à 31.039.041 têtes constituées de bovins, ovins, caprins, camelins, asins, équins, soit un capital bétail estimé à plus de 2000 milliards de Fcfa. Et selon certaines règles de calcul scientifique, cet effectif du cheptel est passé en 2006 à 32. 302. 651 têtes et à 33. 622. 791 en 2007. Les partenaires au développement nous ont accompagné tout au long du processus. Cet appui technique et financier a été conjointement assuré, pour la phase test, par la Banque Mondiale à hauteur de 175.000.000 de Fcfa, la FAO à hauteur de 338 000 dollars US et l'Union Européenne (UE) pour une enveloppe de 330.364.000 de Fcfa. La phase opérationnelle a été financée par l'UE avec 4.264.000.000 de francs CFA, la FAO étant l'Agence d'exécution.

    Quels sont les avantages que le Niger entend tirer de ce recensement du cheptel, tant au plan national qu'international ?

    Le gouvernement a, depuis quelques temps, opté pour une gestion axée sur les résultats, et fait désormais de l'outil statistique un instrument essentiel et incontournable non seulement pour l'analyse de la SDRP, des OMD et de l'Indice du Développement Humain, mais aussi pour le suivi des stratégies sectorielles. Car, sans statistiques fiables, les politiques de développement sont généralement biaisées et prêtent souvent aux sous-estimations des données socio-économiques. Or, le Recensement général de l'agriculture et du cheptel (le RGAC) est, avant tout, une opération statistique. Cela a été un travail de grande envergure, jamais réalisé au Niger. Ce qui a permis à notre pays de disposer de données structurelles sur les effectifs du cheptel, leur répartition géographique ainsi que leur composition par classe d'âge. Nous pouvons dorénavant mieux apprécier, évaluer et valoriser cette grande richesse nationale qu'est l'élevage. Nous avons la maîtrise des effectifs du cheptel qui est, en tout cas, gage d'une meilleure politique de planification des programmes de développement dans le secteur et un meilleur ciblage des interventions. Des messages forts ont été relevés par rapport aux pratiques d'élevage dans notre pays et désormais, la contribution du secteur à la formation du produit intérieur brut (PIB) va mieux s'améliorer. Au plan sousrégional, le RGA/C a permis au Niger de prendre sa place de leader dans l'espace UEMOA avec des données issues d'enquêtes et validées par la FAO.

    On dit que l'élevage est la deuxième mamelle de l'économie nationale. Pouvez- vous nous faire, Monsieur le ministre, le situation générale de ce que représente ce secteur dans la balance commerciale du pays ?

    L'économie du Niger est d'abord rurale et repose sur les potentialités qu'offre le secteur primaire. Le cheptel du pays est estimé en 2007 à plus de 33 millions de têtes toutes espèces confondues soit 12,5 millions d'UBT et représente un capital bétail de près de 2000 milliards de F CFA avec une production annuelle de 288 milliards et une valeur ajoutée de 240 milliards, faisant certainement du Niger un grand pays d'élevage. Les productions animales contribuent pour près de 13% au Produit Intérieur Brut (PIB) et 30% au PIB agricole en 2006. L'élevage est pratiqué par près de 87% de la population active en tant qu'activité principale ou activité secondaire après l'agriculture. Il représente une source importante de devises pour l'Etat et les collectivités territoriales, et contribue également de manière significative au budget des ménages (15%) et à la satisfaction des besoins alimentaires (25%).

    Le Niger possède ainsi, à travers son élevage, un atout important pour son développement socioéconomique et sa sécurité alimentaire. Les produits de l'élevage et dérivés occupent pratiquement le deuxième rang des produits d'exportation après l'uranium, et comptent en moyenne pour 20% de recettes d'exportation. Sur le plan régional, le commerce des animaux sur pieds est économiquement rentable et peut jouer un rôle important dans la réduction du déficit de la balance commerciale.

    Quels sont, Monsieur le ministre, les efforts qui sont entrain d'être faits dans le sens d'assurer une meilleure compétitivité du bétail nigérien et des produits dérivés de l'élevage sur le marché international ? Une étude de la CAPED réalisée en 2005 a montré que le Niger dispose d'un avantage comparatif indéniable pour l'exportation du bétail sur pieds. Cet avantage comparatif est reflété par plusieurs indices dont l'évolution des valeurs montre qu'à partir de 1994, année de la dévaluation du FCFA, il a été enregistré une amélioration continue de la compétitivité du bétail sur pieds. Par ailleurs, la viande du Niger est très appréciée par les consommateurs locaux et étrangers pour son goût et ses qualités organoleptiques. Cela est lié à notre système d'alimentation du bétail basé sur l'exploitation de pâturages naturels, n'utilisant pas ou peu d'aliments concentrés. A cela il faut ajouter un bon rendement carcasse qui varie entre 40 et 52%

    Il y a enfin la bonne situation sanitaire du cheptel car le Niger a reçu le quitus de pays indemne de cette maladie par l'Organisation Internationale des Epizooties (OIE), ce qui ouvre de larges perspectives de commerce de la viande sur le marché mondial. Pour ce faire, et partant des potentialités et opportunités, mais aussi du rôle que joue l'élevage dans la réduction de la pauvreté et le renforcement de la sécurité alimentaire, depuis l'avènement de la 5ème République, le secteur de l'élevage a connu une nouvelle dynamique dont la politique a été clairement définie dans les différents documents de stratégie. Ainsi, les grandes priorités dégagées par le gouvernement en matière d'élevage visent entre autres le développement et l'amélioration des productions animales, avec notamment le développement des industries animales telles que les unités de transformation de lait avec la construction d'une laiterie modulaire à Maradi ; la négociation de financement pour la construction d'une autre à Tahoua ; le projet de construction de deux abattoirs frigorifiques modernes dont un à Zinder et l'autre à Niamey ; les stations avicoles et les unités d'aliment bétail ; la construction d'une tannerie à Malbaza ; une politique d'exportation fiable permettant ainsi l'amélioration des ressources financières de l'Etat ; la maîtrise de la santé animale etc. Il s'agit à travers ces différentes actions de lever les obstacles majeurs liés au commerce du bétail et de la viande, mais aussi et surtout d'absorber les productions animales rurales en créant les conditions pour leur exportation. Publicité

    Comment est conduite, cette année, la campagne pastorale dans le pays et quelles sont vos attentes ?

    Comme à l'accoutumée, mon département ministériel a pris un certain nombre de dispositions pour assurer un bon déroulement de la campagne pastorale cette année. En effet, pour permettre aux éleveurs de traverser aisément la période de soudure, notre institution a élaboré et transmis à la Cellule Crise Alimentaires (CCA) pour financement un Programme de Renforcement des Banques Aliments Bétail. Le traitement de ce dossier est en cours et sa mise en oeuvre permettra d'acquérir 10500 tonnes d'aliments bétail qui viendront renforcer les stocks déjà existants au niveau de nos services déconcentrés et des banques d'aliments bétail mises en place par les ONG et d'autres partenaires. L'installation de la campagne constitue une préoccupation majeure de notre institution compte tenu de la recrudescence des conflits entre agriculteurs et éleveurs observés lors de la remontée vers le nord des éleveurs de retour de transhumance.

    Cependant, pour que cette campagne réponde aux attentes de nos braves éleveurs, nous ne cessons d'implorer le Tout Puissant, le Clément et Miséricordieux, pour qu'il nous gratifie d'un hivernage fécond, créant ainsi les conditions d'un bon développement des pâturages pour satisfaire, même pendant la période de soudure, les besoins alimentaires du cheptel national.

    Quelles sont les perspectives qui s'offrent à l'élevage au Niger ?

    L'avenir de l'élevage au Niger est prometteur. En effet, ce secteur fait l'objet d'un regain d'intérêt au plus haut niveau de l'Etat. En témoignent les financements programmés sur le collectif budgétaire évalués à neuf (09) milliards de francs CFA. Ces financements sont en parfaite adéquation avec les principaux axes stratégiques de développement du secteur afin de contribuer à l'atteinte des objectifs de la Stratégie du Développement Rural (SDR) et de la Stratégie de Développement Accéléré et de Réduction de la Pauvreté (SDRP). En effet, ces axes stratégiques portent sur le contrôle des principales maladies animales transfrontalières, l'amélioration des ressources génétiques animales et des ressources alimentaires du bétail, ainsi que sur la promotion des filières animales. Les financements acquis vont nous permettre de mieux contrôler les principales maladies animales transfrontalières en renforçant les capacités d'intervention des services vétérinaires. A ce titre, 2 milliards de francs CFA sont programmés cette année. L'amélioration génétique de nos races locales à travers le croisement avec les races exotiques performantes bénéficie d'une enveloppe de 2 milliards aussi. A ce sujet, deux races exotiques performantes, à savoir la Prim Holstein et la Brune des Alpes sont déjà identifiées pour faire l'objet de croisement avec nos races locales en vue d'augmenter la production laitière dans l'optique de répondre aux besoins sans cesse croissants de nos populations. La construction du nouvel abattoir frigorifique de Niamey bénéficie d'une enveloppe de 5 milliards pour permettre à ce projet d'être une réalité afin de répondre à la forte demande interne et surtout externe en viande de qualité. Des manifestations d'intérêt sont exprimées par la Guinée Equatoriale, le Gabon, le Koweït et la RDC. Avec la construction de cet abattoir répondant aux normes internationales, d'autres marchés pourraient aussi être conquis. Voilà les financements programmés sur les ressources de l'Etat. Ils viennent en complément des financements extérieurs acquis pour poursuivre les actions d'amélioration génétique, d'aménagement des espaces pastoraux et de structuration des filières. Comme vous le constatez, les perspectives qui s'offrent au secteur de l'élevage sont bonnes. Et je puis vous affirmer sans ambages que ce secteur est sur la voie d'une croissance soutenue et durable.

    J'espère qu'avec la volonté politique manifeste du Président de la République, Chef de l'Etat, SEM Mamadou Tandja, la détermination et la motivation des cadres, et la disponibilité constante des éleveurs, le secteur de l'élevage contribuera de façon décisive à réussir le pari de la sécurité alimentaire.

    Réalisée par Issaka Saïdou
    source: sahel dima,che

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