• Les Touaregs du Mali posent 5 conditions à un accord de paix
    L'Alliance des Touaregs du Nord du Mali (ATNM) a posé 5 conditions à l'offre de paix proposée par le président malien, Amadou Toumani Touré, dans le cadre de la médiation entreprise par une délégation de la Ligue populaire et sociale des tribus du "Grand Sahara".
    Vendredi dernier, le président Toumani Touré avait déclaré avoir accepté l'offre de médiation de la délégation de la Ligue, invitant les rebelles touaregs à une paix sans conditions en vue de se consacrer à la bataille de développement du pays.

    Cette délégation avait été dépêchée au Mali sur initiative du colonel Mouammar Kadhafi en vue d'une réconciliation entre les Touaregs et les autorités de ce pays, rappelle-t-on.

    Selon des sources proches du mouvement rebelle malien qui se sont confiées lundi soir à la PANA à Kidal (nord du Mali), les conditions posées par L'Alliance des Touaregs du Nord du Mali (ATNM) sont relatives à la création d'une commission d'enquête sur la mort d'un officier touareg de l'armée malienne tué dans des circonstances non élucidées en février dernier.

    Ces conditions portent également sur l'activation de certaines clauses de l'accord de paix d'Alger, notamment celles relatives à l'envoi, dans le nord du pays, d'unités des forces armées maliennes composées uniquement d'éléments touaregs et l'insertion au sein de l'armée d'un millier de combattants rebelles ayant déposé les armes.

    Selon les mêmes sources, ces conditions portent aussi sur un allègement du dispositif de l'armée dans les régions du nord du Mali et sur la création de projets de développement et de mise en valeurs des ressources de cette région au profit de ses populations.

    La délégation de la Ligue populaire et sociale des tribus du "Grand Sahara" avait rencontré, dimanche soir à Gao, (environ 1.300 Km nord de Bamako), les autorités administratives de la région et les ont informé de l'objectif de leur mission de bon office consistant à parvenir à une réconciliation entre les autorités du pays et les rebelles touareg dans le cadre de l'accord de paix d'Alger.

    Les membres de cette mission, arrivés lundi soir à Kidal (environ 1.900 Km nord de Bamako), devraient se réunir dans le même cadre ce mardi avec les autorités administratives de cette région du Mali et rencontrer les notables touaregs pour établir un programme de travail.

    Ces notables serviront de contact avec les chefs de l 'Alliance des Touaregs du Nord du Mali Brahim Ag Bahanga et Hassan Ag Faghagha qui se trouvent dans le maquis afin de fixer un lieu de rencontre avec la délégation des tribus du Grand Sahara.

    Les observateurs de la question touarègue au Mali qualifient toutefois de difficile la mission de la délégation de la Ligue, compte tenu de la grande méfiance qui s'est instaurée au fil du temps entre les autorités maliennes et les rebelles touaregs, à cause notamment de la non mise en œuvre des clauses des précédents accords de paix dont le dernier en date le protocole d'entente de Tripoli en avril dernier.

    Cette situation a conduit à une grande insécurité dans les régions du Nord du Mali où, selon le gouverneur de la région de Gao, le colonel Amadou Baba Touré, une grande psychose s'est installée au sein des populations.

    Dans une déclaration à la PANA dimanche soir, l'officier malien a indiqué que des groupes, qu'il a qualifiés de "bandits", se livrent au harcèlement des populations qu'ils rackettent, ce qui provoquent la réaction de l'armée, affirmant que cela aurait conduit à des événements plus graves n'eût été le discernement et la retenue observée par les autorités en la matière.

    Selon des sources proches de la délégation des tribus du Grand Sahara, un autre écueil de taille est venu compliquer leur mission à savoir le retrait complet de l'Algérie du dossier des touaregs du Mali ce qui met un terme aux mécanismes de suivi de l'accord de paix d'Alger présidés par les autorités algériennes.

    Le colonel Mouammar Kadhafi avait, en mars dernier à Kampala, en Ouganda, lors de sa 3ème rencontre avec les dirigeants de la Ligue populaire et sociale des tribus du "Grand Sahara", appelé à la création d'un mécanisme d'alerte et de suivi afin d'observer et de suivre toutes les questions et problèmes relatifs aux tribus de cet espace saharien.

    Dans ce cadre, le comité de suivi des décisions de la Ligue populaire et sociale des tribus du "Grand Sahara" a décidé l'envoi, sous l'égide du guide Kadhafi, de deux délégations au Mali, au Niger et au Tchad, en vue d'une médiation pour mettre fin aux conflits que connaissent ces pays.

    source: Arik.com
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  • "L'Afrique est ruinée ? La Chine est preneuse"
    Le dernier acte de la mondialisation se joue loin des yeux occidentaux. Ses acteurs ? Des milliers de migrants chinois qui s'installent partout en Afrique pour construire, produire et commercer. Serge Michel et Michel Beuret, avec le photographe Paolo Woods, sont allés à leur rencontre. Nous publions des extraits du prologue de leur livre, qui paraît mardi 20 mai. La Chinafrique, Pékin à la conquête du continent noir, photographies de Paolo Woods. © Editions Grasset & Fasquelle, 2008.

    "Ni hao, ni hao." Nous marchions depuis dix minutes dans cette rue de Brazzaville quand une joyeuse pelote de petits Congolais s'est arrêtée de courir après un ballon pour nous saluer. Les Blancs, en Afrique, ont l'habitude des "hello mista !", des "salut toubab !" ou des "Monsieur Monsieur !". Mais ces enfants, alignés et souriants au bord de la rue, ont enrichi le répertoire. Ils ont crié "ni hao, ni hao", bonjour en chinois, avant de reprendre leur jeu. Pour eux, tous les étrangers sont chinois.

    Quelques centaines de mètres plus loin, une société chinoise était en train de construire le nouveau siège de la télévision nationale congolaise, un bâtiment de verre et de métal comme tombé du ciel dans ce quartier populaire. Et à l'entrée de la rue, cette même société érigeait une villa somptueuse pour un membre du gouvernement, sans doute en remerciement de l'attribution du chantier de la télévision. En ville, d'autres compagnies chinoises mettaient la dernière main au nouveau ministère des affaires étrangères et de la francophonie et bouchaient les trous d'obus dans les bâtiments touchés par la guerre civile.

    A 2 250 km au nord-ouest de là, dans la banlieue de Lagos, au Nigeria, l'usine Newbisco passait pour une malédiction. Fondée par un Britannique avant l'indépendance de 1960, cette unité de production de biscuits secs a changé souvent de mains, aucun propriétaire n'étant capable de la tenir à flot dans un pays où les exportations pétrolières et la corruption étouffent toute autre activité économique. En 2000, son avant-dernier patron, un Indien, a revendu Newbisco en état de ruine à l'homme d'affaires chinois Y. T. Chu. Lorsque nous sommes entrés dans l'usine, un matin d'avril 2007, une odeur de farine et de sucre flottait dans l'air. Les tapis roulants charriaient chaque heure plus de trois tonnes de petits biscuits aussitôt emballés par des dizaines d'ouvrières. "Nous couvrons à peine 1 % des besoins du marché nigérian", a dit Y. T. Chu en souriant. Les reporters rentrent souvent d'Afrique avec des histoires dramatiques d'enfants affamés, de conflits ethniques et de violences incompréhensibles. Nous avons bien sûr été témoins de tout cela lors de nos reportages en Afrique ces dernières années, mais, cette fois, au moment de commencer la rédaction de ce livre, ce sont les images d'une Afrique nouvelle qui nous passent devant les yeux : les enfants de Brazzaville qui saluent en chinois, l'usine de biscuits de Lagos ou encore l'autoroute construite au Soudan, que nous avons empruntée à l'été 2007.

    Nous roulions depuis deux heures entre Khartoum et Port-Soudan lorsqu'un passage du livre de Robert Fisk nous est revenu en mémoire. En 1993, c'est dans un village à gauche de cette route que le reporter britannique avait rendez-vous avec Oussama Ben Laden, réfugié au Soudan après avoir appelé à la guerre sainte contre les Américains en Arabie saoudite. Pour remercier ses hôtes soudanais, il a expliqué à Fisk qu'il allait construire une nouvelle route de 800 km entre la capitale et le grand port. En 1996, le terroriste est obligé de fuir à nouveau, cette fois en Afghanistan, où il a développé d'autres projets que le génie civil. Qui allait terminer son chantier ? Les Chinois. Ils prévoient même de le doubler d'une voie de chemin de fer. Arrivées massivement dans le pays dès le milieu des années 1990, les entreprises chinoises y ont déjà investi 15 milliards de dollars, en particulier dans les puits de pétrole qui fournissent aujourd'hui à la Chine jusqu'à 10 % de ses importations.

    Pendant plus d'un an, nous avons parcouru des milliers de kilomètres et visité quinze pays pour raconter ce que la Chine fait en Afrique. L'idée nous trottait dans la tête depuis un certain temps, mais elle s'est imposée lors d'une rencontre impromptue avec Lansana Conté, le président de Guinée, à la fin octobre 2006. Cela faisait une dizaine d'années qu'il n'avait pas parlé à la presse étrangère. Pourquoi accepter de nous voir, ce jour-là, dans son village natal, à trois heures de la capitale, Conakry ? Peut-être le besoin de prouver qu'il était encore vif, alors qu'on le disait à l'agonie et que le pays se laissait gagner par le chaos. De fait, la discussion fut assez sombre, malgré le décor ravissant de sa grosse villa donnant sur son lac privé. Le président a traité la plupart de ses ministres de "voleurs" et fustigé les Blancs "qui n'ont jamais cessé de se comporter en colons". Il a fait l'éloge d'une Guinée agricole et a paru accablé par la découverte off-shore de gisements pétroliers qui, à son avis, feront de la Guinée un pays plus corrompu encore.

    Une seule fois, le visage présidentiel s'est éclairé : lorsque la discussion a glissé sur les Chinois. "Les Chinois sont incomparables ! s'est exclamé le vieux général. Au moins, ils travaillent ! Ils vivent avec nous dans la boue. Il y en a qui cultivent, comme moi. Je leur ai confié une terre fatiguée, vous devriez voir ce qu'ils en ont fait !"

    La présence de Chinois en Afrique n'est plus une surprise. Ces quatre ou cinq dernières années, nous les avions vus progresser un peu partout lors de nos reportages en Angola, au Sénégal, en Côte d'Ivoire ou au Sierra Leone. Mais le phénomène a changé d'échelle. Tout se passe comme s'ils avaient d'un coup décuplé leurs efforts au point de pénétrer l'imaginaire de tout un continent, du vieux président guinéen, qui ne voyage plus que pour se faire soigner en Suisse, aux petits Congolais trop jeunes pour distinguer un Européen d'un Asiatique.

    En quelques années, la Chine en Afrique est passée de sujet pointu pour spécialistes en géopolitique à un thème central dans les relations internationales et la vie quotidienne du continent. Et pourtant, chercheurs et journalistes continuent de brasser les mêmes chiffres macro-économiques : le commerce bilatéral entre les deux régions a été multiplié par cinquante entre 1980 et 2005. Il a quintuplé entre 2000 et 2006, passant de 10 à 55 milliards, et devrait atteindre 100 milliards en 2010. Il y aurait déjà 900 entreprises chinoises sur le sol africain. En 2007, la Chine aurait pris la place de la France comme second plus gros partenaire commercial de l'Afrique.

    Ce sont là des chiffres officiels, qui ne prennent pas en compte les investissements de tous les migrants. D'ailleurs, combien sont-ils ? Un séminaire universitaire organisé à la fin 2006 en Afrique du Sud, où la communauté chinoise est la plus nombreuse, avance le chiffre de 750 000 pour tout le continent. Les journaux africains, eux, se laissent parfois aller à évoquer "des millions" de Chinois. Du côté chinois, l'estimation la plus haute vient du vice-président de l'Association de l'amitié des peuples chinois et africains, Huang Zequan, qui a parcouru 33 des 53 pays africains. Dans une interview au Journal du commerce chinois en 2007, il estime que 500 000 de ses compatriotes vivent en Afrique (contre 250 000 Libanais et moins de 110 000 Français).

    Tout ces migrants-là, comme s'ils n'étaient qu'une armée de fourmis, n'ont pas de nom, pas de visage et restent muets. Le plus souvent, les journalistes se plaignent qu'ils refusent de parler. Et le ton des articles pour les décrire est inquiet, voire alarmiste, comme si l'arrivée d'une nouvelle puissance n'était qu'une calamité de plus pour le continent noir, aux souffrances déjà infinies.

    Voyons les choses d'une autre façon. L'entrée de la Chine sur la scène africaine pourrait bien représenter, pour Pékin, son couronnement de superpuissance mondiale, capable de miracles aussi bien chez elle que sur les terres les plus ingrates de la planète. Et, pour l'Afrique, cette rencontre marque peut-être le rebondissement tant attendu depuis la décolonisation des années 1960, de son heure qui sonne enfin, du dernier espoir du président guinéen mais aussi des 900 millions d'Africains, le signal que plus rien ne sera comme avant. Passons les acteurs en revue.

    Les Chinois d'abord. L'histoire, telle qu'on la raconte en Occident, veut qu'ils vivent depuis des millénaires une aventure tragique, essentiellement collective et confinée à l'intérieur de leurs immenses frontières. Un jour de décembre 1978, alors que l'empire du Milieu se remettait à peine des affres de la révolution culturelle, Deng Xiaoping leur a lancé un slogan révolutionnaire : "Enrichissez-vous". Vingt ans plus tard, c'est devenu le credo d'un milliard 300 millions de Chinois et, pour une partie d'entre eux, c'est chose faite. Pour les autres, les ruraux surtout, la vie est devenue impossible. Depuis la nuit des temps en Chine, cette catégorie-là cherche à quitter sa terre pour un monde meilleur. La diaspora chinoise, dit-on, est la plus nombreuse au monde, avec 100 millions de personnes, et la plus riche. (...) Jusqu'en 2000, Pékin tentait encore de freiner le mouvement, afin de ne pas entacher l'image du régime. Aujourd'hui, il l'encourage, en particulier pour les braves qui veulent tenter leur chance en Afrique. Dans l'esprit des dirigeants chinois, et singulièrement dans celui du président, surnommé parfois Hu Jintao l'Africain, l'immigration est même devenue une partie de la solution pour faire baisser la pression démographique, la surchauffe économique, la pollution. "Nous avons 600 rivières en Chine, 400 sont mortes de pollution, affirmait un scientifique dans Le Figaro, sous couvert de l'anonymat. On ne s'en tirera pas sans envoyer 300 millions de personnes en Afrique !"

    Ils sont pour l'instant des centaines de milliers à avoir fait le grand saut.

    Et c'est ainsi que s'achève, dans le plus grand silence, l'une des dernières étapes de la mondialisation et la rencontre des deux cultures les plus éloignées que la terre puisse porter. En Afrique, leur nouveau Far West, les Chinois découvrent à tâtons les grands espaces, l'exotisme, le rejet, le racisme, l'aventure individuelle - voire intérieure. Ils comprennent que le monde est plus complexe que ne le décrit le Quotidien du peuple. Ces migrants-là se retrouvent tantôt prédateurs, tantôt héros de leur propre histoire, conquistadors ou samaritains. Ils ont, bien sûr, tendance à rester entre eux, à manger comme chez eux, ils ne font pas l'effort d'apprendre les langues autochtones ni même le français ou l'anglais et affichent souvent une moue de dégoût à l'idée d'épouser les coutumes locales, sans parler d'une femme africaine !

    A force de s'être enfermés derrière leurs grandes murailles durant des millénaires, les Chinois auraient perdu l'envie de s'adapter aux autres civilisations ou de cohabiter avec elles. Mais aucun ne reviendra indemne d'Afrique. Leurs voyages, leurs découvertes ébranlent désormais l'inertie de la Chine autant qu'a pu le faire, dans les années 1980, sa conversion au capitalisme. Ces Chinois-là feront naître de nouvelles idées, de nouvelles ambitions.

    D'ailleurs, leur gouvernement, lui aussi, change depuis qu'il a intensifié sa présence en Afrique. Très attaché à sa devise de "non-ingérence" dans les affaires intérieures, il se rend compte progressivement qu'un soutien trop affiché à certains dictateurs peut lui causer un tort considérable. C'est ainsi que Pékin, après avoir été le plus sûr allié de Khartoum ou de Harare, tente aujourd'hui de freiner l'élan guerrier du Soudan au Darfour et n'aide plus Robert Mugabe, le dictateur zimbabwéen, qu'au compte-gouttes.

    L'Afrique, ensuite. Les puissances coloniales l'ont pillée jusqu'en 1960, avant de pérenniser leurs intérêts en y soutenant ses régimes les plus brutaux. L'aide, que l'on estime à 400 milliards de dollars pour toute la période 1960-2000 (400 milliards, c'est l'équivalent du PNB de la Turquie en 2007, mais aussi des fonds que l'élite africaine aurait cachés dans les banques occidentales), n'a pas produit l'effet escompté et aurait même, selon une théorie en vogue, empiré les choses. Il n'empêche, l'Afrique n'a survécu que grâce au sentiment de culpabilité des Occidentaux, qu'elle a fini par décourager. En faisant échouer tous les programmes de développement, en restant la victime éternelle des ténèbres, des dictatures, des génocides, des guerres, des épidémies et de l'avancée des déserts, elle se montre incapable de participer un jour au festin de la mondialisation. "Depuis l'indépendance, l'Afrique travaille à sa recolonisation. Du moins, si c'était le but, elle ne s'y prendrait pas autrement", écrit Stephen Smith dans Négrologie. Avant de poursuivre avec ces mots terribles : "Seulement, même en cela, le continent échoue. Plus personne n'est preneur."

    Erreur, la Chine est preneuse. Pour alimenter sa croissance démesurée, la République populaire a un besoin vital en matières premières dont le continent regorge : le pétrole, les minerais, mais aussi le bois, le poisson et les produits agricoles. Elle n'est pas rebutée par l'absence de démocratie ni par la corruption. Ses fantassins ont l'habitude de dormir sur une natte, de ne pas manger de la viande tous les jours. Ils trouvent des opportunités là où d'autres ne voient que de l'inconfort ou du gaspillage. Ils persévèrent là où les Occidentaux ont baissé les bras pour un profit plus sûr. La Chine voit plus loin. Ses objectifs dépassent les anciens prés carrés coloniaux et déploient une vision continentale à long terme. Certains n'y voient qu'une stratégie, apprise de Sun Tsu : "Pour battre ton ennemi, il faut d'abord le soutenir pour qu'il relâche sa vigilance ; pour prendre, il faut d'abord donner." D'autres croient sincèrement aux partenariats "gagnant-gagnant", ce leitmotiv de la propagande de Pékin. De fait, la Chine ne fait pas que s'emparer des matières premières africaines. Elle écoule aussi ses produits simples et bon marché, retape les routes, les voies ferrées, les bâtiments officiels. Manque d'énergie ? Elle construit des barrages au Congo, au Soudan, en Ethiopie, et s'apprête à aider l'Egypte à relancer son programme nucléaire civil. Besoin de téléphone ? Elle équipe toute l'Afrique de réseaux sans fil et de fibres optiques. Les populations locales sont réticentes ? Elle ouvre un hôpital, un dispensaire ou un orphelinat. Le Blanc était condescendant et m'as-tu-vu ? Le Chinois reste humble et discret. Les Africains sont impressionnés. Plusieurs milliers parlent ou apprennent aujourd'hui le chinois. Beaucoup d'autres admirent leur persévérance, leur courage et leur efficacité. Et toute l'Afrique se réjouit de cette concurrence qui casse les monopoles des commerçants occidentaux, libanais et indiens. (...)

    La Chine en Afrique est donc plus qu'une parabole de la mondialisation, c'est son parachèvement, un basculement des équilibres internationaux, un tremblement de terre géopolitique. S'y installe-t-elle au détriment définitif de l'Occident ? Sera-t-elle pour le continent des ténèbres la lumière providentielle ? L'aidera-t-elle à prendre enfin sa destinée en main ? Pour répondre à ces questions, nous le savions, quelques articles ne suffiraient pas. Il fallait aller sur place, sillonner l'Afrique de part en part, aller à la rencontre des Chinois et des Africains, se mettre dans la peau des uns et des autres ; il fallait écrire ce livre...

    source: le Monde.fr

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  • Niger : RSF déplore l’attitude de la Cour suprême
    L'organisation de défense de la presse Reporters sans frontières (RSF) « déplore profondément » le rejet par la Cour suprême nigérienne, jeudi, du pourvoi en cassation formé par le journaliste Moussa Kaka, renvoyant l'affaire à son point de départ.

    Moussa Kaka est le directeur de la station privée Radio Saraounia et le correspondant au Niger de RSF et de RFI.

    L'organisation réitère sa demande de libération de son correspondant.

    « Moussa Kaka va entamer son huitième mois de détention, à cause d'écoutes téléphoniques réalisées dans des conditions obscures et qui ne prouvent rien, sinon que le journaliste était sous surveillance », indique RSF dans un communiqué.

    « Cet arrêt de la plus haute juridiction nigérienne est une déception immense pour tous ceux qui sont attachés non seulement à la présomption d'innocence, mais surtout à l'équité de la justice », estime RSF. 
    source:Les Afriques

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  • Moussa Kaka: l'épouse du journaliste nigérien demande l'intervention de Sarkozy

    PARIS (AFP) — L'épouse de Moussa Kaka, le correspondant au Niger de Radio France Internationale (RFI) incarcéré depuis huit mois, a demandé mardi à Paris au président français Nicolas Sarkozy d'intervenir afin d'accélérer sa libération.

    "J'appelle les autorités françaises à nous aider pour que Moussa soit libéré au plus vite", a déclaré Jamila Souley Kaka lors d'un point de presse organisé dans les locaux de l'organisation de défense de la presse Reporters sans frontières (RSF).

    Mme Kaka a demandé "une intervention de Nicolas Sarkozy". Le président français "a libéré des gens en difficulté dans le monde, pourquoi pas au Niger?", a-t-elle ajouté, soulignant que deux journalistes français, Pierre Creisson et Thomas Dandois, incarcérés près d'un mois au Niger pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" avaient été libérés en janvier.

    "Pourquoi pas Moussa? Moussa travaille aussi pour la France", a-t-elle déclaré. Moussa Kaka est correspondant de RFI et de RSF. Il dirige aussi la station privée Radio Saraounia.

    Mme Kaka, à Paris jusqu'à dimanche, espère être reçue par les autorités françaises.

    "Le fait même de recevoir (Jamila) sera significatif, parce que ce sera autant de messages qui seront entendus à Niamey. Tout dépend à quel niveau elle est reçue", a estimé le secrétaire général de RSF Robert Ménard.

    Moussa Kaka est incarcéré depuis le 26 septembre pour "complicité d'atteinte contre l'autorité de l'Etat" pour des liens présumés avec les rebelles touareg. Il risque la prison à vie. Le 15 mai, la Cour suprême du Niger a rejeté une requête de pourvoi en cassation et une demande de remise en liberté provisoire. "Il n'y a rien dans son dossier. Moussa Kaka a seulement fait son travail", a affirmé Robert Ménard.

    "On lui en veut parce qu'il dit haut et fort les problèmes du Niger, à travers l'antenne de RFI. Il dérange", a ajouté l'épouse du journaliste.

    "Nous sommes très inquiets à RFI", a souligné Juliette Rengeval, journaliste pour cette radio et membre du comité de soutien. "On veut voir la presse africaine travailler le plus librement possible", a-t-elle ajouté.

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  • Françafrique et Chinafrique au NigerDominique Pin, le directeur local d'AREVA au Niger a été expulsé du Niger le 26 juillet dernier, se voyant reprocher des liens avec le Mouvement des Nigériens pour la Justice. La MNJ est un groupe de Touaregs qui habitent dans le nord du Niger. Cette zone sous souveraineté du Niger depuis l'indépendance est convoitée par la Libye pour ses richesses souterraines notamment en Uranium.

    Depuis 40 ans, AREVA exploite les mines d'Uranium et a su développer une stratégie d'arrosage systématique des lieux de pouvoirs afin de garder le monopole et fixer ses conditions dans ses exploitations minières (tarifs, quantités, emplois). Il est important de savoir qu'AREVA représente après le gouvernement le premier employeur du Niger. Sa puissance économique et politique est donc en proportion de cette importance. Au travers de cette entreprise c'est bien sur la France en tant qu'actionnaire principal qui définit la politique d'AREVA au Niger.

    Que s'est il donc passer pour que le Niger expulse le directeur de cette entreprise si puissante et si étroitement liée au gouvernement français ?

    Depuis quelques années, la Chine cherche à s'approvisionner en minerai africains pour financer son économie et sa forte croissance. La Chine a donc ciblé un certains nombre de pays africains afin de garantir son approvisionnement. Cependant, ce qui différencie principalement les Chinois des Français réside dans la façon de s'implanter dans le pays. En effet, la France depuis la fin de la colonisation installe ses entreprises et arrose l'ensemble des acteurs politiques et traditionnels. Ce financement peut se faire soit directement, soit au travers de constructions publiques ou privées. Les entreprises françaises emploient de la main-d'oeuvre locale exceptée pour les postes de direction qui sont toujours détenues par des français expatriés. Les Chinois ont eux une approche différente. Ils financent bien sur leur installation mais en traitant principalement avec le pouvoir central. Dans le cas du Niger, l'installation a également était accompagnée par des livraisons d'armes au gouvernement nigérien. La main-d'oeuvre est constituée presque exclusivement d'expatriés et cela à tous les échelons.

    Dans le nord du Niger, le gouvernement Français et son intermédiaire AREVA ne voit pas d'un très bon oeil l'arrivée des chinois dans une situation de monopole qui dure depuis 40 ans. Certains Touaregs ont le même point de vue car les Chinois ne leur versent pas les mêmes "dividendes" que les Français. A cela, s'ajoute des problèmes internes au Niger relatifs à la répartition des pouvoirs entre les différents groupes de population et leur prise en compte dans l'espace public national.

    Le MNJ a donc pris les armes pour réclamer une meilleure intégration des Touareg dans l'armée, les corps paramilitaires et le secteur minier local. Le MNJ dénonce les sociétés chinoises comme aidant militairement, par des livraisons d'armes, l'armée. Étrangement, rien n'est dit sur l'action de la France depuis 40 ans par ce mouvement.

    Il est justifié pour une population de demander plus de reconnaissance dans son pays lorsqu'il y a un problème flagrant d'égalité et de prise en compte de l'ensemble des populations nationales. Cependant, dans le cas du Nord Niger, nous voyons que le problème ne se résume pas à cela et la bataille de la France et de la Chine pour avoir le contrôle des ressources engendre une crise grave dans une zone stratégique qui est par ailleurs l'objet de discorde sur sa souveraineté.

    Nous voyons que malgré les engagements de Nicolas Sarkozy pendant la campagne, le temps de la françafrique n'est pas encore révolu et que les méthodes d'hier subsistent encore sous la présidence Sarkozy. Au vu des accords nucléaires avec Libye que la France est en train de conclure il ne serait pas surprenant que cela ait des incidences sur la situation au Niger.
    Par Benoît Curinier ,
    SOURCE:lepost.fr
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