• Intensification du conflit dans le nord du Mali malgré l'accord d'Alger

    L'armée malienne a accentué sa lutte contre les rebelles touaregs dans la région frontalière de Kidal, au nord du pays. L'Algérie poursuit son rôle de médiateur dans cette crise, bien que le chef des rebelles Ibrahim Ag Bahanga ait récemment qualifié la guerre de "seule option".

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    Les tensions se sont ravivées ces derniers jours dans le nord du Mali, en dépit des efforts de l'Algérie pour tenter de trouver un règlement pacifique à la crise entre le gouvernement et les rebelles touaregs. L'armée malienne a intensifié ses attaques contre les positions des rebelles dans la région de Kidal, poursuivant un commandant local qui a rejeté le plan de paix proposé dans le cadre de l'accord proposé à Alger en 2006.

    L'armée malienne a lancé une opération de grande envergure le 19 janvier, en utilisant des armes lourdes contre le chef des rebelles touaregs Ibrahim Ag Bahanga et les camps d'entraînement utilisés par l'Alliance du 23 Mai pour le Changement.

    "La principale base de [Bahanga] située à Tin-Salak a été détruite lundi, après une offensive des forces armées nationales", a indiqué le ministre malien de la Défense Natié Plea dans un communiqué adressé à la presse le 20 janvier.

    L'AFP cite une source proche du ministère de la Défense affirmant que cette opération a permis de tuer trente-et-un rebelles et d'en arrêter plusieurs autres, ainsi que de mettre la main sur des armes et des véhicules 4x4 dans la région de Bouréissa.

    Le Mali reproche à Bahanga d'avoir rompu l'accord d'Alger, après avoir refusé de participer aux négociations de réconciliation et de paix organisées sous les auspices de l'Algérie au cours des derniers mois.

    L'Algérie tente depuis des années d'assurer la médiation entre les parties du conflit, pour parvenir à restaurer la paix dans la région frontalière de Kidal, dans le nord du Mali. Les efforts diplomatiques conduits par l'ambassadeur algérien Abdelkrim Gheraib avaient permis de parvenir à un accord de paix signé par les deux parties en juillet 2006. Cet accord, baptisé accord d'Alger, appelle à une trève durable, à l'issue de laquelle le dépôt des armes par les rebelles et la renonciation à la violence seraient discutés. En retour, le gouvernement malien intégrerait les rebelles dans l'armée régulière, s'engagerait à développer les régions du nord du pays et encouragerait les habitants à s'installer dans ces régions.

    De plus, les deux parties devraient négocier la libération de leurs prisonniers de guerre.

    La situation s'était améliorée après la signature de cet accord. L'Algérie avait organisé des rencontres entre les parties, dont la dernière date de septembre 2008. Les parties avaient respecté cette trève et libéré des prisonniers.

    Bahanga avait choisi de ne pas participer à ces rencontres, affirmant ne pas être intéressé par les résultats. Cette décision a contribué à la reprise des tensions en juin, lorsque le chef rebelle avait boycotté une rencontre dans le nord du Mali entre le gouvernement de Bamako et les chefs de l'Alliance du 23 Mai pour le Changement.

    L'Algérie continue de jouer son rôle de médiateur pour tenter de désamorcer ce conflit. L'ambassadeur Gheraib a déclaré que son pays "est un médiateur qui tente de faciliter la communication entre les deux parties du conflit et de rapprocher leurs points de vue. Après quoi, l'Algérie laisse la décision aux parties concernées, loin de toute pression ou mise sous tutelle de qui que ce soit."

    Bamako a reconnu le rôle positif joué par l'Algérie dans le processus de paix. Le Président Amadou Toumani Touré a envoyé un message au Président algérien Abdelaziz Bouteflika le 20 janvier, dans lequel il confirme son adhésion aux dispositions de l'accord d'Alger comme cadre idéal de solution au conflit dans cette région. Il y renouvelle également son engagement de répondre à tous les efforts déployés par l'Algérie pour tenter de trouver une issue à la crise.


    Pour le journaliste et spécialiste de la région de Kidal Abdenour Boukhemkhem, l'opération lancée le 19 janvier revêt une dimension politique. "L'attaque conduite par [Bahanga] a embarrassé le gouvernement du Président Touré", explique-t-il, "ainsi que les gouvernements des pays voisins confrontés au même problème, en particulier le Niger."

    Il ajoute : "Bamako a choisi le bon moment pour mener à bien ses opérations : premièrement pour approfondir les divisions au sein de l'Alliance du 23 Mai pour le Changement, après que le colonel Hassen Fagaga, l'ancien lieutenant de Bahanga, eut choisi, il y a seulement quelques jours, de respecter l'accord d'Alger."

    Bahanga a accordé un entretien au quotidien algérien El Khabar, dimanche, dans lequel il affirme son respect de cet accord. "Nous sommes plus concernés que quiconque par l'accord d'Alger", a-t-il déclaré, soulignant toutefois que "la seule option dont nous disposons actuellement est la guerre."
    Maghrebia.com

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