• Exposition : Ghât, un village touareg dévoilé dans toutes ses couleurs

    Le désert est un espace mystérieux et indescriptible, au premier coup d’œil. Mais à sa manière, Imed Belhassine, tente de nous faire découvrir ce nom de caché, à travers une exposition de photographies sur Ghât.

    La vaste étendue du désert est un champ vierge à explorer. Cette «Terre des Hommes», selon la formule de Saint-Exupéry, offre aux chercheurs, explorateurs et scientifiques un espace, des peuples encore peu connus en dehors de ce vaste territoire. C’est le cas des Touareg, une communauté située aux confins des frontières libyenne, malienne, algérienne, nigérienne, tchadienne et burkinabé, donc en bordure du grand Sahara. C’est sur les Touareg libyens et plus particulièrement, ceux de Ghât, un village situé au sud de la Jamahiriya libyenne, qu’Imed Belhassine a effectué un reportage inédit, en dévoilant les couleurs de ce village du désert. Le photographe a tenté de montrer ce que ce peuple a de spécifique. Chez les Touareg, ce qui frappe le plus, c’est que les hommes sont voilés, les femmes non, contrairement aux autres sociétés musulmanes ou c’est généralement la femme qui se voile et non l’homme. 


    En effet, durant son séjour dans cette communauté, l’artiste, s’est contenté de se poser des questions, ne cherchant pas des réponses, mais ayant des questions sans réponses. Ainsi, il n’a cessé de s’interroger sur les Touareg de la façon suivante : « D’où viennent-ils et qui sont-ils ? »/ « Une société ou un peuple ? » /« Sédentaires ou nomades ? »/ « Guerriers ou pacifistes diplomates ? » /« Commerçants, artisans ou éleveurs ? » /« D’où viennent-ils et où vont-ils ? » Les nombreuses photographies d’Imed tentent de livrer des réponses à toutes ces questions. Celles-ci, montrent que les Touareg sont un peuple qui a certainement une histoire des plus anciennes. Les Touareg (au singulier Targui) ou encore « Kel Tamasheq» sont un peuple de Berbères, des Houaras, des Sanhadja, des Zénètes, nomades Luwata et aussi d’origine des Banou Ifren vivant dans le Sahara central, l’Algérie, la Libye et sur les bordures du Sahel, Niger, Mali, et Burkina Faso.


    Leur mode de vie, mal connu encore, constitue, selon l’expression des anthropologues, un espace de jeux et un gigantesque laboratoire à ciel ouvert pour des chercheurs. Mais l’origine du nom Touareg demeure, de nos jours, mal connue. Certains pensent qu’il provient d’un mot arabe signifiant «abandonnés». Pour d’autres, il dérive du nom d’une région libyenne, appelée encore à ce jour Targa («rigole» ou «vallée»). Cependant, les Touareg préfèrent d’ailleurs se désigner eux-mêmes par Imajaghan ou Imuhagh (noble et libre). Ils se distinguent, à première vue, par leur look et leur mode vestimentaire. Ils portent traditionnellement une sorte de long vêtement et un chèche. Le chèche est une sorte de turban d’environ cinq mètres de long qui s’enroule sur la tête pour se protéger du soleil, du vent, de la pluie, du sable, du froid… Les photographies d’Imed Ben Hassine montrent cette spécificité vestimentaire des Touareg. En effet, traditionnellement, l’homme ne quitte jamais son turban. Il peut être de différentes couleurs, tels le rouge, jaune, vert, mais deux couleurs ont une signification spéciale. Le blanc est porté pour montrer un signe de respect, ou lors d’un jour de fête. Le chèche indigo est fait à partir de lin, souvent avec un tissage complexe. Il est porté aussi les jours de fête et pendant un grand froid, car il est plus chaud que le chèche en coton. Sa teinture tend à déteindre sur la peau, donnant au targui le surnom d’«homme bleu». 

    Outre leur mode vestimentaire, les anthropologues, se sont évertués à mettre à nu certaines des coutumes de cette société. Les Touareg sont pour la plupart monogames, sauf quelques exceptions. Le futur marié doit apporter une dot composée de dromadaires et de bœufs à la famille de la mariée. La tente et son ameublement sont fournis au couple par la famille de la mariée, cette dernière en gardera la propriété en cas de divorce, laissant son ex-mari sans toit. Mais généralement les Touareg divorcent rarement.


    Le cérémonial du thé est une manière de montrer l’hospitalité et un prétexte pour discuter avec le visiteur de passage. Pour parler de la ville de Ghât, centre de cette exposition, elle se situe à une latitude 24° 58’ 0’’ N à une dizaine de kilomètres de la frontière algérienne. Un fort italien se dresse sur la colline de l’ancienne ville de Ghât.


    Leurs conditions de vie ne sont pas des plus faciles. Ceux du sud de la Libye sont des éleveurs de chameaux, d’autres sont artisans. La femme jouit d’une grande liberté et contribue à l’équilibre de la famille. Dotée d’une grande force de caractère la femme tient la même position que l’homme dans la société targui. 


    Les photos de l’artiste relatent le quotidien de ce peuple uni par le sang, les coutumes, la langue, l’histoire commune, uni par la même identité et désuni par les frontières. Un peuple vivant en effet aux frontières de cinq pays formant une région à part. Et Ghât, la ville des couleurs, offre un panorama détaillé sur ce peuple simple, fier, savant….


    Ousmane WAGUE
    source:jetsetmagazine.net 
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