• Entre Nous: Le cri de cœur d’ATT

    Entre Nous: Le cri de cœur d’ATT
    Mai 2008, le président ATT pour la deuxième fois en l'espace de deux petites années s'adressait à ses compatriotes sur le climat de belligérance quasi - récurrente dans le nord - Mali.

    La première fois, c'était à Diéma en mai 2006, quelques heures après l'attaque de ‘'l'Alliance du 23 mai''. Et la seconde fois a eu lieu la semaine dernière, au détour d'une tournée à l'intérieur du pays, quelques jours après les attaques de Diabaly et Ansongo.

    Le ton du président a changé. Il est à la fois conciliant et musclé. Plus que jamais, Amadou Toumani mesure la gravité de la situation. Il dénonce, rappelle et invite à l'unité et à la cohésion autour des valeurs non marchandes ‘' l'intégrité du territoire national et l'unicité du pays''. L'heure est grave, le pays va mal, très mal. L'école, la cherté de la vie...les bandits armés qui multiplient leurs forfaits loin de leur base arrière, venant jusqu'en 4e région, à Diabaly.

    Quel culot ! Bahanga a décidé que notre pays ne connaîtra plus de repos et pousse l'insolence jusqu'à affirmer qu'il n'a rien ‘'à cirer dans la zone office''. Alors que, au même moment, son bras droit et porte-parole, Ag Hama, soutient le contraire. Allant jusqu'à fanfaronner qu'il n'a peur de rien et ne serait plus loin de prendre le contrôle du pays tout entier. Marcher sur Bamako ne serait pas du domaine de l'impossible pour lui et ses hommes. C'est écrit dans le plus récent numéro de Jeune Afrique. Lui et ses hommes ou lui et ses mentors ?

    Face à l'enlisement de la crise le président Amadou Toumani, à notre avis, a eu la très bonne lecture de la situation lorsque, à Niono et après son passage à Diabaly plus précisément, il dénonçait l'amalgame dont usent les bandits armés comme stratégie de combat. ‘'Foutre le bordel un peu partout'' c'est aussi une façon de faire passer dans l'opinion l'idée selon laquelle ils sont en mesure de frapper un peu partout sur le territoire. Ils pourraient ainsi braquer les maliens les uns contre les autres.

    Le président ATT ne va pas par quatre chemins parce qu'il sait désormais ce que veulent Bahanga et consorts. C'est un peu la raison de l'exercice d'explication et de rappel à laquelle il s'est prêté. «Ils ont attaqué Diabaly pour deux raisons : créer l'amalgame et nous diviser en faisant en sorte que la population blan­che et la population noire se chamaillent. Ils veulent nous mettre dos à dos et créer la zi­zanie entre nous. Cela, il ne faut pas l'accepter.

    Le Mali est UN et INDIVISI­BLE conformément à sa de­vise: UN PEUPLE, UN BUT, UNE FOI. Faites attention à cet amalgame qu'ils essaient de créer au sein de nos popula­tions. Parce que la commu­nauté arabe et touarègue, dans sa plus grande majorité, a re­fusé de suivre ces aventuriers. Puisqu'ils ont échoué auprès des communautés touarègues et arabes, maintenant ils se di­sent : ‘'autant faire de la provo­cation et créer des troubles au sein de la population noire. Dans ces conditions, si elle se sent indisposée et atteinte de doute, c'est eux (leurs frères restés attachés au pays) qui vont nous rejoindre''.

    L'unité nationale et l'intégrité territoriale... ni discutables ni né­gociables...

    On me dit souvent qu'on veut le développement. Des fois, on me parle de la paix. Depuis quand avons-nous fait la paix ? Depuis 1992 avec le «Pacte national». Ce jour, j'étais là... On me parle de la paix. Je suis acquis à la paix, je m'investis pour la paix et j'étais là le 4 juillet pour négocier, pour expliquer et vous faire accep­ter la paix à travers ce qu'on appelle les «Accords d'Al­ger».

    Nous avons dit qu'au Mali tout est négociable, sauf deux choses: l'unité nationale et l'intégrité territoriale. Celles-ci ne sont ni discutables ni né­gociables. Il n'en est pas ques­tion et il n'en sera pas ques­tion. Au-delà, tout le reste, c'est du verbiage. Si vous voulez discuter interminable­ment sur d'autres choses, as­seyez-vous et parlons-en !

    Nous sommes convenus tout dernièrement sur ce qui con­vient d'appeler le «Protocole d'entente de Tripoli». A Tri­poli, il n'y avait que deux choses à discuter :

    C'était le cessez-le-feu et la libération des otages qui est une action humanitaire qui n'est pas liée aux Accords d'Alger.

    En effet, nous avons dit que l'Accord d'Alger reste le seul et unique cadre de dialogue et de négociation. Et ceux qui se mettent en dehors de cet Ac­cord se mettent en dehors du Mali, donc se mettent hors la loi. Alors, nous allons les combattre avec toutes les conséquences qui vont en ré­sulter.

    Aujourd'hui, dans nos ré­gions, une grande partie de nos unités de défense et de sécurité sont commandées par des offi­ciers touaregs et arabes. Donc nous n'accepterons pas l'amal­game. N'acceptons pas qu'au niveau de nos villes qu'on nous fasse accepter une autre guerre dont nous n'avons pas besoin. Pendant des décennies et des siècles nous avons bâti une Nation et une communauté unies vivant en harmonie. Il nous faut préserver cette Na­tion. »

    C'est vrai que tout le monde voit midi à sa porte. On peut se tromper d'appréciation mais le crime serait de persister dans l'erreur. ‘'L'unité nationale et l'intégrité territoriale... ni discutables ni né­gociables...'' Nous ne doutons pas un seul instant qu'ATT y croit. A notre avis, tous les Maliens devraient s'engager plus que jamais à éteindre le feu. Toute la classe politique, à commencer par ses amis d'avril 2007, devrait s'y atteler en priorité, au lieu de fourbir les armes pour les élections de 2012. Car, il ne faut pas - et ce dans l'intérêt de tout le monde - que la situation se dégrade davantage. Dans le pire des cas même 2009 risque d'être trop tard, a fortiori 2012.

    On comprend alors pourquoi le président appelle à l'unité de tous derrière les forces de défense du territoire national. Notre armée, s'est - il convaincu, a plus besoin de notre attention à tous, de notre soutien à tous, mais nullement de critiques stériles «Comme je dis souvent, au lieu de critiquer inutilement l'armée, il faut la soutenir. Nous avons des hommes et des femmes au Nord du Mali, à 50° à l'ombre, qui se battent. Soutenez-les. C'est notre armée. C'est grâce à elle que nous ne connaissons pas l'avancée de certaines conséquences des attaques de ces bandits armés. Il faut soutenir notre armée.

    Il faut que le Mali parle d'une seule voix. Le problème du Nord Mali n'est pas un pro­blème politicien. Si je dis politicien, ce n'est pas dans le sens positif mais il s'agit du sens négatif. C'est tous les Maliens, ensemble dans l'unité et dans la cohésion nationale, qui doivent s'asseoir pour trouver une solution à cette situation. C'est ce que je souhaite en tout cas pour mon pays. Dans le cas contraire, elle sera autrement, si autrement s'impose en nous. Je voudrais donc vous saluer et vous remercier pour vos bé­nédictions pour que la paix s'installe au Mali »

    Une main tendue à l'opposition nationale pour un débat franc et constructif ?

    Le président de la république semble souffrir plus de l'isolement dans lequel ses propres amis politiques le confinent plus que l'animosité d'une opposition qui, elle, ne demande qu'à être consultée ou impliquée sur les grandes questions de l'heure : la cherté de la vie, l'école et sans doute la crise du nord. Ce n'est pas trop et ATT semble résolument partir dans ce sens. L'appel de Niono en tout cas l'atteste à suffisance. IBK et les siens prendront - ils la balle au rebond ?

    Sory Haïdara

    Le challenger du 19 mai 2008
    Source: lemali.fr

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