• Echauffourées entre policiers et militants de l’opposition lors du procès d'un activiste anti-référendum à Niamey

    APA-Niamey(Niger) 
    Le procès de l’activiste anti-référendum Marou Amadou inculpé de « propos ethnicistes et atteinte à la sûreté de l’Etat » s’est transformé en de violentes échauffourées entre forces de l’ordre et une foule de militants, devant le Palais de justice de Niamey, a constaté APA.

    Près de 3000 personnes se sont massées tôt dans la matinée de mardi devant le bâtiment du tribunal de grande instance de Niamey, où devait se tenir le procès de Marou Amadou, président du Front uni pour la sauvegarde des acquis démocratiques (FUSAD), coalition d’une vingtaine d’Ong et syndicats

    Le prévenu a été interpellé lundi, au lendemain d’une déclaration demandant la démission du Président Mamadou Tandja.

    « Il y a eu une violence gratuite (…) cela révèle le caractère dictatorial de ce régime » a indiqué à APA Mohamed Bazoum, le vice-Président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), chef de file de l’opposition.

    Selon plusieurs témoignages recueillis par APA, de nombreux militants de l'opposition politique ainsi que des activistes ont été violentés et arrêtés par la police, qui a usé de lacrymogènes pour disperser la foule de militants, qui scandaient des slogans favorables à la libération du président du FUSAD.

    Les éclats de gaz lacrymogène qui ont envahi la cour du Palais de justice ainsi que la salle d’audience ont amené le juge a suspendre la séance, a constaté APA.

    Conduit dans les locaux de la police judiciaire (PJ), M.Amadou a été présenté devant un juge qui l’a inculpé « d’atteinte à la sûreté de l’Etat ».

    Le FUSAD se bat depuis quelques mois contre une prolongation du mandat du Président Tandja (71 ans), au pouvoir depuis 1999, mais qui veut rester dans ses fonctions justifiant son projet par les « incessants appels » lancés par le peuple pour lui permettre d’achever certains « chantiers ».

    Selon le Front, la Cour constitutionnelle et le parlement successivement dissout par le Président Tandja, en raison de leur opposition au projet référendaire « restent et demeurent », ce qui selon lui requiert le lancement d’un « état de mobilisation générale et permanente » pour se « désolidariser » du pourvor de Niamey.

    Rapporteur général démissionnaire de la Commission électorale nationale, M. Amadou a déjà été arrêté en début juillet dernier avant de bénéficier d’une liberté provisoire après avoir été inculpé de « complot contre l’autorité de l’Etat et provocation à la désobéissance de l’armée ».

    Le référendum controversé voulu par le Président Tandja a recueilli à 92,5 pour cent le « oui » en faveur de l’adoption d’un projet de constitution devant permettre la prolongation du mandat de celui-ci à la tête du Niger.

    La nouvelle constitution permettra au Chef de l’Etat de rempiler dans ses fonctions présidentielles jusqu’en 2012, alors qu’il devait se retirer du pouvoir au terme de son deuxième quinquennat qui expire le 22 décembre, selon la Constitution actuelle.

    M.Tandja justifie ses desseins par les « incessants appels du peuple » qui lui réclamaient de parachever divers « chantiers » pour le développement du Niger, en dépit de la pression internationale qui condamne ce scrutin, convoqué contre l’avis de la Cour constitutionnelle.

    « On est en train de vouloir que je recule (…) parce que l’opinion internationale veut que je le fasse, mais je ne le ferai jamais », a-t-il affirmé, ajoutant que « si le oui l’emporte je suis retenu (…) et si le non passe, je suis libéré », au lendemain d’une rencontre qu’il avait eue avec une mission conjointe des Nations Unies, de l’Union africaine et de la CEDEAO.

    Cette mission avait exprimé à Niamey les « vives préoccupations » de la communauté internationale sur la situation politique au Niger, après avoir rencontré le Président Tandja et des responsables des partis politiques et associations du pays.

    Après les condamnations de Paris, Washington, Ottawa et Berne, l’Union européenne, qui a déjà exprimé sa « plus vive préoccupation », a décidé de bloquer le versement de ses aides destinées aux dépenses de l’Etat nigérien.

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