• Dakar, magie d'un concept extrapolé

    Je me souviens de mon premier "Dakar". C'était ... le premier, hiver 1978-79. Je le suivais par bribes à la radio - on était (très) loin du net-. Quelques images à la télé, en noir et blanc.

    Les premiers exploits de Cyril Neveu sur sa XT 500...la même moto que papa! Un détail qui a son importance. Un processus d'identification clé dans la réussite d'un sport mécanique. 30 ans plus tard, l'épreuve crée toujours l'événement. Et c'est bien, c'est même très bien qu'elle n'ait pas changé de nom en s'aventurant de l'autre côté de l'océan. Car le concept "Dakar", c'est le trait de génie de son créateur, Thierry Sabine. Une idée qui lui est venue en 1976 lorsqu'il se perdit en plein désert du "Ténéré" au rallye "Côte-Côte" (Côte d'Azur-Côte d'Ivoire, l'ancêtre du Dakar). Une épreuve au soleil, en janvier, lorsque la trêve sportive bat son plein. Une aventure où professionnels et amateurs se côtoient derrière la même ligne de départ.

    Cependant, Thierry Sabine n'a rien inventé! C'est un garçon cultivé, ouvert sur le monde, qui a poussé un concept existant à son maximum. Ce concept de courses dans le désert mêlant fines lames et petits couteaux existait déjà dans les années 60 en Californie et au Mexique. Je ne saurais trop vous recommander le film culte "On any sunday, challenge one" ("chaque dimanche, défi numéro 1") où l'on perçoit les prémices du Dakar dans des courses où s'affrontent le professionnel Malcolm Smith, le fermier du coin et l'acteur Steve McQueen. Un film-documentaire nominé aux Oscars qui a "exporté" le concept "tout-terrain" en Europe à une époque où on ne réglementait pas tout sur tout!

    Janvier 2009, je ressens toujours la même curiosité. Et encore plus cette année! L'Argentine et le Chili vont nous faire rêver, ouvrant leurs pistes (et pas leurs réserves naturelles, c'est très important!), leurs pistes et leurs paysages grandioses aux pros/amateurs du Dakar. La Patagonie et ses grandes étendues. La Cordillère des Andes et ses pistes à plus de 3000 mètres d'altitude. Le désert d'Atacama et son sable chaud (donc peu porteur). On annonce 45 degrés. C'est l'été  là-bas. Les congés scolaires sont programmés dès le 15 janvier. Il va y avoir du monde. Beaucoup de spectateurs, contrairement aux Dakar en Afrique. Ce Dakar n'en sera que plus difficile à gérer. Et si j'étais le team manager de l'espagnol Carlos Sainz (véritable héros là-bas), je lui flanquerais deux gardes du corps. Sans hésitation! D'autant plus que les bivouacs se feront aux portes des villes, dans des gares ou des casernes.

    Les spécialistes qui se sont rendus sur place annoncent du brouillard jusque très tard dans la matinée (problèmes pour les hélicos, retard dans l'organisation). En altitude, il faudra sucer des feuilles de coca... pour garder le cap. Dans les plaines, il faudra jongler avec les crevaisons car les cailloux sont très tranchants et les épines grosses comme un doigt! Les pistes seront ouvertes à la circulation. Le danger sera partout. La vigilance sera l'une des qualités du dakariste de tête. Vigilance à savamment doser avec l'audace. Car les pistes sont étroites et les dépassements seront audacieux... ou ne seront pas! Gare au "Hummer" de Gordon dans les rétros!

    Ce Dakar en Amérique du Sud n'est pas un Dakar au rabais. Thierry Sabine l'avait annoncé dès le début des années 80: "je pense que dans un certain nombre d'années, il faudra complètement modifier l'esprit du Dakar parce qu'on aura tout fait. Et pour garder une certaine honnêteté vis-à-vis des concurrents et vis-à-vis de soi-même, il faudra peut-être même tout changer!".

    Gérald Wéry

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