• AVIS AUX DESPOTES EN PUISSANCE : Tandja, allez oust !

    Mamadou Tandja voulait le pouvoir et son prestige, le Niger à zéro franc. Il a eu ce qu’il méritait : une place au fond d’une cellule. 

    Le petit colonel prétentieux de Niamey s’est fait déculotter par plus courageux et plus démocrates que lui. L’armée nigérienne vient d’administrer une leçon de bonne gouvernance aux apprentis Machiavels d’Afrique. Il est absolument interdit de rigoler.

    Mamadou Tandja, venu au pouvoir par la force des urnes, en a été chassé par les armes. Voilà donc, une fois de plus, un de ces potentats de la pauvre Afrique qui n’a pas compris que le Niger a d’autres dignes fils capables d’assumer les commandes de la nation. Tandja a eu dix ans pour démontrer aux Nigériens ce dont il était capable. 

    Ce fut dix ans de famine à répétition, de bâillonnement de libertés, de harcèlement, d’enrichissement sans cause. Oui, Mamadou Tandja est arrivé au moins à payer les rachitiques salaires des fonctionnaires et à "mâter" l’embryon de rébellion touareg. Mais, pour lui, dix ans, ce n’était pas suffisant. 

    Il avait encore besoin de trois ans pour parachever, selon ses laudateurs et hagiographes, son "œuvre de construction nationale". Beurk ! Il aura certes ses trois ans, mais… au cachot, entre quatre murs, avec un numéro de matricule de prisonnier. Bien fait ! 

    On entend déjà geindre les donneurs de leçon et autres impénitents de l’ordre démocratique : Nous ne pouvons pas approuver un coup d’Etat ! C’est illégal ! C’est contraire aux valeurs démocratiques ! Et patati et patata ! Ouach ! Que ça fait mal de se faire botter l’arrière-train pour sortir du palais présidentiel ! 

    On entend déjà les donneurs de leçon qui sont restés muets quand Tandja, César et Napoléon, imbu de sa personne, arrogant et orgueilleux, tapait du poing sur la table et jurait de mettre au pas les persifleurs : soumettez-vous ou ce sera l’enfer sur vos têtes. 

    Tandja l’omnipotent, aveuglé par les ors de la République, vieillard dédaigneux de la bienséance qui tançait à tour de bras les chancelleries occidentales qui refusaient de cautionner son tripatouillage constitutionnel. 

    On entend de solides experts de la chose politique accuser l’entourage de Tandja de l’avoir perdu. La chanson est connue : "Tandja voulait partir, mais ce sont les vampires et sangsues autour de lui qui réclamaient encore son maintien car ils n’avaient pas assez sucé le sang des Nigériens. Ils n’étaient pas repus et tralala…" 

    Vieille fumisterie sur le thème : "le chef est bon, mais son entourage est mauvais". Que des balivernes éculées ! Tandja voulait ce pouvoir quitte à y laisser son honneur, sa dignité et sa vie. L’ex-Premier ministre canadien, Jean Chrétien, disait en résumé : "Le pouvoir est pire que la cocaïne ; quand tout le monde passe son temps à te dire 'oui, oui' tu finis par devenir con !" Je ne collerai pas ce qualificatif à Mamadou Tandja, mais plusieurs comme moi commençaient à douter de l’équilibre mental de ce grincheux autocrate. 

    Tandja est le seul artisan de son malheur, de sa déchéance. L’équation était toute simple : un mandat, deux mandats et au revoir. Dans l’honneur et la dignité, couvert de respect et probable médiateur des milliers de conflits à travers l’agitée Afrique. En lieu et place, il a choisi la confrontation et le déshonneur, pour finir au fond d’un cachot. 

    Et sur ce chemin tortueux, il a entraîné avec lui une dizaine de gardes du corps. Morts pour rien ! Ils n’avaient pas compris qu’il fallait des Brutus pour des César agonisants. Ils avaient juste à ranger leurs armes et conclure sans effusion de sang cette sinistre saga. 

    Tandja outed ! diraient les Anglais. 

    Vivement que les autres comprennent la leçon ! 


    Les Echos 23 février 2010 
    Editiosn Jamana Bamako 
    Ousmane Sow(journaliste, Montréal) 
    « Comment Tandja a été renverséNIGER : Que faire de Tandja ? »
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