• ATTAQUE REBELLE AU MALI: les conséquences d'un faux dialogue

    ATTAQUE REBELLE AU MALI: les conséquences d'un faux dialogue
    Les rebelles touaregs font preuve d'une agressivité et d'une hardiesse qui laissent croire qu'ils sont sûrs de leur force. Ils effectuent des harcèlements réguliers dont les conséquences sont désastreuses pour les forces armées régulières. Les morts et les otages se comptent par dizaines, des armes et des véhicules sont emportés.

    Qu'une rébellion inflige de telles pertes à une armée de professionnels suscite des interrogations: d'où leur vient cette assurance aux rebelles touregs, qui leur permet d'attaquer les forces maliennes quand ils veulent et de se replier dans leurs bases sans grands dommages? Un mystère continue donc d'entourer la force de frappe dont la rébellion s'est dotée et qui lui permet non seulement de tenir tête aux militaires loyalistes, mais aussi de lancer des offensives meurtrières.

    Sans base arrière sûre, sans sources d'approvisionnement régulier en armes et vivres, sans renseignements stratégiques fiables, on ne peut pas mener une rébellion en plein désert. Or Ibrahim Ag Banga et ses hommes semblent avoir tous ces moyens, ce qui leur permet de défier l'autorité de l'Etat. Car il ne s'agit rien d'autre, dans le cas d'espèce, que de la remise en cause de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Etat malien. En occupant une portion du territoire qu'ils veulent débarrasser de toute présence des symboles de l'Etat, les rebelles font de l'irrédentisme.

    Cette situation rend bien sûr hypothétique le succès des différentes médiations en cours. Car le président Amadou Toumani Touré a beau être un défenseur acharné de la paix, il ne demeure pas moins un homme de principe. Tout chef d'Etat démocratiquement élu aspire à exercer son mandat dans la paix, seul gage de sa réussite. Militaire et républicain à la fois, on comprend donc qu'il ne transige pas sur une question aussi fondamentale que l'unité de la nation. S'il est prêt à discuter avec les rebelles de leur intégration politique, économique et sociale et du développement de leur région, il n'est sans doute pas enclin à accepter qu'un pouce du territoire soit sous leur contrôle.

    C'est pourquoi il continue de déployer les forces armées dans la zone de conflit, en dépit des protestations rebelles et c'est pourquoi les escarmouches ont lieu régulièrement. La complexité du dossier malien réside sans doute en cette ambivalence de la rébellion qui, tout en prônant le dialogue, en affichant des revendications apparemment anodines et normales, continue de tenir les armes, de tuer et de s'ériger en un Etat dans l'Etat.

    En somme, les Touaregs tiennent un double langage qui complique la tâche et du pouvoir malien et des médiateurs. De sorte que depuis plusieurs mois, aucune perspective de paix ne pointe à l'horizon. Les médiateurs algériens et libyens, en entretenant une querelle de leadership , ont davantage emmêlé l'écheveau et empêché une plus grande visibilité dans les négociations. Le rôle de ses deux voisins du Mali dans la crise touarègue est d'ailleurs ambigu. Avec les moyens militaires dont ils disposent, ils auraient pu aider le gouvernement malien à mater la rébellion.

    Mais ils ont opté pour des processus interminables de dialogue qui, non seulement donnent une légitimité à la rébellion, mais aussi retardent l'avènement de la paix. La négociation, en soi, n'est pas une mauvaise option. Les bruits de bottes n'apportent que désolation et ruines en empêchant toute possibilité de développement. Qui alors a intérêt à voir la marche du Mali vers le progrès, s'interrompre? Car on l'a toujours dit, les moyens dont disposent les rebelles ne sont pas tombés du ciel. Il y a forcément une main extérieure qui, par le biais de ces troubles, espère arriver à ses fins. Il est des forces obscures qui convoitent certainement les potentialités géologiques dont regorgerait le sous-sol de cette partie du Mali. C'est en cela que le conflit prend toute une dimension géostratégique.

    L'éclatement de la rébellion malienne, au moment où la présence de pétrole et d'uranium est confirmée, pourrait ne pas être un fait du hasard. Partout dans le monde, de nombreux exemples montrent comment des rébellions peuvent être instrumentalisées pour entretenir la chienlit dans des régions à forte odeur de pétrole notamment. Si les Touaregs maliens avaient le souci de la paix et de l'unité nationale, ils auraient sans doute signé depuis longtemps un vrai accord de paix avec les autorités. Mais la surenchère permanente peut laisser planer des doutes sur leur véritable dessein.

    Les médiateurs ne font rien non plus pour inspirer entièrement confiance. On se demande s'ils sont sincères dans leur rôle d'arbitres. Tout compte fait, le gouvernement malien se trouve face à un problème cornélien: il doit débarrasser le Nord de l'insécurité et de l'occupation, au besoin par la force, dans un contexte d'hostilité rebelle et de convoitise de certains de ses voisins, pour exploiter les richesses dont il regorge. ATT s'en sortira-t-il seul face à des enjeux aussi énormes? Là est la question du mode de règlement le plus efficace du conflit, après tant d'échecs.
    source: Africatime(Le Pays)
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