• 9e édition du festival au désert : Ambiances musicales entre nuits glaciales et dunes de sable

    Essakane, dans le désert malien, situé à environ 80 km au Sud de Tombouctou, a abrité du 8 au 10 janvier 2009, la 9e édition du Festival au désert. Il a permis à des milliers de festivaliers, venus du monde entier, de communier autour d’un cocktail musical explosif, entre les dunes de sable. Malgré une situation préoccupante dans le grand nord du pays, marquée par la rébellion touarègue.

    La rébellion touarègue dans le grand Nord du Mali, n’aura pas empêcher la tenue de la IXe édition du Festival au désert, du 8 au 10 janvier dernier à Essakane, au Sud de Tombouctou. Et même si certaines chancelleries occidentales ont fortement découragé leurs ressortissants à effectuer le déplacement du Mali, le festival a réussi le pari de servir des spectacles, riches en couleur, en son et lumière dans un endroit de rêve : le désert. Il a été aussi et surtout, un moment de rencontres, d’échange, de brassage de milliers de festivaliers, venus d’Amérique, de France, de Belgique, de Grande Bretagne, de la Suisse, du Niger, du Cap-Vert, de l’Afrique du Sud, du Maroc, de la Mauritanie, du Sénégal, du Burkina…

    Rencontre des musiques du monde

    Au milieu des nuits glaciales du désert, les Noirs, Blancs, Métis…nomades et sédentaires ont chanté, dansé, fraternisé autour d’un plateau musical riche, à travers une sono impéccable. Les groupes musicaux traditionnels touaregs, tel "Tamnana", à travers une rythmique lente de la musique servie et l’accoutrement des chanteurs a permis de découvrir ou redécouvrir un pan de la riche culture tamacheq. Et comme pour dire qu’il faut faire la fête et pas la guerre, l’orchestre de Takoba, venu de Kidal (bastion de la rébellion), a fait "bouger" plus d’un en servant des sonorités entraînantes basées aussi sur le patrimoine musical tamacheq.

    Une touche lusophone, avec Mario Lucio du Cap-Vert, est venu rappeler que le festival au désert est ouvert à toutes les musiques du monde. Fumtugol, venu du Burkina Faso, a fait sensation à travers la musique peulhe du Sahel burkinabè. Et les dignes héritiers de Ali Farka Touré ont ressuscité le bluesman décédé et qui a occupé la scène de ce même festival. Vieux Farka a démontré qu’il était le fils de son père. Et Bassékou Kouyaté, qui a longtemps évolué sous la coupe du monumental Ali Farka Touré et du "grand" Toumani Diabaté, a épaté le public multicolore d’Essakane par sa grande maîtrise du n’goni (guitare traditionnelle).

    Et quand apparaît l’immense Salif Kéïta, sur la scène, le froid est vite oublié. L’enfant du pays, dans une forme détonante, a servi un spectacle époustouflant à travers plusieurs de ses titres à succès. Manny Amsar, le promoteur du festival et ami de Salif, a eu les larmes au yeux quand la star a entonné son titre à succès : "Mandjoui", réclamé par le public. "J’ai déjà suivi son concert à Milan, mais, il ne s’était pas donné comme ce soir", confie Marta Aminco, une free lance italienne. Et Paul Chandler, producteur américain de musique, basé à Bamako, de relever. "J’ai vu Salif Kéïta près de 20 fois en concert, mais c’est la première fois que je le vois bouger autant sur scène".

    L’appel "aux frères égarés de Kidal..."

    Côté officiel, les différents intervenants ont tous salué la tenue du Festival au désert, "rencontre de communion, présence multiculturelle, lieu de croisement de tous les dynamismes...". Pour le député de Goundam, Oumar Beli Touré, il s’agit au-delà du festival, de promouvoir la magie du désert et ses hommes bleus. Et d’indiquer "Notre attachement à l’unité de la République, à la stabilité, aux tâches de développement". Dans cette dynamique, il a lancé un appel aux "frères égarés de Kidal" afin qu’ils reviennent à la raison.

    Le gouverneur de la région de Tombouctou, le colonel Mamadou Mangara, voit à travers ce festival, une porte ouverte sur l’écotourisme malien, mal connu.

    Et un vecteur de promotion du désert malien et surtout de Tombouctou, la vieille cité historique africaine, la perle du désert, inscrite au patrimoine mondial depuis 1988. Et le ministre malien de l’Artisanat et du Tourisme, N’Diagne Ba, de saluer ce rendez-vous entre la musique et le désert, et qui s’est imposé sur le plan international.

    Gabriel SAMA,
    Envoyé spécial à Tombouctou

    Sidwaya

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